Un gouvernement « auberge espagnol » constitué de personnalités disparates sans qu’apparaisse une grande cohérence politique. Cela conforte le fait que l’essentiel du pouvoir sera concentré entre les mains du chef de l’Etat. Les nouvelles personnalités sont souvent placées à des postes assez périphériques pour tenter de donner une image dire « représentative » de la société française. Le départ de Jean-Louis Borloo au poste de l’écologie permet de nommer au poste essentiel de l’économie, des finances et de l’emploi, la candidate du Medef, et singulièrement des grandes entreprises à savoir Christine Lagarde. Nul n’ignorait les réticences des grands patrons envers Jean-Louis Borloo. L’arrivée d’Hervé Novelli va aussi dans le sens d’un renforcement de l’aile libérale. C’est dire que Nicolas Sarkozy n’a rien compris du vote des français lors du second tour des élections législatives.
Le ralliement de Jean-Marie Bockel ne fait qu’achever un mouvement, hélas engagé depuis longtemps, de glissement à droite que cette « opportunité » ne fait que consacrer. Car à force de sommer la gauche et les socialistes de faire les réformes libérales que la droite revendiquait, il était plus clair d’assumer ces choix. Déjà Kouchner approuvait les lois Fillon sur les retraites, trouvait la constitution européenne géniale, passait son temps à dénigrer la gauche qui était obligatoirement archaïque. Ce pan de la gauche qui depuis quelques années a renoncé à transformer la société, a contribué à creuser un fossé important entre certains responsables du PS et les couches populaires.
Lors du premier gouvernement d’ouverture, j’avais ironisé sur le fait que Kouchner, Jouyet avaient fait perdre Jospin et je prévoyais qu’ils feraient perdre Sarkozy. Je maintiens et je pense que cette ouverture est une dilution. Elle entretient la confusion. Tout cela nuit au volontarisme dont se targuait le candidat aux présidentielles.
Seule l’action compte et c’est sur les faits que nous jugerons ce gouvernement, manifestement composé pour faire bonne image. Reste que deux évolutions doivent être saluées : la parité et l’émergence de personnalités de couleurs. En tout cas soyons vigilants et mobilisés.