Cet article, que j'ai écrit avec David Cayla, économiste et Paul Quiles, animateur comme moi du club Gauche Avenir, a été publié dans le quotidien Libération du 12 octobre 2009
"Les banques ont appris qu'elles pouvaient faire n'importe quoi"
Les banques vont mieux, les indices boursiers s’envolent, les bonus continuent à fleurir. Après avoir été au bord du collapsus, le secteur bancaire renoue avec les profits insolents d’il y a quelques années. Aux Etats-Unis, JP Morgan Chase annonce des bénéfices en hausse de 36% au second trimestre, tandis que ceux de Goldman Sachs ont bondi de 90% ! Même la convalescente Citigroup, renflouée à hauteur de 45 milliards de dollars par l'État fédéral américain, affiche un bénéfice net de 4,27 milliards de dollars au deuxième trimestre.
La France n’est pas épargnée par cette avalanche de profits. Il suffit de voir le redressement spectaculaire de la banque du génial Kerviel : en trois mois, la Société Générale est passée d’une perte de 278 millions d’euros au premier trimestre à un bénéfice de 309 millions. Quant à BNP Paribas, devenue première banque européenne après avoir avalé la belge Fortis, elle annonce plus de 3,1 milliards d’euros de profit pour les six premiers mois de l’année 2009.
Si ces profits avaient un lien avec l’activité de l’économie réelle, cela serait une bonne nouvelle. Or, avec un chômage qui augmente (le secteur privé américain a encore détruit plus de 260 000 emplois en septembre), les entreprises n’investissent pas et les ménages étranglés par la dette sont légion. Dans un tel contexte, où les pratiques bancaires n’ont pas changé, il est illusoire d’espérer, comme le fait le gouvernement, un redémarrage du crédit qui serait susceptible de relancer la production et la consommation.
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