Les émeutes qui se multiplient sur la planète font sortir en plein jour une réalité qui couvait depuis quelques années déjà : la hausse des prix alimentaires et une certaine pénurie de denrées.
L’affaire n’est pas si nouvelle et si quelques phénomènes climatiques ont accru les problèmes, ils montent en puissance depuis quelques années. Il y a plus de 5 ans, est apparu que l’Union Européenne devenait importatrice nette de blé en dépit de sa politique agricole commune !
Plus récemment, on découvre que nous manquons de lait ! Obsédées par la pression de l’OMC, le libéralisme ambiant et la volonté de diminuer de façon drastique les aides à L’agriculture, les institutions communautaires ont abandonné toute planification anticipatrice, tant sur les besoins mondiaux et européens réels que sur les énormes difficultés de produire plus, durable et en préservant l’écosystème. Evidemment ce n’est pas la seule incurie de L’UE qui est la cause de la flambées des prix en Haïti, en Afrique ou ailleurs. Mais c’est la même logique de libéralisation et de mondialisation généralisées qui aboutit à une triple crise : une pénurie, l’écart croissant entre les revenus du plus grand nombre et les prix, une dépendance alimentaire considérable des pays les plus pauvres.
Première limite : Faute d’avoir voulu « planifier », ou programmer la production, le marché a fait sa loi : organiser la réponse à la demande solvable et évidemment ne s’est que peu préoccupé de celle qui ne l’était pas. Avec l’accroissement de la population mondiale, l’affaire devenait de plus en plus risquée. Qui a dit que le marché était myope ?
Seconde limite : le refus de permettre aux états de mener dans des secteurs vitaux des politiques de fixation des prix et d’organiser des aides d’Etat. Lorsque la crise est là, de telles mesures sont autorisées mais elles viennent trop tard, car le niveau élevé des cours mondiaux ne baissera pas brutalement et nourrir leur population devient très coûteux. Dans le même temps, il serait utile de regarder ce qu’a été le profit accumulé des gros trusts agro-alimentaires. Cette question de la fixation des prix ne concerne pas uniquement le secteur alimentaire. Elle se pose aussi dans l’immobilier. La simple régulation ne suffit pas dans quelques cas, un certain interventionnisme est nécessaire.
Troisième limite : l’échange mondialisé serait par nature vertueux tandis qu’un certain protectionnisme serait catastrophique. Cette thèse a systématiquement favorisé la dépendance de toutes les régions du globe, à la production de biens réalisés hors de leur pays. Et dans ce cas là, le plus faible ou le plus pauvre, en cas de difficultés d’approvisionnement, subit la loi du libre échange, donc la loi du plus fort et ne peut plus garantir la sécurité alimentaire de ses populations. Les alter mondialistes plaident depuis longtemps en faveur de la souveraineté alimentaire des états, refusant de traiter la nourriture comme une marchandise ordinaire. Le développement des cultures vivrières, l’organisation de marchés locaux régionaux, le soutien à une autonomie de subsistance aurait du être promue en lieu et place de cette globalisation excessive et non régulée car sans doute non régulable !
Quatrième limite : l’incurie des instances mondiales qui n’ont fait qu’accroitre les difficultés et les inégalités par leurs politiques dites d’ajustement. L’impuissance du multilatéralisme était prévisible, mais ce qui est plus grave est qu’il a tué la possibilité d’accords organisés en faveur d’échanges plus équitables de blocs à blocs. Il suffit de voir l’absurdité des remises en cause des conditions des échanges entre l’Afrique, les pays ACP et l’union européenne par l’OMC, obligeant à une libéralisation généralisée pour se substituer à des systèmes de prix garantis. Il faut dire stop à tout cela.
Sans compter que pour la seconde année consécutive, l’aide au développement baisse et que les pays du Nord ont d’autant plus un sens limité de la solidarité qu’en leurs sein , la pression à la baisse des dépenses publique est la règle, que les populations voient leur pouvoir d’achat menacé.
Là où les libéraux mettent en concurrence les peuples, attisent les tensions les progressistes et la gauche devrait retrouver le sens de l’internationalisme, qui n’a rien à voir avec cette dilution mondialisée du politique. Cet internationalisme doit partir d’une critique commune du capitalisme financier et de la globalisation libérale actuelles et d’objectifs commun : le droit à la souveraineté alimentaire et à la fixation de prix, un protectionnisme équitable, fondés sur des accords globaux négociés entre régions géographique du monde, l’émergence d’une nouvelle planification assurant aussi le développement durable. La nécessité d’accroitre la production agricole ne saurait se réaliser en poursuivant la pollution de l’eau, l’appauvrissement des sols, la multiplication des pesticides dangereux et autres contaminations. Un autre monde est possible ! Il y a urgence !