L'émission "mots croisés" sur la situation économique du pays a été un florilège de libéralisme le plus primaire et l'un des grands prêcheurs de cette position redoutable est Jacques Attali. Le même qui a déjà fait faire bien des erreurs à François Mitterrand veut aller au bout de la banalisation anglo-saxone qui est son horizon. Chargé d'un travail sur la relance de la croissance, il a lâché quelques "pistes" qui sont de véritables bombes à retardement pour faire exploser tout notre modèle social.
Quelques exemples: l'accroissement de la concurrence dans tous les domaines comme remède miracle pour faire baisser les prix. On sait les dégâts que ce genre de méthode va créer sur l'emploi. La concurrence va s'accroitre pour baisser les coûts salariaux, car les profits des entreprises eux ne bougeront pas et l'absence d'encadrement des prix laissera l'Etat pantois. Les salaires ou les emplois baisseront, pas les prix. Un exemple, la concurrence sur le textile, l'ouverture à la Chine devaient faire baisser les prix (et a détruit des milliers d'emplois). Bilan des courses; les études européennes montrent que, sauf au Royaume-Uni, les prix n'ont pas baissé. Les grands bénéficiaires ont été Carrefour, H et M ou autre Zara. On voit aussi que le gouvernement va remettre en cause la loi Galland pour multiplier encore les grandes surfaces déjà très nombreuses et supprimer bien des petits commerces. Ces grands distributeurs sont devenus les maitres et font la pluie et le beau temps pour les producteurs qui sont souvent pris à la gorge et doivent baisser leur prix et les couts du travail alors que les marges des grands magasins, elles ne baissent jamais. Le petit commerce, lui, va encore disparaitre, et avec bien des services de proximité. Or ce commerce là est très présent en Allemagne où les prix ont moins augmenté qu'en France. Mais, on savait depuis longtemps que Sarko avait promis aux grands patrons de la distribution cette libéralisation. Les récompenses aux amis fidèles continuent.
Nous devons proposer une alternative; C'est une réforme profonde des marges de la grande distribution qui s'impose. Deuxième exemple, Attali dénonce les gaspillages du logement social, et compte régler la crise du logement en vendant les HLM et en réduisant le nombre d'organismes (vieille lune des technos qui n'ont jamais fait la preuve que cela réglerait quoique ce soit. Dans tous les autres domaines on vante les PME, pas là!). Mais c'est toujours la même chose, pour remettre en cause les HLM, banaliser le logement social et mettre l'argent au privé, il faut les discréditer. Par contre, rien n'est dit sur le vrai scandale du logement, à savoir l'explosion des prix du privé et de l'immobilier, le niveau insupportable des prix qui rend très difficile la sortie du parc HLM ou l'accession pour les familles modestes et moyennes (autour de 3 Smic) et plus encore la construction de logements à loyer modéré. Or l'encadrement des prix de l'immobilier, massivement approuvé par les français, la taxation progressive des plus values immobilières sont bien plus efficaces, urgentes et opérationnels pour résoudre la crise du logement, relancer la construction et permettre la création d'emploi, à condition de rendre ces métiers attractifs, de développer la formation. D'ailleurs le patronat préfère préparer une nouvelle vague d'immigration pour y faire face, plutôt que de mieux rémunérer les salariés. Car il est vrai que ces nouveaux immigrés acceptent des conditions sociales moins bonnes. Là aussi ne nous laissons pas piéger; l'urgence est du coté de l'immobilier et de la flambée spéculative.
Autre lieu de commun, libéral: la rémunération au mérite des fonctionnaires qui seraient ainsi plus performants (dans la même émission, on cite un sondage ou les français sont satisfaits à 80% des fonctionnaires). Je regrette qu'Elisabeth Guigou ait donné son accord et semble oublier ce qui s'est passé dans le privé où la grande masse des salaires moyens ont stagnés et seuls certains cadres (souvent proches de la direction) en sont bénéficiaires. D'excellentes études de la Confédération Générale des Cadres montrent l'énorme accroissement des inégalités a été rendu possible avec ces salaires au mérite. elle conteste ce principe et suggère que l'efficacité d'un service vient de la dynamique collective qui n'est pas toujours assurée par la concurrence au mérite entre salariés. Repenser les interventions de l'Etat pour mieux répondre à l'intérêt public et aux attentes des citoyens, mille fois oui en revalorisant les fonctionnaires, leurs salaires, leurs capacités à prendre des initiatives etc.
Bilan de la soirée; si la gauche ne choisit pas ses terrains, résolument alternatif aux choix de la droite pour relancer la croissance en consolidant le progrès social, elle laissera flotter l'opinion et passer ces "réformes" destructrices et de plus fort peu efficaces.