Quand nous disions que la défense du pouvoir d’achat serait un thème majeur des présidentielles, certains bons esprits nous faisaient un procès en archaïsme, se gaussaient de notre insistance à juger prioritaire la hausse du SMIC, de résister à cette dérive libérale qui désormais précarise et affaiblit aussi une large part des couches moyennes, et négligeaient l’exigence de redistribution des richesses pour relancer l’économie et redonner crédit à notre projet républicain.. D’autres sujets semblaient plus à la mode, mais la réalité finit toujours par s’imposer.et la réalité est dure.
Les récentes publications sur la pauvreté sont éloquentes : plus de 7 millions de français vivent avec moins de 800 Euros par mois.
Les chiffres seraient plus alarmants encore, si étaient pris en compte ceux dont les ressources sont inférieures à 1000 Euros et qui n’arrivent pas à s’en sortir. Il a d’une part des salaires insuffisants, d’autres part le prix des dépenses obligatoires qui explosent. Il s’agit du logement, des transports, des assurances, de l’énergie…de ce coté là, le gouvernement n’a pris aucune mesure pour limiter les dérapages de ces dépenses, au contraire il a, comme dans le secteur du logement et de l’immobilier, entretenu la dérive, la spéculation…
Une récente étude qui vient d’être publiée par le ministère de l’équipement montre qu’en 2004, ces dépenses courantes de logement avaient déjà atteint le score le plus élevé depuis 20 ans ! Elles représentent en moyenne 21,2% du revenu (contre 21 % en 2003 et 20,4% en 2002). Et ce n’est qu’une moyenne, pour un smicard ou une famille aux revenus modestes, le coût du logement peut dépasser les 40% de leurs ressources. Il est urgent que les pouvoirs publics prennent des mesures immédiates d’encadrement du prix des loyers et des transactions immobilières afin de stopper cette spirale à la hausse et de restaurer des prix plus conformes aux moyens des français. Sans des actions fortes, il ne faut pas compter sur le dégonflement de la bulle immobilière pour retrouver des niveaux corrects de prix !
Je l’ai répété sans arrêts depuis quelques mois, la revalorisation du Smic et des bas salaires est une idée neuve, une idée qui fait du chemin. Avez-vous vu cette déclaration de Jean-Claude Junker, le président de l’Eurogroupe, premier ministre luxembourgeois, devant le Parlement Européen : "je plaiderai toujours pour un socle de droits sociaux minimaux au niveau européen. Il faut un salaire minimum partout, mais pas forcément au même niveau partout. Je souhaiterai des revenus minimums garantis et des revenus minimums d'insertion sociale. Chaque Etat membre doit se doter de tels instruments pour lutter contre la pauvreté". Pour un conservateur, pas mal. Encore un effort et le principe de convergence progressive, et vers le haut de ces salaires minima et nous retrouvons la grande bataille pour un traité social que nous défendons depuis des années !