Nicolas Sarkozy n’a pas convaincu les français. Et pour cause, il s’est plus préoccupé de son avenir que de celui de la France et du sort de nos concitoyens. Il a, à plusieurs reprises, insisté sur la difficulté de sa tâche et de sa situation, négligeant en revanche d’évoquer les graves problèmes que vivent chaque jour des centaines de milliers de foyers. Il vit dans sa bulle indifférent au plus grand nombre.
Sarkozy reprend l’offensive idéologique de droite pour souder son camp, il annonce une attention particulière à ce qu’il considère comme sa clientèle électorale, à savoir les plus âgés, les agriculteurs, les médecins. Le tout sans propositions précises, si ce n’est le leitmotiv de la baisse d’impôt qui paraît bien difficile à défendre tant au regard de la justice sociale mais aussi de la capacité à répondre aux défis énoncés, singulièrement celui de la dépendance !
Coté idéologique, c’est le triomphe de la ligne Fillon, Lagarde et l’abandon de toutes références à la vision de Guaino, plus volontariste, plus étatiste…On a droit aux bonnes vieilles thèses de la droite : la défiance contre les impôts, la légitimité des inégalités - il faut que les riches fortunes restent en France-, la réduction du nombre de fonctionnaires, une certaine idée du travail - travailler plus et non travailler tous !-,l’acceptation de la concurrence sans règle et sans freins -baissons les prélèvements, et bientôt les salaires pour faire face à la mondialisation-!
Nicolas Sarkozy a l’œil rivé sur les agences de notations devenues, elles aussi les nouveaux maitres du monde, alors qu’elles se sont chroniquement et lourdement trompées. Les moulinets d’hier sur la régulation financière, prônant la suppression des paradis fiscaux, l’encadrement des bonus des traders mais aussi de la création d’agences publiques de notation, ont fait long feu. Nicolas Sarkozy qui annonçait que « demain ne serait plus comme hier », repart tête baissée dans la logique du capitalisme financier et n’a qu’une seule préoccupation céder aux diktats de ces faiseurs de pluie et de beau temps pour éviter leur décote. Il n’a d’ailleurs rien dit sur la situation de l’économie réelle, sur les capacités productives du pays, sur la croissance verte et surtout sur l’emploi. Parler d’emploi et la seule façon sérieuse de parler du travail, le vrai, et pas du mythe de la « valeur travail ». La sortie de crise, vue par Sarkozy, c’est retour à la case départ en plus libéral, avec moins de protection et de redistribution !
De ce point de vue, ses propos sur les acquis sociaux sont consternants. Il défend son bouclier fiscal et tous les privilèges qui ont d’ailleurs consacré un redoutable accroissement des inégalités et essaie de faire croire que le recul des conditions sociales des couches populaires est normal, supportable, indispensable pour notre « compétitivité». C’est mal connaitre notre peuple qui a un amour particulier de l’égalité. Comment ne pas s’en souvenir en ce jour du 14 juillet ?
Enfin, le Président de la République nous joue-nous rejoue- un numéro très prisé par les élites de ce pays : le dénigrement de la France. Ils contestent le « modèle français » qu’il s’agisse de ses fondamentaux républicains ou de son modèle social, en particulier celui né du Conseil National de la Résistance. Au motif d’entrer de plein pied dans la mondialisation, Sarkozy, comme trop de dirigeants, ne voit qu’une méthode, nous aligner sur les autres. D’abord les américains…. Souvenons-nous ses plaidoyers en faveur des crédits hypothécaires, par exemple. Il a eu sa phase britannique et le voilà à vanter les efforts des allemands ! C’est absurde et dangereux. Passons sur les fausses affirmations, comparant, en notre défaveur, la situation de la France et celles d’autres pays.
Mais, la France ne pourra pas trouver une place majeure dans le monde en se coulant dans un moule fait pour assurer la domination des gagnants d’aujourd’hui et dans une logique qui nie son génie propre, ses valeurs, l’attente de son peuple. C’est une voie singulière, ouverte sur le monde, mais différente du libre échange généralisé, de l’abaissement des standards sociaux, de la rémunération sans cesse plus forte du capital face au travail, de la compétition et de l’individualisme égoïste que notre pays attend et qui peut assurer notre avenir..
Et oui, il y a tant de bastilles à prendre et toujours une grande actualité à la devise : « liberté égalité fraternité »