Manuel Valls croit se construire une image en faisant, une fois de plus, appel à cette fameuse triangulation qui est censé avoir assuré la victoire d’un Clinton, d’un Tony Blair. La stratégie est bien connue: prendre les idées de la droite, ses mots, son idéologie, les thèses libérales, les présenter comme facteurs de modernité, comme inéluctables et faire croire qu’une pincée de solidarité, d’actions ciblées en faveur des plus démunis pourra humaniser le système !!! Tout cela a fait long feu. On le sait désormais et ce genre de posture ne convainc plus personne. En tout cas à gauche et dans les couches populaires !
Il reprend des formules maintes fois entendues, en particulier par les prétendus modernistes du PS : « il faut abandonner les tabous du passé ! ». Que ne l’a-t-on entendu ce genre d’inepties, dans la fin des années 70 pour refuser l’union de la gauche et contester la stratégie de F Mitterrand. N’en déplaise à ces bons esprits, il est le seul à avoir permis la victoire de la gauche et à avoir engagé des réformes majeures qui mettent encore des millions de gens dans la rue pour les défendre !
La rhétorique était déjà le même : prendre les arguments de Giscard pour disqualifier la gauche, faire croire que l’avenir était au centre, et bla et bla et bla… une rhétorique du passée.
Les spin-docteurs de Manuel Valls sont toujours les mêmes, déjà présents dans les années 80 (même jeunes), pour accompagner ces dérives. Ils répètent à tous leurs clients le même genre d’évidences et ils ont tous poussé de nombreux dirigeants socialistes à des positions qui sont apparues comme autant d’abandons et de renoncements. Lionel Jospin, dont l’actuel maire d’Evry était le conseiller en communication, en a fait les frais ! Entre « l’Etat ne peut pas tout », « mon programme n’est pas socialiste », on voit le bien fondé de ce genre de conseils ! On se souvient aussi des campagnes désastreuses, et toute perdues, menées sous l’égide de ce chantre de la communication « moderne ». La plus marquante a été, celle des élections européennes où Michel Rocard a connu une véritable débâcle en 1994, au point de devoir quitter la direction du PS et toute perspective de candidature présidentielle. Manuel Valls en était le grand organisateur.
Aussi peut-on qualifier ceux qui ont promu ces méthodes, cette ligne politique d’hommes du passif.
Le passif, c’est aussi redonner à chaque fois qu’on prend la parole, la main à la droite, en lui permettant de se ressouder autour de ses réflexes idéologiques. C’est tenter de diviser la gauche. En l’occurrence, c’est raté. Car là aussi Manuel Valls a un métro de retard ! Les seuls soutiens, qu’ils trouvent aujourd’hui, sont les amis de Jean-François Coppé, la présidente du MEDEF mais à gauche personne ! Personne n’a l’intention de sauter à pieds joints dans ce piège et dans cette position de recul social. Car chacun l’a bien compris, toute remise en cause des 35H revient à réduire le salaire de ceux qui font actuellement des heures supplémentaires ou à faire travailler plus les autres sans la moindre rémunération supplémentaire ! Le plus dramatique de cette affaire est qu’elle permet à Sarkozy de faire un grand numéro de « je veillerai à ce que le pouvoir d’achat des travailleurs ne soit pas diminué !!! ». Alors qu’on sait ce qu’il en est !
La seule bénéficiaire des prises de position de la Manuel Valls est la droite. C’était déjà le cas avec ces positions pour lever « le tabou » de la retraite à 60 ans, c’est à nouveau vérifié avec la remise en cause des 35H. La réalité est que Valls a basculé idéologiquement à droite avant de basculer politiquement. Car on a déjà vu comment les Kouchner et autre Bockel ont joué ainsi les donneurs de leçons sur le nécessaire « réalisme » avant d’aller à la soupe ! Alors ne faisons pas comme si cela était sans importance, comme si chacun avait le droit de dire n’importe quoi au nom de la « liberté d’expression » et que c’était sans conséquence. Valls ne représente que lui-même et il tente de négocier sa capacité de nuisance : créer la confusion, discréditer son camp, empêcher la clarification du clivage gauche droite, brouiller le message alors même que le PS vient de voter des propositions totalement contraires à ses délires, lors des conventions successives. D’ailleurs ce grand donneur de leçon n’a jamais pris le moindre de risque de soumettre au vote des militants ces positions. Et pour cause !
On connait les dégâts politiques considérables causés par le débauchage et la trahison des ministres dit d’ouverture. Nous ne pouvons pas laisser perdurer ce climat délétère et l’ambigüité. La première chose à faire est de faire voter très rapidement un texte par le Conseil National sur le maintien des 35H, la restauration du droit à la retraite à 60 ans et condamnant toute prise de position publique contraire. Mais au-delà, il faut s’interroger sur cet absurde système de primaires qui plombent complètement la vie politique et l’affirmation de la gauche.
En tout cas, c’est un désastre pour la gauche, car ces bons esprits qui nous ont conduits à tant de défaites et non des moindres pensent, bien abusivement que le peuple de gauche, dans un reflexe pavlovien contre Nicolas Sarkozy, soutiendra ces champions désignés par une foule de gens qui n’auront aucun attachement au PS, à la gauche. Mais, Ils se trompent et même gravement !
Les primaires ont un effet déflagrateur alors même qu’elles ne sont pas consécutives à un travail de rassemblement politique de l’ensemble des forces de gauche et écologistes, à l’établissement des bases d’une plateforme commune qui doit obliger tout candidat… Car on ne peut pas imaginer qu’au grès des caprices de tel ou tel, avec un corps électoral aléatoire (les mêmes sondeurs qui annoncent une forte mobilisation pour les primaires montrent que les sympathisants PS seraient moins de 45%, les centristes et la droite plus du tiers !!!) on puisse jeter par pertes et profits des positions largement partagées à gauche. Alors il faut condamner massivement et clairement les propos et positions de Manuel Valls. Mais cela ne règlera pas l’essentiel, il faut aller plus loin et repartir sur de nouvelles bases, mettre les primaires au réfrigérateur tant qu’un accord politique n’a pas été cherché et trouvé avec les autres forces de gauche et écologistes. C’est ce que les militants ont majoritairement voté par deux fois. C’est ce que nous demandons à Martine Aubry dans le courrier que nous lui avons envoyé avant la fin d’année 2010…