Il faut écouter les médias avec une extrême attention, et en écouter plusieurs pour mesurer que la position de l’AFSSA sur la prétendue innocuité de l’OGM MON 810 sur l’homme a été effectuée sur la base d'études qui jusqu’à ce jour furent quasiment toutes financées ou réalisées par les semenciers concernées, donc en aucun cas par des laboratoires totalement indépendants. Je ne prétends pas que ces études sont infondées, je pense qu’il est toutefois inacceptable de former l’intérêt général et des conclusions sans que des études soient menées dans un autre cadre, hors de tout intérêt financier direct ou indirect.
On voit bien dans ce cas, l’importance de la recherche publique qui doit avoir les moyens de se développer en toute indépendance.. On voit aussi comment l’autonomie des universités peut cacher une vulnérabilité à des pouvoirs économiques, susceptibles de leur apporter des subsides d’autant bien accueillis, que les ressources publiques demeureront insuffisantes… Alors le mouvement des chercheurs et des universités nous concernent tous.
Souvenons-nous des études sur le tabac ou sur l’amiante qui furent largement orientées par les industries concernées. Ainsi cette affaire, qui vient après bien d’autres, témoigne de l’urgence du changement rapide de méthode d’expertise dans le champ de la santé et de l’environnement.
D’ailleurs le grenelle de l’environnement avait pointé l’enjeu et l’article 45 du projet de loi Grenelle 1 indique : « La création d’une instance propre à assurer la protection de l’alerte et de l’expertise afin de garantir la transparence, la méthodologie, la déontologie des expertises sera mise à l’étude. Elle pourra constituer une «instance d’appel » en cas d’expertises contradictoires et pourra être garante de l’instruction des situations d’alerte ».
On voit là le coté « bonnes intentions » sans détermination et moyens effectifs, puisque le texte législatif s’en tient à une étude sur cette instance. Alors engageons là immédiatement avec un calendrier rapide de mise en œuvre.
Cette rapidité est d’autant plus urgente que le conseil européen des ministres de l’environnement du 20 octobre 2008, à l’unanimité, s’est prononcé en faveur du renforcement et de l’harmonisation des méthodes d’évaluation des risques des OGM en Europe. Mieux vaut avoir des propositions françaises. Car notre pays est particulièrement attentif à l’esprit critique, à l’indépendance des expertises. Sachons proposer et surtout agir en conformité avec nos principes républicains.
Sur cette affaire d’OGM, ni obscurantisme, ni fuite en avant. Rappelons que d’autres arguments plaident en faveur de la suspension de ce maïs transgénique, en particulier la contamination de l’environnement !