"Si on ne voit pas le plan B, c'est que les principaux leaders européens et ceux qui dirigent l'Union avaient appelé à voter oui. Il ne faut donc pas compter sur eux pour le trouver ce plan B"
Trois questions à... Marie-Noëlle LIENEMANN
Article publié dans le quotidien La Voix du Nord
Alors que l'Europe fête aujourd'hui les 25 ans du traité de Rome, Marie-Noëlle Lienemann, député européen, membre du parti socialiste européen, est venue animer, vendredi soir, à Longuenesse, un débat sur l'Europe.
Comment va l'Europe?
“L'Europe est en panne car elle a du mal à convaincre ses citoyens. Elle est surtout en panne sur le volet
social et économique. Confrontée à la mondialisation, elle est incapable de protéger ses membres. Elle n'est pas en crise seulement à cause du non français au référendum sur la constitution en 2005. Ce vote est le résultat de la crise que connaît l'Europe depuis un moment, notamment à cause de l'élargissement tous azimuts.”
Vous aviez appelé à voter non à ce référendum. Presque deux ans ont passé et on ne voit toujours pas le fameux “Plan B”. Pourquoi?
“Si on ne voit pas le plan B, c'est que les principaux leaders européens et ceux qui dirigent l'Union avaient appelé à voter oui. Il ne faut donc pas compter sur eux pour le trouver ce plan B. Ce plan consisterait, tout simplement, à changer le rapport de forces entre la Banque centrale européenne (BCE) et le pouvoir politique. La BCE ne peut pas piloter seule, la politique économique et monétaire de l'Europe. Ce plan B prévoit aussi un cadre social protecteur, une convergence sociale dans toute l'Union, notamment des salaires, mais une convergence vers le haut. Il faut arrêter la concurrence entre états et faire stopper le dumping social et fiscal.”
Vous soutenez Ségolène Royal à l'élection présidentielle. Or, elle appelle à un nouveau vote sur la constitution. N'y a-t-il pas là une contradiction ?
“Non. Je ne suis pas hostile au fait qu'on demande une nouvelle fois, son avis au peuple français sur la constitution. Mais il faut que ça se passe par référendum et non pas par voie parlementaire. Mais, si on doit revoter, il faut que l'on applique au préalable les volets politiques et sociaux que je viens d'évoquer. Sinon, le résultat sera identique. Depuis que Jacques Chirac est au pouvoir, la France n'a pas de stratégie au niveau européen.”
PROPOS RECUEILLIS PAR HERVÉ VAUGHAN