Ci-dessous l'interview de Marie-Noëlle Lienemann publiée sur le site du JDD.
Propos recueillis par Nicolas MOSCOVICI
Les électeurs d'Hénin-Beaumont ont largement accordé leur confiance à la liste du maire sortant, le socialiste Gérard Dalongeville, dimanche, au premier tour des élections municipales. Dépêchée sur place l'automne dernier afin d'unir une gauche divisée et faire barrage au Front national et à Marine Le Pen, Marie-Noëlle Lienemann ne boude pas son plaisir ce lundi.
Quel est votre état d'esprit au lendemain de ce premier tour?
Je suis bien évidemment optimiste, mais également combative! Tant que ce n'est pas fait, ce n'est pas fait. Nous pouvons toutefois nous féliciter de posséder encore des réserves de voix, alors que le FN n'en a pas. On compte également sur notre dynamique du premier tour pour réaliser le score le plus important possible au second.
Finalement, la perspective d'une triangulaire à Hénin-Beaumont vous assure arithmétiquement de terminer en tête. C'est plutôt une bonne nouvelle...
Non, une triangulaire n'est jamais une bonne nouvelle. Nous souhaitions le rassemblement le plus large de tous les républicains, ce n'est pas le cas avec le maintien de l'Alliance républicaine. Tant pis. On ne va pas passer la semaine à leur courir après. Ne nous trompons pas, notre cible reste le FN.
Vous attendiez-vous à un score si élevé?
Pour tout vous dire, les sondages que j'avais commandés à la fédération PS ces dernières semaines donnaient à peu près ces chiffres. Et même si personne ne nous croyait, je sentais, sur le terrain, que notre message passait bien.
"Ne pas recommencer nos 'chicayas'"
C'est aussi pour vous, une victoire personnelle...
C'est une grande satisfaction, en effet, d'avoir contribué à faire battre Marine Le Pen. Mais le combat n'est pas terminé. Nous devons désormais faire durablement reculer le Front national et reconquérir définitivement les couches populaires. Aujourd'hui, les motifs de satisfaction existent, mais nous devons être encore plus exigeants avec nous-mêmes.
Vous confirmez donc que vous resterez bien à Hénin-Beaumont dans les années qui viennent?
Absolument. Je l'ai toujours dit et je le répète. Je vais m'installer dans le paysage politique de Hénin-Beaumont et contribuer à la gestion des affaires de la ville pour les six ans qui viennent.
Dimanche soir, dans ses déclarations, Gérard Dalongeville semblait s'attribuer l'excellent score de sa liste devant la presse. Tente-t-il de tirer la couverture à lui?
Non, c'est tout à fait normal. Il ne faut pas être susceptible. Personnellement, je ne le suis pas. Gérard Dalongeville a été beaucoup attaqué tout au long de la campagne, il est normal qu'il s'attribue le succès de dimanche soir. C'est une légitime satisfaction. Nous n'allons pas recommencer nos "chicayas" qui ont fait tant de mal à la gauche locale. Nous avons amorcé une dynamique collective qui doit se poursuivre au second tour. Voilà tout ce qui compte aujourd'hui.
"J'ai l'habitude de dire ce que je pense"
Que vous inspire cette "affaire des tracts anonymes" (*) à la veille du scrutin et qui aurait pu vous coûter cher dans les urnes?
Ce genre de pratique semble faire partie du folklore du bassin minier. Tout ce que je peux vous dire, c'est que cette opération n'a pas été commanditée par le Parti socialiste officiel. Moi, je ne suis pas une adepte des coups bas. J'ai l'habitude de dire ce que je pense. Si à l'époque, j'ai dit et écrit Au revoir Royal (titre de son ouvrage paru après l'élection présidentielle de 2007, ndlr), c'est que je n'ai pas peur d'assumer mes idées! Et ce genre d'agissement ne fait pas partie pas de mes habitudes.
Comment va se dérouler pour vous cette semaine d'entre-deux-tours?
Nous allons continuer notre campagne dans la sérénité. Nous allons travailler nos professions de foi pour préparer un second tour qui se jouera pour le coup sur des thèmes très locaux. Mais au-delà, nous devons également continuer à mobiliser les électeurs afin de marginaliser un FN qui n'est rien d'autre qu'un élément perturbateur dans une démocratie apaisée. La démocratie, à Hénin-Beaumont, comme partout, doit retrouver ses couleurs normales et cantonner ses batailles à l'intérieur du camp républicain. Et cela passe par la marginalisation du Front national.
(*) Dans la nuit de vendredi à samedi et de samedi à dimanche, les boîtes aux lettres héninoises ont été inondées de tracts anonymes attaquant sans nuance les autres listes que celle du maire.