La Friedrich Herbert Schtiftung vient de publier une note fort intéressante sur les débats en cours au sein du SPD. D’abord un bon point à nos camarades allemands qui ne craignent pas de décrire avec un vrai souci d’objectivité les débats en leur sein à leurs amis étrangers. On ferait bien de prendre de la graine. Alors je crois utile de souligner quelques points majeurs de cette note.
"Le 24-26 octobre, le SPD se dotera à Hambourg d’un nouveau programme fondamental, le troisième depuis le programme de Godesberg. À la veille de ce congrès, le parti se voit confronté à une situation compliquée."
"Les sondages attribuent au SPD des intentions de vote relativement faibles (27 à 30 %), bien loin des résultats des élections de 2005. Kurt Beck, le président du parti, enregistre également des taux d'approbation relativement bas, bien inférieurs à ceux de la Chancelière Angela Merkel."
Ce qui peut nous étonner est que nos camarades n’aient pas vu venir cette évolution. Il faut rappeler qu’en 2005, la droite n’était pas majoritaire en Allemagne et qu'une alliance entre le SPD et les partis de gauche permettait d’engager une politique plus sociale, attendue par les allemands ! Jamais les accords avec la droite ne renforcent la gauche. Maxime une fois de plus vérifiée.
"Nombreux observateurs estiment que le SPD parait étrangement paralysé face à cette situation, incapable pour l’instant d’élaborer une réponse stratégique aux problèmes auxquels il est confronté. Depuis les élections de 2005, le parti est enfermé dans un débat interne autour de l'évaluation des réformes sociales engagées durant les années Schröder (l' « Agenda 2010 »). Tandis qu'une frange du parti souhaiterait relativiser ces réformes, considérées comme déséquilibrées sur le plan social, insatisfaisantes au niveau des résultats néfastes sur le plan électoral, une autre frange les considère comme un tournant dans la modernisation de l'État dont le parti peut être « fier » et qui a notamment permis de jeter les bases au redressement des finances publiques et la baisse du chômage qu’on peut observer actuellement."
Heureusement ils y a des socialistes qui pensent que lorsque le monde du travail va mal, c’est un échec. Nous avons connu ce genre de débat « les comptes sont rétablis, la France va mieux » oui mais « les français vont mal » et là vient le désaveu politique.. Suivez mon regard…
D’ailleurs la Friedrich Herbert Stiftung paraît étrangement incrédule devant le manque d’attractivité du SPD en constatant : « En même temps, le climat social en Allemagne est pourtant favorable aux principes de la social-démocratie. Les sondages d'opinion montrent très clairement qu'une majorité de la population déplore un manque de justice sociale et souhaite une orientation sociale plus marquée de l'action du gouvernement. Principale raison à cette tendance, le distribution des revenus de plus en plus inégale et une baisse du revenu des « citoyens moyens » : le revenu net moyen en Allemagne se situe, en septembre 2007, au plus bas niveau depuis 20 ans. »
Les attentes sont réelles, et pour cause. Mais il est clair que les
travailleurs eux n’ont pas oublié les politiques de Schröder. Ils se
souviennent qu’un ancien premier secrétaire général du SPD, Oscar
Lafontaine l’avait très tôt dénoncé. Mais discrédité par l’équipe de
Schröder et ne pouvant comme au PS Français déposer une motion et être
représenté à la proportionnelle il a fini par lâcher l’éponge. Puis il
a quitté le SPD. Souvenons nous de toutes ces bonnes paroles de nos
camarades qui nous vantaient et vantent encore la social-démocratie
allemande, vouant aux gémonies ces socialistes français si archaïques
qui défendent les salaires !
Aujourd’hui, le SPD doit quand même tenir compte de cette réalité politique dans le texte de son programme fondamental.
« Durant l’été, une première version préliminaire du programme a été raccourcie et comprimée, renforçant légèrement le profil social du programme. La notion du « socialisme démocratique» - candidate à la disparition dans la première version - fut retenue. Tout en insistant que l’Allemagne a en général profité massivement de la globalisation, le programme admet qu’une partie de la population n’en a guère profité ou même souffert de certaines de ses conséquences. »
Glissement très timide, mais néanmoins révélateur. Car en Allemagne le concept de socialisme démocratique n’a pas la même image qu’en France ! Si même les allemands restaurent ce concept, ce n’est vraiment pas le moment que le PS, lui s’en éloigne et se range derrière une hypothétique social-démocratie en crise. Restons socialistes, réinventons le socialisme républicain de Jaurès.