Car pour sa vie publique, il y a beaucoup à dire sur son action au ministère de la justice. Cette action est forte inquiétante pour l'avenir, n'a rien résolu - voir a aggravé- les lourds problèmes tant du fonctionnement des tribunaux que des conditions indignes de vie dans les prisons!
En fait, dans son camp, on lui reproche maintenant d'avoir mis en œuvre les promesses et les orientations ultra-répressives et même parfois plutôt liberticides du candidat Sarkozy. Elle sert de fusible au président et nombreux sont ceux qui sont contents de pouvoir s'en prendre à l'ex-chouchou du chef. Ce comportement puéril est hélas bien connu même chez les adultes, même en politique. Pour ma part, je juge la suppression des juges d'instruction et leur rattachement au parquet comme une terrible régression démocratique. Elle justifie une mobilisation citoyenne considérable: il faut faire reculer le gouvernement.
Mais mon propos d'aujourd'hui est de manifester mon étonnement et mon agacement devant la mauvaise querelle faite à la garde des sceaux sur son retour aux activités, cinq jours après son accouchement.
Une ministre n'est pas une salariée, son travail n'est pas contraint, elle organise son temps, elle peut adapter son degré d'implication aux circonstances, elle est bien entourée d'un cabinet. Alors balayons d'un revers de main toute comparaison avec les salariées qui ont impérativement besoin d'un congé de maternité!
Maintenant, on entend tout et n'importe quoi sur l'incompatibilité d'une reprise de son activité ministérielle avec les suites de la naissance de sa petite fille. J'ai accouché de deux enfants, alors que j'étais députée européenne et qui plus est pour mon ainée, en pleine campagne électorale, à moins d'un mois de l'élection cantonale où je me présentais. Sans tambour ni trompette, j'ai repris mon militantisme très vite. Cela fut rendu possible parce que mes moyens financiers me permettaient une garde permanente de qualité et bien sûr en m'organisant avec rigueur. Entre deux tétées, portes à portes et réunions se succédaient. Ce fut rendu possible parce que je me portais comme un charme.
Bref j'ai choisi librement mon rythme, ma reprise. Alors de grâce, pas de législations, pas de leçons, pas de modèle à suivre, chacune doit faire comme elle veut et peut. Hier regardant l'émission mots croisés, j'ai bouilli quand la seule femme présente sur le plateau a laissé percer un doute sur le comportement maternel de Rachida Dati qui préfèrerait sa fonction ministérielle. C'est un vrai scandale.
On connait toutes cette culpabilisation sur l'absence de la mère qui procéderait d'un désintérêt et d'un abandon. C'est faux et dangereux. Il n'y a pas de comportement type, d'autant que tout petits, les enfants dorment beaucoup et que les difficultés pour harmoniser vie professionnelle et vie publique sont plus grandes quand les enfants grandissent. Dernier point : Croyez-vous que Rachida Dati soit moins capable d'assumer ses activités aujourd'hui que lorsque François Fillon fut pendant plusieurs semaines, cloué par son mal de dos ? La douleur de ce genre de mal devait sans doute plus le pénaliser que les suites de la grossesse. Mais nul n'a évoqué les remplacements en cas de congé de maladie, droit essentiel des salariés qu'il faut aussi préserver. Stop! Occupons nous de la justice et non de la vie personnelle du garde des sceaux!