Tribune publiée dans l'hebdomadaire Politis
Députées européennes socialistes, Anne Ferreira et Marie-Noëlle
Lienemann* s’inquiètent des reculs du Parlement européen sur les sujets
environ-nementaux. Elles appellent les gouvernements français et
allemand à redonner une plus forte ambition à un texte sur la qualité
de l’air.
Pendant longtemps, l’Europe a été à la pointe du combat pour la défense et la qualité de l’environnement. Elle a accéléré des évolutions et encouragé les prises de conscience. Elle a influencé les États membres qui tardaient, voire rechignaient, à engager des programmes essentiels.
Elle a souvent initié des législations ambitieuses qui ont contraint nos pays à changer leurs politiques publiques. Elle a aussi été la caisse de résonance des alertes écologiques lancées par les scientifiques et les ONG. Enfin, elle a porté sur la scène mondiale l’exigence d’un nouveau mode de développement. Le combat pour la ratification du protocole de Kyoto et la lutte contre l’effet de serre sont largement à son actif.
Il est à craindre que ce temps-là ne soit révolu. L’obsession libérale et financière sape, ou érode, la politique européenne la plus positive, la plus appréciée des Européens. Plusieurs votes récents du Parlement européen témoignent d’une évolution préoccupante. L’Assemblée de Strasbourg, jadis si volontaire en matière d’écologie, se trouve en retrait, depuis quelques années, par rapport aux propositions de la Commission européenne, ou même en recul par rapport aux législations existantes.
L’effet conjugué de l’élargissement et du changement de majorité au Parlement explique en grande partie ce recul. Les nouveaux pays, qui ne bénéficient pas de crédits suffisants de la part de l’Union, éprouvent des difficultés réelles à se mettre aux normes. Les lobbies industriels ont prétexté une crainte de la baisse de compétitivité sur le marché international.
Le résultat est là : le 26 septembre, à Strasbourg, les députés, qui devaient exprimer leur position sur le projet de directive « Qualité de l’air ambiant et air pur pour l’Europe », ont majoritairement choisi d’affaiblir la législation soumise à leur vote. Ce texte, qui ne concerne pas le changement climatique ni les gaz à effet de serre, avait pour objectif de regrouper les législations existant sur la qualité de l’air, et de proposer une nouvelle législation plus ambitieuse. Pour cela, il était nécessaire de limiter la diffusion des micropoussières rejetées par les gaz d’échappement et les installations de combustion, et de s’intéresser aux plus petites, qui n’ont pas encore fait l’objet de réglementation (leur taille variant de 2,5 microns à 10 microns).
En effet, ces particules sont très nocives pour la santé et pour l’environnement. Plus elles sont fines, mieux elles pénètrent dans les poumons, causant ainsi de graves maladies pouvant entraîner jusqu’à la mort. Nous savons désormais que ces pollutions ont un impact important sur la santé de nos concitoyens (la pollution atmosphérique représente plus de 5 % des décès dans l’UE, et ces données risquent de croître, surtout pour les plus fragiles, si des mesures ne sont pas prises). On aurait pu imaginer que des parlementaires s’attachent, d’une part, à conduire nos pays à respecter les niveaux préconisés par l’Organisation mondiale de la santé, et, d’autre part, à accélérer leur mise en oeuvre. Hélas, il n’en fut rien.
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* Membres de la commission environnement, santé et sécurité alimentaire.