Retrouvez ci-dessous mes réponses sur le pouvoir d'achat dans un entretien avec Marianne 2007
C'est promis, si le PS gagne, le Smic passera à 1 500 euros bruts. Reste à savoir quand, une incertitude qui provoque le scepticisme de la CGT et les railleries de la droite. Marie-Noelle Lienemann, députée européenne et vice présidente de la région Pas-de Calais répond aux objections dans cet entretien à Marianne2007.info.
Marianne2007.info : Vous proposez un SMIC à 1 500 euros d'ici 2012, or il atteindra ce montant naturellement par le jeu des revalorisations...
Marie-Noelle Lienemann : C'est faux. Le projet socialiste prévoit un SMIC à 1 500 euros bruts non pas en 2012 mais le plus tôt possible avant la fin de la législature. Il faut savoir que les mécanismes d'indexation ont été modifiés par la droite.
Ils étaient basés sur les salaires moyens, maintenant ils prennent en compte l'inflation. Pour atteindre les 1 500 euros en 2012, il faudrait une inflation de 3,4% par an, ce qui est peu probable.
La CGT et le PCF demandent le Smic à 1 500 euros tout de suite.
On a bien entendu, mais je le répète ce seuil de 1 500 euros sera
atteint en 2012, au plus tard ! Pour montrer notre volonté d'aller le
plus vite possible, Laurent Fabius a proposé 100 euros bruts
d'augmentation pour 2007.
Les 35 heures, qui accréditait idée qu'on pouvait travailler moins en gagnant autant, n'ont-ils pas dévalué la valeur travail ?
Cela fait depuis 1936 que la droite nous accuse de ne pas aimer la «valeur travail». Cette vieille idée, qu'il faut travailler plus pour gagner plus et donc allonger la durée légale du travail est un alibi pour ne pas valoriser les salaires horaires. Ainsi, la majorité a diminué la rémunération des heures supplémentaires en ramenant les majorations de 10% au lieu de 25%. Nous voulons revenir à une majoration de 25% des heures supplémentaires.
Ségolène Royal affirme qu'il y a d'autres priorités que l'augmentation du Smic. Ne craignez vous pas des effets pervers sur le chômage ou une érosion des salaires?
Au début quand on a lancé l'idée du smic à 1 500 euros nous avons été
accusé de démagogie. Les objections étaient nombreuses, notamment cette
idée sous-jacente que ce qui était important c'était l'emploi et pas le
salaire. Il est nécessaire de revaloriser les salaires pour combattre
le phénomène des working-poors. On ne peut pas dire : «pas
d'augmentations de salaires car il faut qu'on mette tout le monde au
boulot». Cela reviendrait à dire que le salaire est l'ennemi de
l'emploi.
Or quand Ségolène Royal dit qu'elle veut baisser les cotisations sur
les salaires, elle fait sienne l'idée que le coût du travail est trop
élevé en France. En réalité, le tassement des salaires est justement
lié à la diminution des cotisations sociales pour les salaires de moins
de 1,5 Smic.
16% des salariés sont au Smic. En augmentant le salaire minimum, il y a un risque d'augmenter le nombre de smicards…
En plus du Smic, nous instaurerons une conférence annuelle salariale.
La hausse du Smic doit entraîner d'autres hausses de salaires notamment
pour les bas et les moyens salaires. Nous voulons asseoir la base des
cotisations sociales sur la valeur ajoutée et plus seulement sur la
base salariale. Aujourd'hui les suppressions et l'allègement des
cotisations ne créent pas d'emploi. Et ce système profite énormément à
de très grandes entreprises comme Carrefour, Casino, Géant, dans la
grande distribution. Ce que propose Fabius c'est qu'on revienne sur ces
allègements de charge et qu'on aide les PME dans l'effort qu'elles
feront pour revaloriser les salaires.
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Combien sur la fiche de paye si la proposition du PS était appliquée ?
Le projet du Parti socialiste prévoit « de porter le Smic à au moins 1
500 euros bruts le plus tôt possible dans la législature.» Aujourd'hui,
un smicard brut à 35 heures percoit 1 254 euros brut, soit 980 euros
net. Avec un Smic à 1 500 euros bruts, les smicards à temps plein
toucheraient 1 173 euros net soit une augmentation de 19,8%.Quant à
l'augmentation proposée par Laurent Fabius, qui ne figure pas dans le
projet du PS, elle équivaudrait à une augmentation de 8% du Smic, soit
6% si l'inflation était de 2% en 2007. Cette hausse de 100 euros bruts
du Smic, se traduirait par un bonus de 78 euros net sur le bulletin de
salaire. Soit un revenu net de 1058 euros pour les smicards promis en
2007, qui serait le plus fort coup de pouce donné au Smic depuis le
début des années 90.
Mercredi 04 Octobre 2006
Propos recueillis par Octave Bonnaud