Hier, j’étais à Aurillac dans le Cantal pour poser la première pierre d’une opération de 15 logements sociaux en location-accession. Le temps était merveilleux, l’opération intéressante, d’autant plus qu’au delà de son caractère social, elle s’attachait au développement durable puisque les pavillons étaient tous pourvus de panneaux solaires pour l’eau chaude et de réservoir pour stocker les eaux pluviales. Nous étions arrivés par l’avion avec une heure de retard. Aimablement les élus locaux, René Souchon le président de la région, un ami de longue date, mais aussi le nouveau et jeune Maire qui lui a succédé lors de son accession à la présidence de la région Auvergne ainsi que le président de l’agglomération, un camarade du PRG avaient accepté de retarder la cérémonie.
A l’arrivée, tous nous ont dit qu’hélas ces retards étaient chroniques, que l’avion utilisé par la compagnie n’était pas celui prévu dans le contrat d’affrètement et que cette déserte aérienne, indispensable pour le développement du secteur (il faut près de 5 heures de train depuis Paris) coûtait très cher aux contribuables locaux car l’agglomération, le conseil général et je crois la Région finançait à plus d’un million d’euro par an cette liaison, au demeurant encore onéreuse pour le passager. Voilà une des tristes conséquences de la libéralisation du transport aérien qui n’assure plus l’indispensable péréquation des tarifs entre lignes rentables et non rentables. Bonjour l’aménagement du territoire !
Les élus m’expliquent que pour la plupart des services publics, ils doivent mettre la main à la poche. Ainsi l’agglomération contribue à l’antenne universitaire, alors que le supérieur est de la compétence exclusive de l’Etat et que sans cette proximité , bon nombre de jeunes n’entreprendraient pas des études universitaires, qu’ils devraient financer des sommes folles pour se rendre et se loger à Clermont où il faudrait construire encore davantage de logements étudiants et que tout cela pèserait aussi sur les budgets de l’Etat. Même préoccupation avec la Poste où le maintien du service en zone rural est un combat de tous les instants et le pire est devant nous si le projet européen de généralisation de la concurrence même pour le courrier ordinaire vient à être adopté.
Au déjeuner, nous évoquons la nécessité d’anticiper les investissements importants qu’il faudra faire pour doter tout le territoire d’accès à l’internet très rapide avec la fibre optique. Il serait indispensable d’établir un véritablement plan d’équipement de tout le pays en définissant le cadre du financement qui, on le voit bien, ne peut être assuré localement. Car à l’évidence, là où le marché sera porteur –et d’ailleurs où les collectivités sont riches-, le privé assurera spontanément les installations et ailleurs, ne restera que le public. Il est essentiel de prévoir, de planifier. Le mot ne doit plus être tabou.
En tout cas je suis persuadée que la France doit exiger une remise à plat des dérégulations européennes opérées, un moratoire sur toute nouvelles dérégulations et le vote d’une directive cadre protégeant et développant les services publics. Notre pays doit aussi voter une loi fixant les services publics garantis et égaux pour tous et partout. L’Etat doit d’une part contraindre les opérateurs à assumer leur part de solidarité, ainsi qu’un effort proportionné à leurs bénéfices pour assurer une contribution effective à l’égalité territoriale. Enfin L’Etat doit pleinement assumer ses responsabilités dans son champ de compétences sans mettre à contribution les collectivités locales. Il est grand temps de redonner sens à la République dans nos territoires.