Compte rendu réalisé par le blog lésislatives 50
Dans le cadre des élections
présidentielles, après Jean le Garrec, la section du Parti Socialiste
avait invité samedi 31 mars une nouvelle fois un ancien ministre, mais
parité oblige, de sexe féminin : Marie-Noelle Lienemann.
Après une
inauguration de la permanence du Parti Socialiste à Granville, la
députée européenne et conseillère régionale de la région
Nord/Pas-de-Calais arrivait en fin d'après midi à Avanches.
Avant
la réunion publique, une double rencontre était organisée : 1- avec la
presse en présence des correspondants de la Manche Libre et de la
Gazette de la Manche ("une nouvelle fois Ouest-France s'est remarquablement distinguée par son absence"
remarquait Thierry Pennec, responsable de la section), 2- avec des
associations sur la problématique des déchets ménager dans le sud
Manche.
Environ
une centaine de personne avait fait le déplacement le soir au
centre-culturel (théâtre) d'Avranches pour assister à la réunion
publique.
Pour accueillir le public et le faire patienter, une
formation de musiciens jouant un répertoire de jazz-manouche avait été
invité. Artistes unanimement applaudis à l'issue de leur prestation.
Sur la scène du théâtre décorée pour l'occasion d'une banderole de la section locale et d'affiches de la candidate Ségolène Royal, se trouvaient quatre personnes : l'invitée M.-N. Lienenann, la candidate socialiste à la députation Frédérique Heurguier, son suppléant Frédéric Marchietti et le responsable des socialistes de la Manche (Fédération) Stéphane Travert.Les acteurs étant sur scène, la pièce pouvait commencer.
Tout d'abord, Frédérique Heurguier, l'hôte de la soirée, prit la parole.
Après
les remerciements d'usage, la candidate socialiste expliqua pourquoi
elle voulait qu'une personnalité féminine politique vienne dans le
sud-Manche soutenir la candidate socialiste aux élections
présidentielles (Ségolène Royale) et législatives (elle-même).
L'oratrice proclame "qu’à l’image de Ségolène Royal, nous voulons aussi ici que des femmes
prennent le relais politique.
C’est Olympe de Gouges qui disait en 1791
« femme, réveille-toi », qui réclamait le droit de vote pour les femmes
et qui avait publié la déclaration des droits de la femme et de la
citoyenne. Rendez-vous compte ! Plus de 200 ans après, si peu de chemin
parcouru. Nous sommes encore tant obligées de nous battre, de nous
imposer".
C'est
un vibrant soutien à la candidate socialiste à la présidentielle et à
son programme politique "le Pacte Présidentiel" que nous entendons.
L'oratrice demande que la place des femmes dans la société soit plus
importante, notamment en politique. Localement elle dénonce : "nous en avons raz le bol de voir toujours les mêmes à tous les échelons, à toutes les fonctions".
Frédérique
Heurguier conclue son discours résolument "féministe" en présentant les
principales mesures du Pacte Présidentielle en faveur des femmes :
service public de la petite enfance, accès à la contraception gratuite
pour les femmes de moins de 25 ans, parité hommes/femmes,... "Et
une de nos premières actions concrètes sera de voter une loi contre les
violences conjugales. Tous les 3 jours, une femme meurt en France de
coups reçus de son compagnon ou de son ex et ce n’est pas acceptable."
Stéphane
Travert, responsable de la Fédération de la Manche prend ensuite le
micro. Il évoque la campagne législative dans la 2e circonscription en
ironisant les deux candidats de droite. Phillippe Bas, "un
champ éolien à lui seul, à brasser de l’air comme il fait et qui se
targue d’être à la manoeuvre sur chaque dossier sensible ici dans le
sud manche. (...) Lui qui fait campagne aux frais du contribuable, le
chéquier grand ouvert (...)". Guénahaël Huet, "qui lui se rêvait un destin d’héritier…les frais de la succession semblent lourds à porter aujourd’hui (...)".
