Le quotidien Les Echos a publié dans son édition du Jeudi 27 Mars un supplément intitulé 'Environnement : l'Europe impose ses choix'. Vous trouverez ci-dessous quelques extraits de l'enquête.
Une directive pour dépolluer les mers
Après les marées noires, les proliférations d'algues vertes sur les plages et les classements « pavillon bleu » pour les eaux de baignades, les députés européens ont adopté l'an dernier une politique globale de protection du milieu marin, en accord avec le Conseil des ministres.
Leur credo : « La mer est un patrimoine précieux qu'il convient de protéger, de remettre en état et de traiter comme tel ». Votée en seconde lecture à l'unanimité, la « directive cadre relative à la protection du milieu marin » exige des gouvernements qu'ils mettent en oeuvre des politiques capables d'aboutir à un bon état écologique des eaux marines au plus tard en 2020. Eaux marines qui, en Europe, couvrent environ 3 millions de kilomètres carrés, soit l'équivalent des terres émergées.
Les Etats qui partagent une même région marine devront évaluer ensemble les pressions. Puis s'accorder sur ce qui serait le « bon état écologique », afin de pouvoir élaborer ensuite des programmes d'action et de surveillance. Par ailleurs, le Parlement européen s'est battu afin d'inclure l'obligation pour les Etats membres de créer des « zones marines protégées », où seront interdites des activités susceptibles de perturber la faune ou la flore.
La pollution ne s'arrêtant pas aux frontières, les politiques
doivent être harmonisées. La catastrophe du « Prestige » a souillé les
côtes espagnoles et françaises. La pollution de la mer Baltique
concerne tous les Etats riverains, où les femmes enceintes sont priées
de ne plus consommer certains poissons, car ils contiennent de la
dioxine.
Un texte adopté à l'unanimité
L'eurodéputée PS française Marie-Noëlle Lienemann, rapporteur du
texte au Parlement, se félicite d'avoir obtenu l'unanimité, un fait
assez rare. « Ce texte est passé inaperçu dans l'Hexagone. J'ai passé
des semaines et des mois de discussions acharnées pour obtenir un
consensus politique à Bruxelles, sans que cela me procure le moindre
bénéfice en France », regrette-elle. Et pourtant, avertit-elle, les
villes, les industries, les ports, les raffineries et toutes les
installations situées en bord de fleuves vont devoir réduire leurs
rejets. Il faut agir : l'étude économique commandée par Bruxelles
montre, par exemple, que si les eaux de baignades de la Côte d'Opale
continuaient à se détériorer, cela pourrait coûter entre 300 et 500
millions d'euros de pertes à l'industrie touristique locale.
J. C.
Développement durable - Les acteurs
Les eurodéputés
La commission Environnement, Santé publique et Sécurité alimentaire du Parlement européen compte 68 membres. C'est elle qui abrite en toute logique les meilleurs spécialistes de l'environnement. Une poignée d'entre eux sont devenus des interlocuteurs obligés. Parmi ces derniers, peu de Français. La socialiste Marie-Noëlle Lienemann (photo), qui réalise son troisième mandat européen, a acquis une solide réputation pour avoir mené de main ferme les directives-cadres sur l'eau et les milieux marins, tandis que Françoise Grossetête, vice-présidente du groupe des conservateurs (PPE-DE), est aussi réputée pour multiplier les questions écrites afin de surveiller la bonne application des directives.
Les pays du Sud ne sont pas non plus très bien représentés, sauf par l'Italien Guido Sacconi (socialiste européen, photo), une figure de poids. Rapporteur du règlement Reach sur les substances chimiques, il a tenu la dragée haute aux chimistes et a pris la tête d'une commission sur le changement climatique qui vient d'être créée pour arbitrer le combat anti-CO2 lancé par Bruxelles.
Actuellement, la plupart des figures de proue de la Commission sont engagées dans la lutte anti-CO2. Au premier rang, l'Allemand Karl-Heinz Florenz (PPE), avocat de l'industrie allemande, devenu un peu la bête noire des Verts au Parlement européen, mais néanmoins un excellent connaisseur des dossiers et un bourreau de travail. En face, le Luxembourgeois Claude Turmes, tête de liste des Verts de son pays, est nommé rapporteur de la directive sur les énergies renouvelables. Une opportunité unique pour ce spécialiste de l'énergie, déjà rapporteur de 4 directives sur l'électricité.
Parmi les ténors, il faut aussi citer le libéral britannique Chris Davies, expert des émissions de CO2 des voitures et du marché des quotas, la socialiste néerlandaise Dorette Corbey, la Finlandaise des Verts, Statu Hassi, ancienne ministre de l'Environnement de son pays, incarnation de la rigueur nordique. Autre membre du PPE, l'Irlandais Avril Doyle a la lourde tâche d'être rapporteur sur la directive sur les quotas de CO2.