Ce matin, une publicité m’a sauté aux yeux dans les couloirs de la gare du Nord : « Scolarité : la clef du succès, la confiance en soi ». Une petite bouffée humaniste dans cet univers de tension, de compétition, d’agressivité…
Eh oui, je ne me résignerai jamais à ces dérives inquiétantes qui nous poussent à écraser, encadrer, juguler, les faibles, les fragiles, ceux qui manifestent, comme dit élégamment Tony Blair des « comportements antisociaux » ( NB entendez-là, les délinquants pauvres, parce que ceux qui se domicilient dans un paradis fiscal ou un chanteur français qui devient Belge pour devenir monégasque et échapper à l’impôt ne constituent pas des comportement anti-sociaaux).
Je ne veux jamais oublier qu’il faut tout à la fois sanctionner et
permettre à chacun de retrouver assez de confiance et de dignité à ses
propres yeux pour s’appuyer sur le meilleur de lui-même et trouver un
autre chemin, positif pour lui et les autres. Trop souvent, la société
et même les institutions n’en ont cure, ne cherchent pas à donner
confiance aux jeunes, aux personnes modestes ou en difficulté, trop
souvent elles les enfoncent, cassant tout ressort dynamique. Pour moi,
tout cela est essentiel et fait sans doute partie de la part d’utopie
de gauche qui ne m’a jamais, pour autant, amenée à l’angélisme. Car le
caïd, ici où là, défendra les mêmes valeurs et les mêmes méthodes que
les plus sinistres des capitalistes, méprisant autrui et les faibles !
Pour autant, il est indispensable de garder toujours en tête
l’équilibre entre ces deux exigences : faire respecter la règle et le
droit, agir pour éduquer et redonner confiance en soi et en la société !
La formule publicitaire m’a touché plus particulièrement, car nous
avons tous vécu ces moments où nos enfants ont des difficultés à
l’école. Faut-il faire une incessante pression sur eux pour qu’ils
travaillent ? Déjà mes arbitrages, et ceux de leur père allaient dans
le sens de cette constatation « il faut leur donner confiance en eux,
sinon rien ne marchera ». Et d’ailleurs, en effet ca marche mieux. En
tout cas, cette affirmation m’a confortée.
Ce soir, la lecture du « Monde » qui relate l’incident à Quimperlé
entre Ségolène Royal et une jeune socialiste me fait bondir. Le titre
du papier est « elle a agi comme une Mère ». Je crois rêver ! Cette
jeune fille au demeurant très polie, qui pose une question politique
très classique, que des commentateurs avertis auraient pu poser, se
voit ouvertement tancée, méprisée avec une mauvaise foi et une
nervosité révélatrice. J’ai eu l’immense bonheur d’avoir une mère qui
n’a jamais cru qu’il fallait me casser, m’humilier, m’abaisser pour me
faire grandir et me convaincre de ses valeurs. Jamais je n’aurais eu ce
comportement de femme jalouse et supérieure avec mes enfants. Et oui il
faut penser à leur donner confiance en eux ! Dans le cas présent, c’est
raté. Alors dire que Ségolène s’est comportée comme une Mère. Non et
non !!!
Je n’ai pu m’empêcher, dans mon for intérieur de penser à ces
déclarations satisfaites sur la démocratie participative qui
emporterait dans un souffle de renouveau et de bonheur partagé la
région Poitou-Charentes et de me dire: « La démocratie participative
c’est bien, à condition qu’on soit d’accord, sinon ca va barder. »
Par comparaison, m’est revenue en mémoire, la façon habile et souvent
convaincante avec laquelle François Mitterrand nous répondait lorsque
j’animais les « Etudiants socialistes ». Dans ces années 70, notre
impertinence était à la hauteur de ces périodes de contestation et
l’affrontement politique était âpre (pour les plus anciens, souvenez
vous du congrès de Metz), mais Mitterrand était complaisant et
compréhensif, sans doute aussi, in fine, plus redoutable et efficace.
Il aimait la jeunesse, la savait rebelle et jugeait nécessaire ses
décalages. Il avait confiance en elle. Il avait aussi la force
tranquille !