La télévision l’annonce : les normes européennes obligent bon nombre de communes à dépolluer leurs plages et les eaux qui y arrivent. En effet, l’Union Européenne a édicté des nouvelles normes qui vont diviser par quatre le nombre de bactéries tolérées, imposent des contrôles plus réguliers et un affichage systématique pour informer les baigneurs.
C’est dans ces moments là qu’on se sent fier d’avoir consacré du temps, de la salive, de la détermination à œuvrer à cette nouvelle législation. Il ne faut pas s’imaginer que quiconque, et évidemment pas les médias, va clairement expliquer comment ont été élaborés ces textes. Le travail parlementaire qui a pourtant été déterminant pour que la directive soit suffisamment ambitieuse et rigoureuse n’est jamais évoqué. J’ai été shadow-rapporteur pour cette directive, le rapporteur pour le Parlement fut M Maaten, un libéral. Avec lui et les autres shadows rapporteurs nous avons négocié, après le vote du Parlement en séance plénière, avec les représentants du Conseil des ministres qui ne se laissaient guère convaincre de l’indispensable durcissement des normes (car nous avions des études sanitaires qui montraient les conséquences néfastes sur la santé d’une qualité médiocre des eaux et de la nécessité de réduire la teneur en bactéries..). Leur argument principal était la facture, le coût de la dépollution. Je ne vous dis pas les batailles de chiffonniers que nous avons menées dans les trilogues (parlement, conseil, commission) pour préparer et réussir la co-décision. Quand nous avons approuvé cette directive, il y a plus de deux ans, et en dépit des communications que nous avons multipliées, pas un journaliste n’a relayé nos travaux… A vrai dire, c’est classique.
Je me souviens du même silence, de la même indifférence sur le vote de la directive cadre sur l’eau en 2000 alors que j’en étais le rapporteur ; elle est aujourd’hui régulièrement citée. Nous venons d’approuver une directive très importante sur la restitution du bonne état écologique des mers et océans, en décembre 2007 et là encore, je fus désignée comme rapporteur et du mener une co-décision délicate. Je crois que ce texte va être une sorte de petite révolution pour inverser le mouvement de pollution des eaux marines, la disparition des poissons etc.. Tout cela reste quasiment clandestin. A vrai dire , je le sais depuis longtemps et fort heureusement , contrairement à ce que la vulgate populaire propage, il est de très nombreux responsables politiques qui ne travaillent pas simplement pour être reconnus mais parce qu’ils veulent œuvrer à l’intérêt général , pour une action publique de qualité. Ils ne mesurent pas leur énergie, leur investissement aux retombées personnelles qu’ils en tireront mais au regard de ce qu’il juge bon et utile.
Au Parlement Européen souvent on agit pour le moyen et long terme. Du coup, il y a un décalage important avec le rythme des médias. Pourtant il serait essentiel qu’ils informent dés le texte approuvé, car il est souvent urgent de prendre des mesures pour être prêts à temps pour atteindre les objectifs de ces directives. Et puis, les même médias s’étonnent du fait que les français ne connaissent pas l’Europe, ne voient pas l’intérêt de ses politiques, et estiment que les normes et règles européennes tombent d’une technocratie indifférente. Ils portent une certaine responsabilité.
Regardez. Pourquoi évoquent-ils aujourd’hui ce nouveau texte approuvé il y a deux ans ? Parce que
la secrétaire d’Etat française -qui n’est pour rien dans l’établissement de ces nouveaux critères de qualité- présente les nouveaux panneaux qui témoigneront du respect des normes. Tous la congratulent. Très bien. A vrai dire, je ne regrette absolument pas ce reportage car j’espère qu’il sensibilisera les maires, les élus et les citoyens sur la nécessité de prendre vite des mesures permettant d’améliorer la qualité des eaux de baignade. C’est pour 2015, et on a déjà perdu deux ans !