Il faudrait croire au « Miracle de Villepinte » pour imaginer que, tel Saint Paul sur le chemin de Damas, Nicolas Sarkozy a été brutalement converti à une autre Europe et une autre stratégie !
Pour Marie-Noëlle Lienemann, sénatrice socialiste de Paris et ancienne vice-présidente du Parlement européen, l’annonce de Nicolas Sarkozy sur la renégociation des accords de Schengen hier à Villepinte est le symbole du double discours permanent du candidat sortant.
En effet et sauf à croire aux miracles, qui peut porter crédit à Nicolas Sarkozy de vouloir demain réorienter l’Europe dans un sens contraire à celui qu’il a encouragé hier et encore ces derniers jours avec l’accord sur le nouveau traité austérité, dit de « discipline budgétaire » ?
Alors qu’il y a dix jours, Nicolas Sarkozy validait lors du sommet de Bruxelles le nouveau traité qui installe l’Europe dans l’austérité et le libre-échange généralisé, abandonnant au passage une part de notre souveraineté économique et sociale, le voici subitement transformé le temps d’un meeting en pourfendeur du « laissez-faire dévastateur » du libéralisme européen !
Lui qui n’a rien engagé du tout pour le retour de la croissance, le soutien aux politiques industrielles ou encore des règles de protection aux frontières de l’Union européenne croit réussir un énième effet d’annonce sur Schengen plutôt que de s’attaquer au cœur du problème !
C’est lui qui a conforté ce laissez-faire dévastateur en faisant ratifier par le Parlement le traité de Lisbonne (dont le contenu avait été rejeté lors du referendum de 2005) selon lequel « toutes les restrictions aux mouvements de capitaux entre les Etats membres et entre les Etats membres et les pays tiers sont interdites » !
Nicolas Sarkozy, le faire-valoir de Madame Merkel, aura au moins réussi une rupture pendant son quinquennat : celle entre ses actes en tant que Président et sa parole comme candidat !
C’est pourquoi la question principale n’est pas celle de Schengen mais celle de la croissance, de l’emploi, de la politique industrielle et du progrès social. La menace unilatérale doit porter moins sur l’entrée des immigrés que sur le départ des usines et des emplois qui constitue le sujet majeur pour l’avenir de l’Europe et de la France !
C’est pourquoi il est plus qu’urgent d’instaurer un nouveau cadre à l’Union Européenne, qui soit fondé sur des convergences sociales et fiscales vers le haut, sur de nouvelles possibilités d’interventions publiques pour soutenir l’emploi et l’industrie.
C’est pourquoi la seule façon de changer l’orientation des politiques européennes vers la croissance, c’est de voter François Hollande, lequel s’est clairement engagé pour la renégociation du traité Merkozy dit de discipline budgétaire.
Marie-Noëlle Lienemann
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