Diriger c’est prévoir. Voilà des années que l’industrie européenne du raffinage annonce des surcapacités. A chaque fois qu’au Parlement Européen, on votait en faveur de normes environnementales nouvelles pour les carburants, les raffineurs montaient au rideau en nous disant leur impossibilité de financer des investissements pour produire plus propres et nous menaçaient de fermetures de site. Nous savions que c’était un leurre et que toutes les études de cette branche industrielle concluaient, normes environnementales ou pas, à des surcapacités. Du coup, se posaient deux questions : comment réorganiser les raffineries en Europe et où assurer les investissements nécessaires à la modernisation ?
Les pouvoirs publics auraient du tant au niveau européen qu’au niveau français s’intéresser de près à la question. Que nenni, libéralisme oblige, ils laissaient les grandes compagnies multinationales, maitres du jeu. Sans compter que le dogme de la libre concurrence tuait dans l’œuf toute velléité de politique industrielle solidaire au sein de l’espace européen !
Dans me même temps, on a vu exploser les profits exceptionnels des pétroliers. A chaque fois, c’étaient les même simagrées des gouvernements qui faisaient semblant de hausser le ton pour ensuite mieux renoncer à toute taxation ou ponction. Depuis 2007, je propose à la gauche une nouvelle stratégie pour d’une part assurer une juste redistribution des richesses sans pénaliser l’activité industrielle et même pour assurer son développement sur notre territoire: taxer les surprofits , les taxer en actions. Il est fondamental non seulement que la gauche soit solidaire des salariés de Total mais qu’elle leur propose une alternative, qu’elle montre qu’une autre politique industrielle est possible. Le pire serait le fatalisme et la désespérance.
Je l’écrivais, quasiment jour pour jour sur ce blog le 18 Février 2009, je constatais les profits de TotalEn 2005, 12 milliards d’Euros. En 2006, le bénéfice net est de 12,585 milliards, soit une hausse de 5%. Une légère baisse en 2007 avec 12,2 Milliards, mais en 2008, un record est atteint avec 13,9 Milliards !
A quoi ont servi ces bénéfices considérables ? L’essentiel a servi et servira encore à la rémunération des actionnaires. Celle-ci a déjà augmenté de 70% entre 2000 et 2006. Elle s’accroitra, cette année de 10%, ce qui représentera 5,4 Milliards d’Euros. Les dividendes versés étaient de 1,87 euros par action en 2006 et atteindront 2,80 en 2008. Car, le groupe poursuit sa stratégie de rachat de ses propres actions renforçant ipso facto la rémunération des autres actionnaires. Ce rachat mobilisera en 2008, 1,3 milliards d’Euros, soit bien plus que l’augmentation des salaires des travailleurs du groupe !
La stratégie d’investissement de Total a été très limitée puisque les investissements ont stagné de 2005 à 2007. Il semble que cette année voit une reprise, mais bien modeste de ces derniers. Beaucoup pour trouver de nouveaux gisements, peu pour les innovations !
Alors une taxation exceptionnelle des surprofits serait légitime et urgente. L’argument donné par Total, par la droite, pour renoncer à cet impôt est de permettre à l’entreprise de continuer à se développer et d’éviter qu’elle investisse ailleurs ou délocalise son siège.
Pour contrecarrer les risques à terme tant de délocalisation que d’OPA on peut imaginer une nouvelle méthode de taxation: un impôt versé en capital, en actions. L'idée serait de faire payer dans les secteurs où il apparaîtrait stratégique que la puissance publique conserve une certaine marge de manœuvre, de faire payer cet impôt exceptionnel tout où partie en actions et abonderait le fond souverain à la française.
La taxation des surprofits pour toutes les grandes entreprises, en particulier celles qui ont un intérêt stratégique doit permettre de développer un nouveau volontarisme industriel.
Il serait tout aussi légitime de pousser Total à investir dans la recherche comme par exemple dans la chimie verte et de soutenir des investissements dans les énergies renouvelables, l’isolation des bâtiments et le développement du Ferro-routage. La politique industrielle doit amener l’Etat à mieux se faire entendre dans les choix économiques et industriels.
Il ne suffit pas de parler de relance d’un système en crise, il faut changer de logique et de méthode et promouvoir une nouvelle vision. La gauche doit promouvoir une nouvelle conception de l’économie mixte : secteur privé, secteur public, secteur de l’économie sociale.