C'est le bilan de la droite et de Nicolas Sarkozy, ancien ministre, qui est dénoncé. "Sarkozy est le candidat d’un gouvernement qui a battu un triple record :
- Le record d’abord de l’endettement public qui atteint aujourd’hui près de 1 200 milliards d’euros !
- Le record du déficit commercial qui a atteint fin 2006 30 milliards d’euros ; jamais ce chiffre n’avait été atteint, (...),
- Le record de la violence aux personnes ; jamais dans notre pays, il n’y avait eu autant d’agressions sur les personnes."
Après Nicolas Sarkozy, c'est au tour du candidat centriste François Bayrou d'en prendre pour son "grade" :
"Ministre
de Balladur et de Jacques Chirac, il a aussi voté tous les textes
majeurs de la dernière législature. Bayrou dirige aussi un parti ou
tous les élus travaillent avec l’UMP; c’est le cas dans ce département."
Et M. Travert conclue son intervention
que la seule personne capable de réformer le pays est la candidate
socialiste Ségolène Royal.
Après tente minutes de discours,
Marie-Noelle Lienemann vers 21h30 se lève de sa chaise, et c'est debout
qu'elle prend la parole.
Son intervention se décompose en deux temps : un discours et un débat.
C'est sans note qu'elle qu'elle commence son discours qui durera environ une heure.
Quelques mots sur la politique locale et le "scandaleux parachutage de philippe Bas", la député européenne évoque la situation de la France.
"Il y a une crise lourde en France, et cela s'est dégradée en 5 ans, (...). Elle présente les trois principales difficultés dont est frappé le pays :
- crise sociale (accroissement des inégalités, baisse du pouvoir d'achat),
- crise économique (désindustrialisation et délocalisation),
- crise républicaine (ghettoïsation des quartiers, communautarisme, laïcité menacée, ..).
A ces problèmes que la droite ne peut résoudre, le Parti Socialiste à travers Ségolène Royal et son Pacte Présidentiel y répond :
- réponse à la crise sociale : augmentation du SMIC à 1.500€ dans les 5 ans, organisation d'une conférence sur les salaires pour revoir la grille salariale. Selon Mme Lienemann il faut que les bénéfices soient partagés entre les actionnaires et les salariés (des mesures fiscales le favoriseront).
- réponse à la crise économique : il est possible d'empêcher la
désindustrialisation par exemple par la reprise de l'entreprise par le
personnel, par la lutte contre les hedge funds ([fonds de pensions spéculatifs], ...
Des développements sont faits concernant des points précis :
- le chômage des jeunes. "A la sortie de l'école, la seule perspective des jeunes, c'est le chômage. C'est grave!" s'exclame l'oratrice. Elle poursuit "quand la France doute de sa jeunesse, la jeunesse doute de son avenir".
Elle évoque - la formation des jeunes, essentielle pour trouver un travail et apporter de la valeur ajoutée à l'entreprise, - la mise en place des "emplois-tremplin" non seulement réservés au milieu associatif mais étendus au secteur privé : "l'Etat peut aider les jeunes à s'insérer dans les entreprises".
"La recherche du plein-emploi est l'objectif majeur du programme de Ségolène Royal" affirme Mme Lienemann. Des secteurs, selon elle, sont créateurs d'emploi. Elle cite le bâtiment et la lutte pour les économies d'énergie. Nombreuses sont en France les maisons mal isolées. Cela a un coût en terme de consommation d'énergie, de respect de l'environnement, ... D'où la nécessité d'isoler les constructions "L'écologie est générateur d'emplois" (en ingénierie, en fabrication, en travaux d'isolation).
- le logement. En qualité d'ancienne ministre du logement, Mme Lienemann connaît particulièrement bien la question. En 5 ans, selon elle, la situation s'est dégradée. Des chiffres sont données : "en moyenne en 2002, le logement représentait 19% du pouvoir d'achat d'un ménage. En 2007, 24%!"
