Article publié dans le journal du dimanche le 4 Mai 2008 sur le lancement par Gauche Avenir lundi 5 Mai de la charte pour l'unité de la gauche intitulée "Fiers d'être de gauche".
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Soucieux de voir le Parti socialiste opérer sa rénovation à gauche plutôt qu'au centre, la députée européenne Marie-Noëlle Lienemann et l'ancien ministre Paul Quilès présentent lundi leur livre blanc, Fiers d'être de gauche. Malgré les difficultés à faire passer leur conception du PS, ils entendent se servir de ce bréviaire pour défendre leur idée d'un grand parti de gauche.
Le PS planche sur son identité? Eux préfèrent voir plus large. Les membres du club Gauche Avenir - animé notamment par l'eurodéputée PS Marie-Noëlle Lienemann et l'ancien ministre Paul Quilès - présenteront lundi une charte "pour l'unité de la gauche". Un petit livre blanc d'une soixantaine de pages, au titre offensif: "Fiers d'être de gauche". Objectif: affirmer des valeurs communes face à l'hégémonie culturelle de la droite, et constituer une nouvelle étape vers l'unité.
Voici près d'un an que ce club de réflexion, créé après la présidentielle, réunit politiques, syndicalistes, associatifs et intellectuels des différentes sensibilités de la gauche. Soit 2500 personnes qui, comme le journaliste Ivan Levaï, "ne veulent pas croire que la gauche est morte". La déclaration de principes du PS leur paraît "fade", "light". Leur texte refuse l'alliance au centre. Et tous se disent attachés à l'"évolution révolutionnaire" chère à Jaurès, une citation qui a malencontreusement sauté dans le livre. "Face à la crise mondiale, on doit tourner le dos à l'affadissement de la gauche française, résume Marie-Noëlle Lienemann. On n'attend pas le grand soir, mais on défend toutes les formes d'action qui permettent d'inverser la logique d'un système inégalitaire, du tout-fric et destructeur de l'environnement."
Un texte débattu lors de banquets républicains.
La charte fixe donc sept objectifs: nouvelle approche des questions économiques et sociales avec le renforcement du rôle de l'Etat, juste répartition des richesses, protection des écosystèmes planétaires... Et elle maintient le cap: l'unité de la gauche, jugée indispensable pour gagner les élections nationales. Le bréviaire, édité à 2500 exemplaires, sera débattu lors de banquets républicains. Le premier se déroulant lundi soir dans le Val-de-Marne, en présence du député européen Benoît Hamon (NPS) et de Jean-Pierre Chevènement, président d'honneur du MRC. Puis la tournée se poursuivra en province. Direction la Somme, la Corrèze et la Creuse.
Difficile de voir au-delà. Car tous n'ont pas la même conception de l'unité. Marie-Noëlle Lienemann et Paul Quilès ont déjà lancé un appel pour la constitution d'un grand "Parti de la gauche", PS, PCF, Verts, PRG, MRC... mais aussi des clubs, des associations et "tous les déçus des partis de gauche". Jean-Pierre Chevènement prône, lui aussi, un "nouvel Epinay". L'ancien ministre défend la création d'un parti "rassemblant toutes les composantes de la gauche, aussi bien radicales que gestionnaires". Et propose d'organiser des forums de l'unité pour aboutir à des assises nationales, fin 2008-début 2009.
"Has-been ultraminoritaires"
Certains défendent une autre idée. L'ancien ministre PCF Jean-Claude Gayssot, qui participe à Gauche Avenir, penche pour "une force politique nouvelle à la gauche du PS recentré", un peu comme le Die Linke en Allemagne. Il rêve que le PCF soit à l'origine du processus... mais les ténors de son parti semblent peu réceptifs. Pour le sénateur PS Jean-Luc Mélenchon qui reste en dehors de Gauche Avenir, "la priorité, c'est que l'autre gauche - la gauche non socialiste - se rassemble car, tant qu'elle est en miettes, le PS regarde du côté du centre, et on court à la catastrophe!".
La récente défaite du Parti démocrate en Italie a peut-être refroidi certaines ardeurs vis-à-vis du centre. Mais après? "On peut toujours bâtir l'unité, mais à partir d'une ligne claire: la ligne socialiste, sociale-démocrate, telle qu'elle est définie par notre nouvelle déclaration de principes", affirme le député Pierre Moscovici, candidat au poste de premier secrétaire. "Je crois à un grand parti socialiste qui porte un réformisme de gauche, écologique, ambitieux, pas à un parti qui irait de Bové à Bayrou", renchérit le député européen Harlem Désir. D'autres minimisent l'initiative de Marie-Noëlle Lienemann et Paul Quilès, "des has-been, ultraminoritaires" au PS. Pas de quoi décourager la députée européenne, qui assure: "Mitterrand, avant le congrès d'Epinay, a aussi connu des ricanements..."