Interview publiée dans l'hebdomadaire Marianne du 9 Mai 2008
Marianne : A l’heure où le PS renonce à ses « espérances révolutionnaires » pour se moderniser, vous appelez à un nouvel Epinay ! Vous n’êtes pas un peu à rebours de l’histoire ?
Marie-Noëlle Lienemann : Au contraire ! On vit une fin de cycle. Le libéralisme est en crise financière, alimentaire, morale, et c’est un phénomène mondial. Les Etats, les politiques doivent pouvoir retrouver des marges de manœuvre en matière économique. Cela passe, par exemple, par des barrières douanières ou la fixation des prix de l’immobilier. Or, la social-démocratie a renoncé à changer le système, elle se contente de l’encadrer… La question de la répartition des richesses n’a jamais été autant d’actualité, et nous pensons qu’il est urgent de renouer avec les valeurs de la gauche, avec l’héritage de Jaurès. C’est la seule façon de résoudre la crise.
Cela fait pourtant des années que les dirigeants socialistes français vantent le modèle social-démocrate…
M-N.L.: Toutes nos défaites sont venues de ceux qui nous expliquent depuis trente ans que la gauche doit aller au centre, prendre ne compte les évolutions du monde, c'est-à-dire l’ordre établi. Les sociaux démocrates ont perdu les élections en Italie, et viennent d’être battus aux municipales en Angleterre jusque dans leur fief, le Pays de Galles. Sur les 11 élections nationales qui ont ru lieu en Europe depuis cinq ans, ils en ont perdu 10 ! L’erreur est humaine, mais persévérer serait diabolique…
En quoi votre formation sera-t-elle différente du parti anticapitaliste qu’Olivier Besancenot va lancer ?
M-N.L: Nous, nous voulons gouverner ! Nous sommes dans une stratégie de reconquête du pouvoir, pas dans la résistance stérile. Nous ne voulons pas un énième parti à la gauche de la gauche, mais une formation qui fédère tous les socialistes, les communistes, les verts et les radicaux. En 2012, notre candidat devra être celui qui incarne l’unité de la gauche.