Le procès qui vise à fixer les responsabilités dans la terrible explosion d’AZF est en cours ! Evidemment, il ne s’agit pas pour moi d’en décider en lieu et place de la justice. Mais, c’est sans doute l’occasion d’examiner si notre pays a pris les mesures qui s’imposent pour tirer les leçons de cette catastrophe.
Souvenir : j’ai été, comme ministre du logement, le surlendemain de l’explosion à Toulouse. Personne n’imagine, s’il ne l’a pas vu de ses propres yeux, l’état de destruction mais surtout de choc de la ville. Même les responsables publics étaient traumatisés personnellement. C’était un moment terrible et, en même temps, emprunt d’une grande solidarité et de mobilisation générale. Le nombre des blessés, à coté des morts – la plupart salariés de l’usine- était impressionnant et les blessures souvent multiple. J’ai visité à l’hôpital des agents de la DDE qui avaient été couverts d’éclats de verre. Cela reste pour moi un souvenir très difficile. Pour ceux qui ont vécu tout cela, bien pire encore.
Action : Au-delà des premiers soins et réparation de fortune, il a fallu tenter de répondre aux problèmes de logements qui étaient considérables. Je passe sur la difficulté de la tâche, mais ce qui doit rester est la nécessité pour l’Etat de mettre au point des procédures réfléchies à l’avance, en cas de grands sinistres. Je prends un petit exemple : comment réquisitionner des locaux vides si nous n’avons aucune idée de leur réalité et emplacement… J’ai déjà dit l’importance pour l’état et les collectivités de mettre en place une observation permanente des logements vides sur les agglomérations !
Les assises sur les risques industriels et le débat national pour de nouvelles lois et pratiques :
A la suite de cet accident, Lionel Jospin, alors premier ministre, a mis en place un grand débat national avec des assises régionales pour que soient définies de nouvelles règles de sécurité et d’urbanisme. J’avais en charge, ce dernier point, C Pierret agissait pour l’industrie et Yves Cochet, alors ministre de l’environnement coordonnait le tout. Ces rencontres ont été fructueuses et ont permises de préparer un projet de loi que la défaite de 2002 n’a pas permis à la gauche de concrétiser. En 2003, une loi était votée par la droite. Moins ambitieuse, mais visiblement peu mise en œuvre.
Des retards et des choix actuels inquiétants.
Elle prévoit la création de Plans de Prévention des Risques Technologiques. 421 étaient programmés seuls 5 sont approuvés !
Des plans c’est bien le contrôle du respect des règles c’est mieux, en tout cas, c’est indispensables. Or les moyens manquent. Les postes d’inspecteurs pour les installations classées sont notoirement insuffisants : moins de 1500 inspecteurs, pour 500.000 installations classées, dont 50.000 soumises à autorisations, dont 1200 sites SEVESO (du nom de la directive européenne sur les installations dangereuses). C’est dérisoire. On voit là les conséquences néfastes de la réduction du nombre de postes de fonctionnaires !
Il faut aussi exiger l’abandon de la nouvelle réforme des installations classées, une réforme du droit de l'environnement industriel qui au prétexte la crise et des simplifications administratives, organise, à nouveau, un laxisme dangereux.