Voilà plus de 25 ans que je suis de près la politique européenne et je constate toujours la même obstination des dirigeants à poursuivre, sans se remettre en cause, des dogmes, jugés intangibles quoi qu’en dise les peuples, les réalités, les faits. Depuis cette période, On a eu droit, au tout « concurrence », au tout marchand, à l’orthodoxie monétaire, à la réduction systématique des dépenses publiques, aux privatisations. Et dès que la situation se dégradait, le seul diagnostic était toujours le même : on en a pas fait assez, il faut aller plus loin, plus vite et toujours dans la même direction ! Quand les peuples rejetaient cette fuite en avant qu’ils jugeaient catastrophique, tout était fait pour les discréditer et contourner leur avis et vote. Le comble fut atteint avec la façon antidémocratique de s’asseoir sur le NON français en faisant approuver le traité de Lisbonne copie conforme au projet de constitution européenne rejeté si massivement un an plus tôt !
Même la grande crise financière n’a rien changé de fondamental. En dépit de discours et de vagues décisions sur un minimum minimorum de régulation bancaire, tout continue comme avant et en pire! Désormais, l’austérité, en particulier pour les salariés et les plus fragiles, fait partie de la panoplie obligée des pseudos europhiles !
Les conséquences de cet aveuglement idéologique étaient, déjà, dramatiquement perceptibles depuis quelques temps : croissance faible, accroissement des inégalités, recul des exportations et de l’industrie, absence de solidarité, montée du populisme et des idéologies racistes, recul du sentiment européen etc…. Mais avec l’affaire grecque, après l’Irlande et aussi l’Espagne et le Portugal, la situation prend une ampleur sans commune mesure. On pourrait attendre un sursaut. Que nenni ! On continue, on s’obstine. Jusqu’où ? Jusqu’à quand ? Pendant ce temps-là le peuple grec, mais aussi tous les peuples d’Europe trinquent. Ils protestent aussi, s’indignent. Mais pour autant, ces mouvements pour importants qu’ils soient ne sont pas en mesure de modifier radicalement la donne. C’est d’ailleurs, hélas, ce que la plupart des manifestants ressentent et qui entretient davantage une certaine colère résignée que la construction d’une alternative. Et si la sociale démocratie et les socialistes européens ne réagissent pas vite pour porter de véritable rupture dans la logique dominante actuellement et depuis plusieurs dizaines d’année en Europe, ils seront durablement écartés du pouvoir, discrédités dans les milieux populaires sans lesquels ils ne sont rien. Deux forces montantes les concurrencent. D’un côté, les écologistes qui comme en Allemagne et une minorité en France se situent au centre, voir au centre droit, en particulier sur le terrain économique et social. De l’autre, les partis nationalistes, voir fascisants qui font du retour aux frontière, la reconquête d’une souveraineté abandonnée à la mondialisation libérale. Car il faut bien noter que ce n’est pas la gauche de la gauche qui capitalise actuellement de façon décisive le discrédit de la social-démocratie. Ce mouvement, sans sursaut majeur, se poursuivra.
De ce point de vue, les socialistes français et plus généralement de la gauche française ont une responsabilité particulière et doivent en 2012 présenter une voie nouvelle, une stratégie alternative en particulier face à l’Allemagne d’Angela Merckel.
Mais dès à présent, il faut impérativement mobiliser les français contre les mauvais coups faits aux grecs et au pacte d’austérité que les dirigeants européens et Nicolas Sarkozy veulent nous imposer !
Oui le cas grec illustre l’absurdité, le danger et l’inacceptable des politiques européennes actuelles.
Contrairement aux prévisions des missi dominici de l'Union européenne, la Banque centrale européenne et le FMI, le remède de cheval imposé au peuple grec a provoqué récession et augmentation du déficit public donc de la dette.
La Grèce ne pourra pas se financer sur les marchés à partir de 2012, comme il était prévu dans le premier plan de sauvetage, et un nouveau prêt conjoint de l'Union européenne et du FMI va lui être consenti pour aller jusqu'en 2014. 60 milliards d'euros vont s'ajouter aux 110 milliards d'euros déjà accordés.
On ne peut pourtant pas dire que les syndicats et les économistes de gauche n’avait pas prévenu ! Et bien pourtant les mêmes qui viennent d’effectuer une mission pour étudier comment faire face aux risques accrus de défaut de ce pays et bien, o surprise, il faut un nouveau tour de vis, privatiser à tous bras … Du classique. Errare humanum est, perseverare diabolicum !
Le gouvernement grec doit réduire son budget d’au moins 6,4 milliards d'euros en 2011 et 22 milliards d'ici à 2015. L'objectif fixé à la Grèce est d'avoir un déficit budgétaire inférieur à 1% d'ici à 2015 (absurde et ridicule). La méthode prônée est connu: augmentations supplémentaires des taxes, réduction du nombre de fonctionnaires, nouvelles coupes salariales. Les instances internationales ne disent rien du budget militaire grec qui représente plus de 4% du PIB et qui profite aux industriels français et allemands (ils ont signé pour plus de 2,5 milliards d'euros de contrats ces dernières années)
L’Europe exige au moins 50 milliards d'euros de cession d'actifs et le FMI va jusqu’à 300 milliards d'euros! Téléphone, eau, électricité, autoroutes, ports, jeux : tout va y passer. Brader les actifs est très dangereux et fragilise dans la durée les recettes publiques ! pour ajouter l’humiliation à l’erreur, des experts étrangers vont surveiller les opérations !
Le peuple grec devient fataliste même si les mobilisations se poursuivent.
Les indignés de Madrid ont quitté la Puerta del sol.. Là aussi le décrochage avec le PSOE et la politique s’est installé.
Le peuple portugais s’est massivement abstenu permettant la victoire de la droite…tout cela est très dangereux mais l’Europe ne bouge pas
La Hongrie va présider l’Union. Chacun sait que l’extrême droite y est montante et très bien tolérée par le pouvoir en place !
Sombre constat ! Le PS français doit secouer la social-démocratie pour qu’elle réagisse !
L'accord avec le SPD sur la création d'une taxe financière est un symbole positif et la présentation conjointre d'une proposition de loi dans les deux Parlements français et allemand une bonne idée.. Mais si loin de l'urgence économique et social.. Et même, cette initiative n'a pas permis un vote majoritaire au Bundestag , alors même qu'en France si le principe en était voté, la mise en oeuvre demeure hypothétique.
Le temps n'est plus aux symboles mais au rapport de force!