Pendant que nous battons les estrades en faveur d’un Smic à 1500 Euros, le plus vite possible, avant la fin de la prochaine législature et que nous avons beaucoup agi pour que cet objectif soit retenu dans le programme présidentiel, nos voisins allemands sont eux aussi en pleine effervescence sur ce sujet majeur ! En effet, les sociaux- démocrates allemand du SPD souhaitent obtenir la création d’un salaire minimum garanti dans leur pays et cela crée des remous importants dans la grande coalition qui a été réalisée autour de la chancelière Angela Merckel.
Le président du SPD veut mettre « la création d’un SMIC » au cœur de sa prochaine campagne législative. C’est un véritable changement dans une Allemagne qui a toujours répugné à définir par la loi et la décision publique des standards sociaux, privilégiant la négociation sociale.
Mais l’Allemagne, comme la plupart des autres pays, est percutée d’une part par le développement des PME et TPE où la représentation syndicale est, là comme ailleurs, très faible et d’autre part par la mondialisation qui pousse bon nombre de grandes firmes allemandes à abandonner la cogestion. Ce pays a vu, en dépit de ce modèle social rhénan souvent envié, une explosion des emplois à très bas salaires – Souvenez vous de l’épisode des enchères renversées sur internet où les salariés proposaient d’être de moins en moins payés pour réaliser un travail- et une baisse des salaires ( ils ont en moyenne baisser de 9% en 10 ans an Allemagne). Plus de 3,5 Millions d’allemands sont très mal payés et plus de 520 000 salariés à plein temps reçoivent des aides sociales complémentaires diverses de l’Etat ou des Land pour pallier à la faiblesse de leurs salaires ! Ainsi, les syndicalistes et responsables politiques en arrivent à une conclusion que nous avons toujours défendu à savoir que la loi doit intervenir comme filet de protection, doit fixer des cadres qui contribuent au rapport de force en faveur des salariés.
La défense du smic, une idée qui a fait son chemin contre les libéraux ! Il y a quelques années, les libéraux avaient mené une féroce bataille en faveur de la suppression du SMIC. Les économistes, toujours doctes expliquaient que cette exigence salariale était un frein à l’embauche, une semelle de plomb pour l’économie française. Le scénario habituel, jusqu’à ce que l’OCDE, après avoir prétendu l’inverse, ait ,il y a peu, montré que tel n’était pas le cas. Nous avions su résister contre vents et marées, et même contre cette absurdité du SMIC jeune qui visait à jeter un premier coin dans le principe du salaire minimum unique. Nous fûmes traités d’archaïques et pourtant quelques années plus tard le Royaume-Uni créait un salaire minimum… La résistance a du bon, lorsqu’il s’agit de principes fondamentaux et de valeurs universelles ! Aujourd’hui l’Allemagne va dans le même sens et c’est bien pour construire l’Europe sociale.
Car la mise en place de convergences des salaires minimum, harmonisés vers le haut, certes progressives et échelonnées doit permettre à terme de créer un SMIC européen permettant de combattre les délocalisations financières. Alors soutenons nos camarades allemands pour la création d’un SMIC. C’est un des points majeurs pour la construction d’une Europe sociale sans laquelle aucune nouvelle étape institutionnelle ne saura convaincre les peuples. Il faut faire vite, car, aujourd’hui l’écart entre les SMIC est énorme, le plus élevé dans les 27 pays est celui du Luxembourg avec 9,08 Euros de l’heure suivi de celui de l’Irlande avec 8,30 doublant de peu la France qui se situe à 8,27 tandis que le plus bas est celui de la Bulgarie avec 0,53 Euros ( et oui, même pas un euro !) au dessus de l’Estonie ( 1,33 Euros) de la Pologne (1,34), de la Hongrie (1,50) mais si les économistes font valoir que les coûts de la vie sont très différents d’un pays à l’autre, les objets manufacturés sont vendus à des prix très faibles au regard du paiement de la main d’œuvre et cela crée le fameux dumping social que l’on doit combattre et génère des délocalisations intra communautaires sapant l’esprit de solidarité entre européens !
Partout les salariés se mobilisent pour les salaires ! Tenons bon sur la proposition du SMIC à 1500€
Partout ceux qui travaillent ont vu une érosion de leur pouvoir d’achat et l’actionnaire et des patrons de mieux en mieux rémunérés par rapport au travail qui l’était en proportion de moins en moins ! Il faut inverser le mouvement et restaurer une plus juste répartition des richesses produites entre capital et travail.
C’est tout le sens des revendications salariales qui se multiplient actuellement en Allemagne ou l’IG métal revendique une hausse de 6,5 % pour 2007 et l’IG Bau, lui demande une augmentation de 5 ,5% (le BTP est l’une des 4 branches qui a déjà un salaire minimal en Allemagne) ! Pour montrer à quel point le niveau des bas salaires est faible, il suffit de constater que les syndicats veulent avoir des garanties que leur SMIC ne sera pas inférieur à 7,5€ de l’heure, ce qui le mettrait en dessous du SMIC britannique qui, lui est à 7,96€. On comprend la pugnacité des salariés allemands !
C’est tout le sens, aussi, de notre proposition de SMIC à 1500 Euros qui augmenterait ainsi de 20% ( si l’on considère qu’il s’agit du SMIC Brut, actuellement à 1254€ mensuel soit un taux horaire de 8,27€ en 2006 qui passerait à 9,89€). Au delà du Smic, c’est bien la hausse des bas et moyens salaires qu’il faut réussir et c’est tout l’enjeu de la conférence annuelle salariale que nous défendons. Bien évidemment nous ne saurions accepter l’écrasement de la grille des salaires, mais ce n’est pas en bloquant la progression du bas qu’on créera une dynamique positive pour les autres, au contraire.
Enfin il y a les objections économiques classiquement émises pour toute hausse salariale. Or il n’aura échappé à personne que les grandes entreprises du CAC 40 ont annoncé des profits record et même les entreprises moyennes ont connu des années florissantes. Elles ont même vu augmenter leurs bénéfices plus que les très grandes. Les 210 entreprises moyennes cotées en bourse ont vu leur bénéfice par action augmenter de 21% ! Inutile de dire que les salaires, eux n’ont pas connu la même euphorie ! Ces entreprises là ont de la marge. C’est moins vrai pour certaines PME et TPE, d’où une double proposition : réformer la base des cotisations sociales en prenant la valeur ajoutée et non la masse salariale et remettre en cause les « aides » aux entreprises qui très largement ne servent à rien en terme d’emplois, de compétitivités en les réorientant en faveur des PME TPE qui innovent, qui luttent contre la précarité et pour accompagner, là où c’est nécessaire, une nouvelle politique salariale. C’est d’autant plus important de revaloriser les salaires et les conditions de travail que certains secteurs peinent à trouver des salariés par manque d’attractivité de leurs professions. C’est le cas du bâtiment qui crée beaucoup d’emplois, mais qui pourrait en créer davantage, et qui aurait tout intérêt à consolider le statut des professionnels pour attirer nos concitoyens vers ces métiers. Mais n’oublions pas aussi que la relance du pouvoir d’achat par les salaires est un levier important pour la reprise de la croissance et donc pour une réduction du chômage.
Tout se tient : L’emploi, le salaire, les conditions de travail ! Nos priorités pour les présidentielles !