J’espérais que la gauche européenne serait confiante en elle-même exigeante pour que cette nouvelle ère ne ramène pas les vieux du démon du passé. Et pour cela, il fallait inventer un nouveau modèle économique et social ! Le Nazisme avait pu d’autant plus s’imposer que la crise, du chômage et de la misère égaraient les peuples! Les totalitarismes ne surgissent pas sans terreau fertile !
Je ne pouvais alors concevoir que la gauche européenne et mondiale serait comme paralysée par cette chute et laisserait le champ libre à la pensée dominante de l’époque : le capitalisme devenait incontournable, la généralisation du marché devenait le nouvel horizon de la liberté.
Je n’imaginais à quel point la pression d’un contre modèle qui menaçait ce capitalisme et la domination américaine, avait pesé en appui aux mobilisations du monde du travail, et permis l’amélioration de nos droits sociaux, de ce qui est incorrectement appelé l’état providence ! Loin de moi l’idée d’entretenir je ne sais quelle nostalgie ou un regret de la disparition de l’Union Soviétique. Simplement maintenant nous savons qu’il est indispensable d’inventer une nouvelle façon de faire prévaloir l’intérêt des plus faibles, de ceux qui ne possèdent que leur force de travail, leur talent, leur créativité pour vivre. Nous savons depuis que le simple aménagement « social », à la marge du capitalisme financier contemporain est vain, car le système est fondamentalement inégalitaire et destructeur. Mais il n’est pas nécessaire d’avoir un contre-modèle, clef en main, préétabli pour engager une alternative réelle, inverser la logique et ouvrir de nouveaux champs du possible, des perspectives réelles de changements assis sur les valeurs socialistes, humanistes et républicaines. Alors disons le tout net, la chute de l’empire soviétique ne fut pas et ne sera pas celle du socialisme.
Faut-il encore ne pas craindre de faire tomber de nouveaux murs, visibles et invisibles, et même d’entrer parfois en dissidence face à l’idéologie dominante.
Bien avant tout cela, Blum et le front populaire parlaient du Mur de l’argent. Celui là est plus solide que jamais !
Murs, il y a bien sûr, tous ces murs, bien concrets qui divisent les pays et les territoires, en Europe à Chypre, entre Israël et les territoires palestiniens. Mais aussi ces murs infranchissables pour tous ces immigrés qui fuient la misère, la guerre et espère venir vivre dans nos pays riches… entre le Mexique et les USA, entre l’Afrique et l’Europe. Il y a ces murs « psychologiques » qui un peu partout sur la planète ghettoïsent les quartiers pauvres alors que les riches se « protègent » dans des quartiers bien à eux. Toute ségrégation est un mur terrible !
L’exemple de Berlin montre que des murs qu’on croyait solidement établis peuvent s’écrouler … Faisons tomber les murs d’aujourd’hui !