Une fois de plus, Ségolène Royal veut tout focaliser sur la question de l’insécurité et passe sous silence l’ensemble des difficultés que doit surmonter l’Education Nationale avec au premier chef l’enjeu des inégalités sociales et de l’échec des enfants les plus en difficultés.
Passe encore, que l’ancienne ministre déléguée à la vie scolaire et à la famille, se place sur le terrain classique de la droite, mais le plus grave est que les solutions qu’elle préconise sont ineptes et inopérantes.
Rapporteur d’un groupe de travail interministériel sur l’aide aux victimes, nous avions traité de la question de la violence dans les établissements scolaires et singulièrement en collège et en lycée professionnelle. Les propositions faites alors ont manifestement peu intéressé une ministre qui aurait pu alors agir. L’une des propositions était la constitution dans les établissements scolaires d’un lieu ressource où les élèves victimes (ou délinquants) pouvait venir confier en toute confidentialité ses problèmes et évoquer la façon de les régler. Evidemment, cela exigeait que l’établissement et L’Education Nationale sollicitent si besoin la justice et en particulier la médiation pénale. Mais la chaine des violences subies est complexe et peut démarrer par des pressions difficilement qualifiables au niveau pénal, et pourtant extrêmement perturbantes pour un enfant ! Ce lieu ressource doit être composé de psychologue, de conseillers d’éducations voir d’infirmières scolaires et s’adjoindre des enseignants car autour de ce lieu doit s’engager un véritable travail sur la non violence qui est une œuvre éducative majeure.
J’ai vécu longtemps en grand-ensemble et fut plus de trente ans élue de banlieue, je peux affirmer que c’est bien le niveau global de violence et de tension qui s’accroît et pas seulement quelques cas isolés de « déviance » qui perturbent le reste. Ces enfants extrêmes ne sont que la partie visible d’un iceberg !
Plus la pression monte, plus la violence vient en écho, plus forte encore. Il faut donc faire respecter avec rigueur la loi et la règle, lever la chape de plomb de la peur qui saisit le plus faible et les victimes mais faire œuvre permanente de sérénité, de dialogue, d’affection et de nouvelles chances ouvertes à tous. Oui il faut parler d’affection car les enfants souffrent beaucoup dans des familles où s’accumulent les problèmes financiers sociaux et relationnels. Dans nos commissariats, le plus grand nombre de plaintes ou mains courantes concernent les violences familiales ! Alors, mettre un « surveillant » chargé de la discipline dans les classes difficiles (c’est quoi une classe difficile ?? )Professeur dans des collèges de banlieue, j’avais déjà pu observer que certaines classes posaient problèmes avec certains enseignants et pas d’autres ! Un "surveillant" à côté du professeur vient en fait contester son autorité.
Il ne faut pas confondre autorité et autoritarisme. Il faut consolider l’autorité des enseignants ! Oui. Mais en leur permettant de l’exercer eux même dans de bonnes conditions. Moins d’élèves dans ces classes où à l’évidence échecs scolaires et comportements difficiles se mêlent, lieu ressource, cellule éducative de lutte contre la violence, des nouvelles pratiques plus systématiques et participatives d’instruction civique, classe relais avec des éducateurs de prévention pour les jeunes les plus perturbés. Faire taire un élève qui ne fait rien et a décroché au fond de la classe, est-ce la bonne méthode ? Quelle violence sortira t’il dehors ?
L’école est là pour enseigner et éduquer et la noblesse du service public est de la faire partout et pour tous ! Mais chacun voit bien que la dureté des temps et de la société exigent des moyens, une mobilisation de tous, la confiance dans les enseignants. Le gouvernement fait l’inverse ! Soyons solidaires des grèves enseignantes qui se préparent ! Dénonçons la réduction du nombre de postes dans les concours d’enseignants l’an prochain!
Développons aussi le pré-recrutement pour que les jeunes des milieux
populaires et des cités soient payés pendant leurs études pour devenir
instituteurs ou professeurs. Recrutons au sein de l’éducation des
psychologues, des orthophonistes, des éducateurs spécialisés pour
accompagner les enseignants dans leurs tâches éducatives, à travers des
structures nouvelles dans les établissements ! Mais là, il faut des
moyens, des personnels formés !
Sinon, insensiblement nous glisserons vers un système à l’américaine.
Les mauvaises réponses qui y sont apportées là bas ne doivent en aucun
cas faire école chez nous ! Regardez la vidéo du film : bowling for
colombine !
D’ailleurs quand Sarkozy parle de rupture, c’est bel et bien avec la tradition républicaine et avec le gaullisme qu’il veut rompre. Quand à la présidente de Poitou-Charentes, rien n’est clair. Elle déclarait lors d'un entretien à Vogue en mars 2006: "Je crois que je peux battre Nicolas Sarkozy. Il dit qu'il veut faire la rupture, je suis la rupture."
Et aujourd'hui, après le discours de Sarkozy, à Montpellier, elle déclare aux journalistes: "Je ne suis pas la rupture, je suis la transmission vers le progrès pour préparer l'avenir". Les Raffarinades sont-elles une spécialité régionale. NON, soyons sérieux.
L’essentiel est notre projet pour l’école qui va de pair avec un profond changement de notre société et de politique économique et sociale ! Une autre politique est possible..