Réaction au vote "Oui" de Jack Lang sur la réforme des institutions enregistrée par lavoixdunord.fr Pour écouter les réactions de Daniel Percheron, Serge Janquin et Julien Dray, cliquez ici
La réforme constitutionnelle est passée à une voix avec celle de jack Lang qui a fait défaut à la gauche !
Une fois de plus les cafouillages, les défections et les règlements de compte nous affaiblissent, paralysent notre opposition, nous discréditent et font le bonheur de Sarkozy et de la droite.
Evidemment l’attitude de Jack Lang est absurde et si sa conscience l’amenait à approuver certaines mesures du texte, une abstention lui aurait permis de ne pas se déjuger sans donner à nos adversaires un atout majeur. Vraiment il n’aurait pas du voter pour ce texte !
Les réactions contradictoires ont immédiatement déferlé : d’un coté les annonces d’exclusion de Julien Dray, accompagné de la décision d’exclusion du groupe socialiste par Jean-Marc Ayrault. De l’autre, les critiques reviennent du coté de ceux qui voulaient voter en faveur de ce texte comme Manuel Valls et d’autres qui souvent ne tarissent pas d’éloge sur Sarkozy et nous somment d’être modernes, c'est-à-dire d’accepter le libéralisme. Quel spectacle pitoyable !
Réfléchissons à ce qui nous a amené à tout cela et à l’illisibilité de la position de notre parti.
D’abord depuis longtemps s’est installé un grand flottement sur notre
projet institutionnel. A part prôner un rééquilibrage en faveur du
parlement, cohabitent deux visions différentes au sein du PS. L’une
considère la présidentialisation du régime, jugée inéluctable à partir
du moment où le président est élu au suffrage universel et préconise
une forme d’évolution à l’américaine en donnant davantage de pouvoir au
Parlement. C’est, de fait, cette conception qui a prévalu avec le
passage au quinquennat et l’inversion du calendrier. C’est la
conception que Jack Lang a toujours préconisé et c’est la perspective de
Sarkozy. Cette convergence de vue explique, en partie, le choix fait
par Sarkozy de proposer à Jack Lang de participer à la commission
Balladur. Et puis il y a une autre vision, celle que je défends depuis
toujours, à savoir un basculement vers un régime parlementaire stable,
avec un président arbitre, une véritable 6éme république. Mais la
direction du PS, comme de coutume, a cherché à contourner les
désaccords et les choix et cela se termine en jus de boudin.
Au moment où la commission Balladur rend ses conclusions, des voix s’élèvent dans notre camp pour juger bon nombre d’entre elles positives, car proposant un peu plus d’initiative et de compétences au Parlement. Pourtant déjà, se dessinaient le cadre de la future réforme et ses tares d’origine : elle accentuait la présidentialisation du régime, affaiblissait le premier ministre qui est cependant le seul à pouvoir être tenu responsable devant l’assemblée et octroyait au parlement des bribes de pouvoirs supplémentaires, avec un impact au demeurant assez faible. C’était clairement tourner le dos à une évolution parlementaire de nos institutions. C’est pourquoi dés cette époque, j’ai demandé au bureau national de rejeter au fond l’architecture du texte et de pas se laisser leurrer par quelques mesures qui prises isolément pouvait être intéressantes mais qui confortait une évolution négative. Tel n’a pas été le choix de la direction du PS et du groupe socialiste qui est entré dans une sorte de marchandage demandant que soit rajoutés quelques sujets, qui pouvaient être importants comme la comptabilisation du temps de parole du président dans les médias ou la composition du sénat mais qui ne pouvait justifier qu’on accepte une dérive de nos institutions dans ce sens présidentialiste. A partir de là le PS et ses députés entrent dans le triangle des Bermudes. Des débats sans fin et incompréhensibles pour les citoyens moyens s’engagent pour savoir si dans les nouvelles propositions de Sarkozy, le compte y est ou non. Les tribunes se succèdent, il faut accepter, il faut voter NON. Heureusement en fin de course, il est décidé de s’opposer au texte, mais l’argumentaire parait bien maigre faute d’être fondé sur une logique réellement alternative.
Alors il faut que les socialistes ne se contentent pas de jeter quelques anathèmes, de procéder à la n+1ème exclusion, d’en appeler à la discipline mais décident réellement de changer de pratique, de méthode. Changer en faisant des choix politiques clairs préparés en amont, élaborés collectivement en associant les militants, en présentant une réelle alternative, en s’opposant de façon déterminée et sur le fond.