"Ségolène Royal propose le bouclier logement : les ménages ne doivent pas dépenser plus de 25% de leurs revenus pour se loger. (...) L'Etat interviendra à un double niveau : l'aide au logement [le bouclier logement] et la lutte contre la spéculation".
Le logement social est abordé. Elle annonce la construction de 120.000 logements sociaux par an, l'application stricte de la loi SRU (l'obligation faites aux communes de construire au moins 20% de logements sociaux; ce qui n'est pas fait par exemple à Neuilly, ville où Nicolas Sarkozy est maire) avec l'intervention si nécessaire du Préfet pour l'imposer.
Concernant le logement social privé Mme Lienemann reprend la proposition de Ségolène Royal : le service public de la caution pour rassurer les propriétaires de logements et aider les locataires en cas de difficultés ponctuelles. - réponse à la crise républicaine. Elle évoque la déclaration des Droits de l'Homme de 1789. " Si
les droits restent figées, la République est morte. (...) Les droits
formels doivent être réels. (...) Les jeunes doivent croire à ces
droits : l'égalité, la fraternité, la mixité sociale, la laïcité, ...".
Le communautarisme n'est pas pour elle la solution.
Après quelques mots sur l'Europe, elle conclue son discours en affirmant que "Ségolène Royale, c'est la logique de rassemblement et de fidélité des choix des français" [allusions aux débats participatifs dont le Pacte Présidentiel est la réponse ].
- question relative à la difficulté des cinquantenaires
sans emploi à trouver du travail. Les mesures envisagées par la
candidate socialiste semble principalement concerner les jeunes. Quid
des seniors?
réponse : "le Pacte Présidentiel vise à créer des emplois pour tous les âges. Il est vrai qu'il cible principalement les jeunes car ils sont les pus touchés par le chomage (...)". - question concernant la faiblesse des retraites.
réponse : "Les loi Fillon/Balladur calculent les retraites sur les 25 dernières années, (...). Les cinquantenaires sont licenciés ou mis en pré-retraite. (...). Il est difficile pour eux d'avoir toutes annuités et une retraite pleine. Le programme de la candidate socialiste vise d'une part à valoriser de 5% immédiatement les petites retraites et d'autre part à remettre à plat la loi Fillon : organisation d'une grande négociation sociale pour revoir le système des retraites."
Mme Lienemann avoue que c'est un épineux dossier, mais il "n'est pas question de remettre en cause le système de répartition" (...). - questions politicio-économico-philosophiques : le pouvoir
politique est-il conscient de l'évolution du machinisme? Le machinisme
ne va-t-il pas tuer l'Homme?
réponse : "le progrès technique peut être réalisé sans détruire l'humain. Il doit respecter l'environnement. Il ne doit pas viser le productivisme qui est une impasse. (...) - question sur la VIe République, la réforme des institutions souhaitée par Ségolène Royal?
réponse : la VIe République vise à renforcer la séparation des pouvoir :
Législatif : à donner plus de pouvoir au Parlement (suppression du 49-3, obligation du Premier-ministre de renouveler sa confiance devant le Parlement tous les ans, ...), modification du mode de scrutin du Sénat.
Exécutif : le Président de la République ne doit plus faire de nomination de complaisance dans la haute fonction publique surtout en fin de mandat (les nominations seront faites par le Parlement).
Justice : encore plus d'indépendance.
Le statut des élus devra être revu en mettant l'accent sur le non-cumul des mandats, la parité homme/femme, ... - d'autres questions plus techniques ont été abordées qui ne seront pas développées dans ce blog : la Poste et la libéralisation du courrier, ...
Vers 23h30 la réunion publique se clôt.
Que retenir de cette soirée?
Une organisation irréprochable.
Une
intervenante brillante, qui sans note a su captiver l'attention du
public et a montré une maitrise parfaite des différentes
problématiques.
Un débat respectueux et enrichissant.