Tribune publiée ce jour, avec Paul Quiles dans Médiapart:
Il faudrait être aveugle et sourd pour ne pas comprendre que la grave crise qui affecte le système économique international aura des conséquences de grande ampleur en France, notamment sur le plan social. Pour la gauche, qui aspire à gouverner en 2012, rien ne serait pire que de présenter un front désuni, alors que l’histoire s’accélère à ce point.
Malheureusement, les divisions qui ne cessent de s’afficher entretiennent la confusion et la focalisation sur les combats de personnes liée à l’acceptation sans nuance des institutions de la Vème République accroit la défiance. De plus, l’absence de plateforme commune portant une alternative décourage les couches populaires, entretient un brouillage des lignes politiques et laisse le champ libre à des idéologies inquiétantes.
La gravité de la situation impose aux leaders de la gauche que, malgré les nuances de leurs analyses et de leurs propositions, ils sachent faire taire les ambitions personnelles et penser collectif. La division, l’éparpillement, la recherche de solutions conjoncturelles "magiques", l’exacerbation des différences ne peuvent que nuire à la crédibilité de l’alternative que doit représenter la gauche.
C’est pourquoi, il semble indispensable que soit convoqué de toute urgence un sommet des dirigeants de la gauche, afin de déterminer un "socle" commun de propositions, présentant une stratégie de sortie de crise et susceptible de mobiliser une majorité de Français, pour répondre à leur inquiétude et à leur désarroi.
D’une façon plus générale, la gauche doit convaincre de sa capacité à transformer en profondeur la société, les conditions de vie et notre mode de développement. Elle doit, pour cela, prendre conscience que deux exigences s’imposent à elle: celle du rassemblement de l’ensemble des forces de gauche et écologistes, condition incontournable de la victoire électorale; celle de la formulation d’une véritable alternative de pensée et de gouvernement.
C’est ce que prône le club Gauche Avenir depuis 4 ans, à travers une démarche qui veut montrer, par l’exemple, que cela est possible. Des «assemblées des gauches », réunissant des responsables et des militants des diverses sensibilités de la gauche et de l’écologie, ont d’ores et déjà permis :
- une confrontation constructive entre les différents points de vue sur des sujets importants (logement, énergie et prochainement éducation, institutions)
- l’élaboration de propositions unitaires ambitieuses. Les éventuelles différences d’approche sont explicitées. Il ne s’agit pas de nier les désaccords, mais de clarifier le socle commun d’une action transformatrice, en privilégiant la coopération et en dépassant la stricte concurrence entre les diverses cultures.
C’est par un projet et des propositions de changements réels que l’on pourra mobiliser largement les Français. C’est en donnant au travail des idées la place qui doit être la sienne -première- qu’on pourra ramener vers les urnes tous ceux qui ne croient plus à l’exemplarité et à la sincérité de leurs dirigeants.
Face à l’inquiétude de nos concitoyens et aux grandes difficultés que rencontre un nombre croissant d’entre eux, il faut aller à l’essentiel, ne pas se laisser égarer par des enjeux seconds et redonner à la politique toute sa noblesse.