Entre politique de l’autruche et colmatage de brèches, l’attitude actuelle de l’union, atteint le paroxysme de sa logique économique et monétaire destructrice et de son impuissance politique. Plus grave encore, elle s’avère incapable d’engager la moindre stratégie à long terme. L’agitation des dirigeants, lors de prétendus sommets, qui s’achèvent la plupart du temps par un ouf de soulagement, de courte vue, ne saurait faire office de redressement d’une situation très dégradée et pas uniquement sur le champ financier. Elle l’est d’abord sur le terrain social, celui de l’emploi, de la croissance, de la situation politique entre peuples.je ne parle pas seulement de l’attitude gravissime et égoïste de l’Allemagne qui s’est refusé depuis bien des années à toute solidarité organisée, à toutes convergences sociales vers le haut, jouant la carte de la déflation salariale et dont l’opinion publique aujourd’hui n’a pas l’intention de lier son sort à celui des pays en difficultés. Je constate, avec inquiétude les mouvements, hélas profonds dans de nombreux pays, de repli nationalistes ou régionalistes et souvent xénophobes. Tensions communautaires accrues en Belgique, votes pour la ligue du Nord en Italie, partout se délite l’idée de projets et d’intérêt communs.
Il est hors de question d’accepter que les peuples paient les pots cassés de la crise, et les dérives du système financier. Dés le début de la crise, nous l’avions dit ! Les agitations au très médiatisé G20, tendaient à faire croire que « rien ne serait comme avant ». Manifestement cela dépend pour qui. Pour les banques et institutions financières, dans l’ensemble tout va bien. Pour le bonus des traders aussi. Mais le plus grave est qu’après avoir aidé les banques à restaurer leur situation, en s’endettant , Les Etats sont contraint de payer leurs aides , au plus grand profit des même banques, et au prix lourd avec des taux d’intérêt inadmissibles. le motif est cocasse : il y aurait des risque d’insolvabilité : chercher la paille dans l’œil du voisin , celle que vous ne voulez pas voir dans le vôtre !
Hélas, aveuglés par les dogmes libéraux, les responsables européens n’ont jamais pris le taureau par les cornes : oui il fallait très largement nationaliser le crédit. Ainsi il serait possible aujourd’hui de combattre la spéculation et d’agir davantage dans le sens de l’intérêt général. Ce n’est pas trop tard. Ensuite, quitte à emprunter, il eut été plus judicieux de le faire au niveau européen pour aider les pays plus fragiles, avec des conditions de remboursement bien meilleures.. L’UE est solvable, fallait il encore qu’elle soit solidaire or c’est justement tout le contraire depuis que la concurrence libre et non faussée, le marché unique est devenu le fondement de l’Union européenne. Notre peuple lucide l’avait clairement contesté lors du référendum sur le projet de constitution. N Sarkozy a fait un mauvais coup à l’Europe et à la France en acceptant le traité de Lisbonne.
Au passage, il prive l’Europe des moyens d’agir vite et bien, par exemple en lançant un emprunt européen. Cette forme de construction européenne ne résistera pas à la période, aux drames que vivent les peuples au « no futur » qu’incarne sa politique monétariste avec son pacte de « stabilité » qui porte mal son nom tant il engendre des catastrophes, tant ce qui est nécessaire est un relance de la croissance par le soutien à la demande intérieure et par des investissements pour l’avenir, qui nécessitent des crédits publics !
A coup sûr il faudrait organiser des protections à nos frontières pour stopper l’hémorragie industrielle et les délocalisations. De très nombreux pays, ou zones commerciales le font dans le monde. Notre porosité est devenue un handicap majeur, même si l’essentiel de nos échanges sont intra européens et là des stratégies industrielles et sociales concertées permettraient de relancer et la croissance et notre modèle social et nos finances publiques. Dans le passé, les Etats pouvaient dévaluer leur monnaie, ce n’était pas agréable mais cela permettait de rebondir. Aujourd’hui, ils ont les contraintes des pays les plus forts, avec des conditions de travail, de vie, de productivité plus faibles. C’est une impasse, une logique qui enfonce les plus fragiles, une spirale d’inégalités. Je ne suis pas sûre qu’aujourd’hui les grecs n’aient pas intérêt à sortir, de leur propre chef, de l’EURO, et en tout cas à refuser de payer une partie de leur dette !Car ce qui est sur, c’est que les remèdes proposés par le FMI et L’UE sont mortifères pour la Grèce et dramatique pour son peuple, peut être à terme pour la démocratie. Tuer le pouvoir d’achat intérieur, les investissements humains, les services publics, dans un pays de faibles capacités exportatrices, c’est l’enfoncer. Ne pas changer le niveau de sa monnaie par rapport aux autres c’est l’empêcher de développer son tourisme et de vendre dans de meilleures conditions à l’étranger. Qui peut croire que les remèdes éculés qui nous ont mené de catastrophes en catastrophes depuis des dizaines d’années vont résoudre les problèmes, c’est l’inverse alors disons avec les grecs : STOP.
La France devrait reprendre l’idée d’Europe du sud, se consulter avec ces pays en grandes difficultés pour envisager une nouvelle stratégie d’avenir pour l’Europe, plus coopérative, plus sociale, plus politique. Il va bien falloir poser sérieusement la question à l’Allemagne : « êtes-vous prêts à travailler à un pacte refondateur de l’UE ? » faut-il encore avoir une stratégie de rupture, une alternative à mettre sur la table des discussions. Là est l’urgence. Le préalable est notre résistance au « laisser faire » actuel !