Voilà Ségolène Royal, à nouveau tentée par la reprise des idées et thématiques de la droite. Elle explique que la règle d’or est une bonne idée ! Cette dérive et ces affirmations sont dangereuses, déroulant un boulevard de crédibilité à Nicolas Sarkozy et heurtant de plein fouet les thèses de la gauche. On l’a connu récemment mieux inspirée !
Qui ne voit que cette règle d’or est le prétexte à un coup tactique pour l’actuel président de la République qui rêve de diviser la gauche, d’entretenir la confusion dans les esprits et de faire croire qu’il prend à bras le corps le problème des déficits, alors même que ses gouvernements en sont largement responsables et que le redressement de la situation ne nécessite en rien l’inscription de ce principe dans notre constitution ! Ce redressement exige d’autres choix, un vrai changement de politique…
Alors bien sûr, certains responsables socialistes pilotent à vue, en suivant les sondages ! On voit où cela nous amené ! Systématiquement à la défaite et à un décalage croissant entre les dirigeants de la gauche et des citoyens. Il faut faire des choix cohérents, argumentés et dans l’intérêt de notre pays et singulièrement des salariés et français moyens ou modestes ! Il faut s’y tenir et expliquer ces positions même si dans un premier mouvement l’opinion peut se laisser détourner. On pourrait prendre moultes exemples, où dans un premier mouvement nos concitoyens s’affirment favorables à des propositions de la droite puis changent radicalement d’avis lorsqu’ils en comprennent les effets ! Ce fut le cas pour le CPE pour les jeunes ou pour la journée de solidarité, lors du lundi de pentecôte !
Au lieu de laisser planer le doute et donner du grain à moudre à la droite clarifions notre argumentaire :
- Nous ne jugeons pas souhaitable, ni possible d’accroitre en permanence notre dette. Notre politique doit la réduire cela va de soi, ainsi que les déficits !
On remarquera que, dans de nombreux pays, les tenants de la pensée néolibérale qui ont imposé des mesures draconiennes et brutales de restrictions budgétaires et d’austérité sociale ont provoqué la récession, creusant les déficits qu’ils prétendaient réduire. Bonjour les génies politiques, doctes donneurs de leçons, trouvant en toutes circonstances des raisons de limiter ou réduire tout progrès social ! En tout cas, Il y a dans notre pays de réelles marges de manœuvre, en particulier à travers une ambitieuse redistribution des richesses, une véritable révolution fiscale. Il y a aussi des choix macro-économiques et structurels( politique industrielle, juste échange , politique salariale) qui peuvent soutenir la croissance et restaurer un meilleur équilibre des comptes.
- Mais nous sommes hostiles à l’inscription de l’équilibre des comptes dans la constitution.
Soit par ce que les termes choisis en font une contrainte fictive et il serait grave de délégitimer les textes et le contenu de notre constitution. Soit, c’est une vraie contrainte et peut devenir un carcan privant le gouvernement et le Parlement de choix budgétaires qui, à certains moments peuvent justifier des déficits (pas n’importe lesquels d’ailleurs), moteurs de la croissance ou indispensables pour prendre des avances d’avenir ! La règle d’or est un carcan qui peut aller à rebours du but recherché. C’est aux élus de faire des choix en fonction de la réalité économique, sociale du pays. Si la nouvelle mode des libéraux (pas si nouvelle d’ailleurs car certains pays s’y sont essayé il y a plusieurs années et s’en mordent amèrement les doigts aujourd’hui !) est cette fameuse règle d’or, c’est pour s’affranchir davantage des choix démocratiques des peuples. On a, hélas, observé comment la mondialisation a dépossédé les Etats, les citoyens de moyens d’interventions et de maitrise de leurs destins et fait des marchés, de la finance et des multinationales les pouvoirs dominants, sans contrôle ni limites réelles.. La règle d’or c’est aller encore plus loin dans l’affaiblissement démocratiques et faire des postulats économiques libéraux des dogmes et contraintes intangibles ! c’est par principe inacceptable. Et elle est proposée, justement au moment, où un peu partout sur la planète les peuples refusent de payer les aberrations d’un système, une crise qu’ils n’ont pas provoquée. La règle d’or veut les mettre au pas, éviter que leurs revendications soient pris en compte.
Depuis quelques jours, on croit rêver en observant l’étonnant spectacle de cette droite qui a doublé les déficits, prétend se refaire en virginité en faisant voter une règle constitutionnelle vertueuse, n’a pas le courage de s’attaquer massivement aux niches fiscales, et cède chaque jour à tel ou tel lobbies pour remettre en cause ses décisions et réduire les efforts si limités, demandés aux plus aisés !
Alors de grâce, que les dirigeants et candidats socialistes ne se laissent pas berner ; la règle d’or est non seulement une entourloupe politicienne, mais plus encore le nouvel avatar de l’offensive libérale, qu’ils ont insuffisamment repoussé dans le passé ! Il faut savoir tirer les leçons de nos erreurs et de la réalité de cette crise qui commande de changer !
-