Point de vue publié dans le journal Le Monde du 9 Avril 2009. Pour signer la pétition pour un logiciel de la victoire en 2012, cliquez ici : http://petition.gauche2012.org/index.php?petition=2&signe=oui
A crise s'approfondit, les mécontentements se multiplient et l'attente de changement est là, mais la gauche n'incarne, pour l'heure, ni une véritable alternative ni une alternance prometteuse. L'une et l'autre sont pourtant nécessaires, urgentes, indissociables, car l'incertitude des temps et le malaise social peuvent enclencher un cycle bien connu dans l'histoire : désespérance, impasse, peur, révoltes, restauration de l'ordre et durcissement réactionnaire.
L'absence d'un débouché politique crédible apparaît comme un danger majeur pour la démocratie. Cependant, rien n'est joué, à condition que les dirigeants de gauche veuillent bien sortir de la léthargie actuelle, en posant, enfin, la question de la stratégie pour gagner la prochaine élection présidentielle.
La posture du PS, qui consiste à présenter quelques propositions programmatiques, à chercher à assurer sa position dominante par rapport aux autres candidats de gauche et à compter sur le rejet de Nicolas Sarkozy pour capitaliser les voix de gauche au second tour, s'est avérée par trois fois inefficace. Cela risque de durer si les nombreuses ambitions personnelles, faciles à décrypter et contradictoires, continuent à paralyser tout choix stratégique.
Certains proposent de conserver la réponse "classique", en la complétant par l'organisation de primaires, afin de trouver le "bon" candidat censé sauver la gauche. Outre le fait que la méthode n'a pas été suffisante en Italie pour empêcher la défaite et que la culture politique américaine est très différente de celle de la France, chacun mesure bien que le choix des Français ne se fera pas seulement sur la personnalité du présidentiable, mais sur sa capacité à proposer une sortie de crise. De plus, cette méthode fait l'impasse sur la question majeure, qui constitue la condition essentielle de la victoire : l'unité de la gauche.
A la présidentielle, c'est toujours le camp le plus uni qui l'emporte. Il s'agira en 2012 de présenter un projet collectif en phase avec les attentes du peuple de gauche. Aucune des forces en présence ne peut prétendre le porter seule, pas même le PS. Sans l'unité, il ne sera pas possible d'élaborer une nouvelle synthèse qui dépasse les antagonismes passés, les rancoeurs accumulées, les procès d'intention plus tournés vers le passé que vers l'avenir. Sans l'unité, les Français demeureront dubitatifs sur la capacité de la gauche à gouverner et à transformer. Il y a urgence à lancer un nouveau Front populaire !
IMPOSER DES MESURES PLUS JUSTES
On ne plus s'en tenir à une référence formelle au rassemblement, sans définir comment le réaliser, sur quelles bases, avec qui, selon quel calendrier. Nous proposons, au contraire, une démarche éloignée des tentations mortifères de l'hyperprésidentialisation, qui mette en avant le projet, le programme, de façon à créer les conditions d'une reconquête et d'une victoire. Cette démarche comprendrait :
1 - L'organisation immédiate d'une "convergence des gauches" (politiques, syndicales, associatives, citoyennes) pour faire reculer le gouvernement, imposer des mesures plus justes, présenter une autre logique que celle de Nicolas Sarkozy.
2 - La création d'un "Comité pour un nouveau Front populaire", avec le même souci d'associer, avec les partis, toutes les forces qui s'engagent à gauche. Ce comité préparerait des "Etats généraux de la gauche", dégageant des thèmes fondateurs en vue de la mise au point d'une charte pour l'élection présidentielle, à achever avant mi-2010.
3 - L'élaboration, sur la base de cette charte, du programme d'un candidat unique de la gauche à l'élection présidentielle.
4 - L'organisation de primaires, où les militants des organisations signataires de la Charte seraient consultés, prendrait alors tout son sens. La constitution de ce nouveau Front populaire est la seule voie sérieuse pour organiser la victoire de la gauche en 2012. Les responsables politiques de la gauche seront-ils à la hauteur de cette attente ?