Par LILIAN ALEMAGNA http://www.liberation.fr/politiques/01012392631-faisons-attention-a-ne-pas-diviser-la-gauche
Après les députés, les sénateurs se prononcent aujourd’hui sur le Mécanisme européen de stabilité (MES). Doté de 500 milliards d’euros, ce dispositif doit remplacer en 2013 le Fonds européen de stabilité financière (FESF) et venir en aide aux pays de la zone euro.
La semaine dernière, les députés PS avaient choisi de s’abstenir. Ils refusaient que le MES soit lié au futur traité de discipline budgétaire que François Hollande veut renégocier. Seuls 16 d’entre eux (dont Henri Emmanuelli et Julien Dray) ont voté contre. Au Sénat, où la gauche est majoritaire, la plupart des socialistes devraient aussi s’abstenir, ce qui permettra l’adoption du texte. Sénatrice PS de Paris, Marie-Noëlle Lienemann votera contre.
Pourquoi ce choix ?
Le MES est une illusion. Il lie le déblocage de l’aide aux pays en difficultés à la ratification du traité «Merkozy» qui nous impose l’austérité. Il faut rejeter tout le paquet.
Mais vos camarades ont opté pour l’abstention…
Il y a toujours eu deux stratégies au sein du PS : d’un côté, ceux qui veulent dire non pour acter un coup d’arrêt. De l’autre, ceux qui ne veulent pas bloquer les institutions européennes. Nous avons déjà eu ce débat en 2005 [lors du référendum sur le traité constitutionnel européen qui avait déchiré les socialistes, ndlr]. Mais, cette fois-ci, personne n’est pour ! Tout le monde est dans une perspective de renégociation du traité. J’aurais préféré que la majorité vote non et que la minorité s’abstienne. C’est l’inverse. Mais ça n’a rien de dramatique.
Le chef du PCF, Pierre Laurent, a demandé hier à la gauche de s’engager à proposer un référendum sur l’UE si elle gagne. Vous le suivez ?
Par principe, je suis pour que les questions sur l’UE qui touchent à la souveraineté soient tranchées par le peuple. Mais ne nous trompons pas d’échéance… Il ne faut pas mettre le couteau sous la gorge de François Hollande.
Le Front de gauche veut soumettre le MES au Conseil constitutionnel avant le Sénat. Allez-vous les aider ?
Je n’apporterai aucune signature à une initiative autre que celle de mon groupe. En revanche, soumettre le texte au Conseil constitutionnel a posteriori, c’est autre chose. Pour la première fois, un traité européen sera ratifié sans son avis préalable. Or, il y a un doute sur sa constitutionnalité : le plafond du MES pourra être augmenté sans consultation des parlements nationaux. C’est une atteinte à la souveraineté budgétaire. Mais, dans cette période, faisons attention à ne pas diviser la gauche. La première urgence est de changer de majorité pour pouvoir renégocier le traité.