Comme de coutume, le Parlement européen a délibéré sur les suites du dernier conseil européen qui traitait de la crise financière !
Hier N. Sarkozy est venu en présenter les conclusions à Strasbourg devant les députés européens.
L'exposé fut brillant, les réponses habiles mais sur le fond les propos ne pouvaient être approuvés. Rien sur une stratégie de relance de l'économie européenne, rien sur la nécessité d'augmenter les salaires et le pouvoir d'achat.... Bref rien au delà du « sauvetage » des banques.
Cette seule constatation aurait suffi à une critique forte des Socialistes Européens; la crise que nous vivons n'est pas seulement financière, elle est économique, sociale et demeurent la crise écologique, la famine...
C'est le capitalisme financier, le libre échange généralisé qui sont en
crise et en cause. Alors, ne pas être capable d'être la voix des
salariés, des habitants, de ceux qui subissent cette crise à un moment
où de plus en plus de gens sont percutés de plein fouet par les
problèmes de pouvoir d'achat, d'emploi, de santé, d'avenir pour leurs
enfants est une grave faute des Socialistes européens.
Ne pas avoir la volonté de créer un rapport de force pour imposer des
initiatives sociales et en faveur de la croissance au moment où les
libéraux, la droite sont sur la défensive est une grave erreur!
Cet assourdissant silence, cette absence de proposition permet à N.Sarkozy d'occuper le terrain, de développer sa stratégie de
communication, de promettre... Et comme de coutume de ne pas
concrétiser...
Dernière annonce du genre, N. Sarkozy explique devant le Parlement
européen qu'il est favorable à un gouvernement économique européen ...
Très bien ....Que ne l’a-t-il négocié et défendu pour le traité de
Lisbonne? Pourquoi n'a-t-il pas alors utilisé le rapport de force, crée
par le NON français pour obtenir des avancées sur ce point ?
Mais cette prise de position- au demeurant récente- a surtout pour lui
un avantage, elle lui permet de rappeler devant les conservateurs
européens qu'il est favorable à l'indépendance de la banque centrale.
Le gouvernement économique pour on ne sait quel horizon - d'autant que
la Présidence française ne prend aucune initiative pour tenter de
concrétiser sa mise en œuvre - mais l'indépendance de la B.C.E.
renforcée tout de suite ! Voilà la pirouette.
Pirouette aussi en lançant des propositions de méthodes, un
gouvernement commun pour éviter des choix quand au contenu de la
politique économique, immédiate et pour demain.
Le Pacte de stabilité n'est pas contesté dans la durée, simplement mis entre parenthèse le temps de cette crise " passagère ".
Après la crise ... ce sera comme avant, à quelques bémols près !
C'est la thèse de la " moralisation " du capitalisme et non du changement de société, de logique de systèmes!
Cela ne saurait être la position de la Gauche.
Et Martin Schulz (Président du groupe socialiste européen ), une fois
de plus, est tombé dans le panneau de Sarkozy. Ses propos ont
d’ailleurs mis à nu les graves dérives et insuffisances de la
social-démocratie européenne. En effet, il a jugé judicieux de déclarer
à la tribune du Parlement que les propositions de N. Sarkozy étaient
celles des Socialistes européens.....
Inutile de vous dire que Kouchner et Jouyet étaient aux anges au coté
de Sarkozy qui évidemment s'est réjouit de ce soutien et " regrette "
que les Socialistes français soient tellement en décalage ! Eh oui.
De surcroit, quand il s’est agit de voter, ce qui au demeurant est
essentiel, la dérive est encore plus surprenante. Le groupe P.S.E. a
trouvé le moyen de voter une résolution de "compromis" qui se
félicite de l'action des Institutions européennes, mais qui ne dit rien
du social, de l'économie. Évidemment pas l’ombre d’une autocritique sur
la politique européenne passée ! Quand le président de la délégation
grecque explique qu’il ne saurait voter un tel texte qui ne reprend
rien des propositions socialistes, le président du groupe lui explique
qu’il n’a rien compris et qu’on a obtenu un point majeur à savoir
l'appel à " la coordination des politiques économiques ".Quelle audace
! On rêve!! Au passage, notons bien que nul ne s’avance à dire sur
quelle perspective nouvelle, il faudrait s’engager.
Dans cette résolution, il n’y a rien sur les paradis fiscaux! Le
P.S.E.- sauf les Français, les Grecs... n'ont pas voté l'amendement des
Verts demandant qu'on les combatte dans l'U.E. et hors de l'U.E. Bilan
des courses seulement 183 voix pour la lutte contre ces paradis
fiscaux, les centres off shore etc....amendement refusé !
Même attitude désespérante du P.S.E.sur la taxe Tobin. L'amendement demandant son instauration n'a recueilli que 178 voix;
Mardi soir, j'ai eu l'occasion de manifester au sein du groupe P.S.E.
mon profond désaccord et même ma colère. C'est incroyable, la plupart
des députés européens du P.S.E. vivent dans une bulle. Les défaites
successives n'ont pas l'air de les perturber. Ils paraissent très
satisfaits d'eux-mêmes, ne pensent en aucun cas revoir leurs analyses.
Leur seule réelle préoccupation était de savoir si le Traité de
Lisbonne serait approuvé avant la fin de l'année!
Il est temps que le P.S. français tape du poing sur la table et propose
aux Socialistes européens une autre voie, une autre stratégie!
Faut-il encore qu'au Congrès de Reims notre ligne politique ne soit l'alignement sur la Social-démocratie européenne!