Thierry Breton, Ministre des finances, veut faire croire que les régions sont responsables de la hausse du prix de l’essence et de la faible répercussion à la pompe, de la baisse récente du prix du baril. Après avoir obstinément refusé de restaurer la TIPP flottante (que la gauche avait créé pour que nos concitoyens ne voient pas leur pouvoir d’achat lourdement amputé lors des hausses importantes du prix du pétrole), le gouvernement n’a rien trouvé de plus malin que de transférer aux régions cet impôt (la TIPP) en guise de compensation d’un certain nombre de nouvelles compétences décentralisées, comme, par exemple, la formation des personnels du secteur sanitaire et social ( éducateurs, infirmières, kinésithérapeutes …).
Or si, la première année, la taxe compense les dépenses que l’Etat consacrait à ces activités, ces sommes ne suffisent plus les années suivantes. Et cet écart est d’autant plus élevé qu’auparavant, l’Etat ne mettait pas les moyens suffisants à un fonctionnement correct des services. En l’occurrence, chacun a gardé en mémoire cette absurde situation du manque d’infirmières et l’appel à des infirmières espagnol, faute d’en avoir suffisamment formé dans notre pays. Ce décalage s’amplifie très vite lorsqu’il s’agit d’actions qui répondent à des besoins croissants. C’est le cas pour ces formations sanitaires et sociales avec le vieillissement de la population. C’est la décentralisation « patate chaude » qui revient à transférer aux régions des charges croissantes sans compensations suffisantes autres que des impôts que ces collectivités seront obligées d’augmenter sauf à laisser s’accumuler les manques et les retards. Qui ne voit que ce serait une grave erreur, lourde de conséquence ?
Ainsi la décentralisation Raffarin-Villepin c’est le transfert des
impôts, des secteurs en difficultés et l’accroissement des inégalités.
D’ailleurs les Français ne s’y trompent pas. Ils ne souhaitent pas que
la France stoppe la décentralisation. Car au-delà de l’augmentation
induite des impôts (et les impôts locaux sont parmi les plus injustes),
nos concitoyens savent que la décentralisation accroit les inégalités
entre les territoires, que même les péréquations financières n’arrivent
jamais à combler.
Tous les sondages et les enquêtes d’opinions convergent et témoignent
de ce refus d’une nouvelle avancée de la décentralisation par une
grande majorité des français.
Réformer l’Etat, les services publics pour garantir vraiment l’égalité (l’égalité d’accès des services publics partout et pour tous, et l’égalité sociale réelle) doit être le grand enjeu du prochain mandat présidentiel. Alors, stoppons le démantèlement de l’Etat au nom de la décentralisation ; Il n’est pas neutre d’observer que partout les libéraux tentent de nous faire croire que seule la proximité permet de résoudre les problèmes dans un monde où la globalisation permet aux capitaux et les capitalistes de s’exonérer des régulations et arbitrages des Etats et des peuples. Ne soyons pas dupe, cette miniaturisation de la politique, cette réduction du champ des redistributions, cette mise en concurrence des territoires qui cherchent tous à s’en tirer contre les autres plutôt que d’accroitre les solidarités est un avatar du libéralisme. Alors, la gauche a eu raison de décentraliser en 1981, car il fallait rééquilibrer les pouvoirs et les niveaux de responsabilités. Mais trop, c’est trop et l’équilibre entre local et national est en train de se rompre. Organisons mieux la décentralisation actuelle, n’en rajoutons pas !