Comment peut-on imaginer qu’on puisse enlever le droit de vote à un pays parce qu’il ne respecte pas le cadre du pacte de stabilité ? C’est absolument contraire à tous les traités et témoigne d’une étrange conception de la démocratie : seuls ceux qui peuvent payer doivent voter. Cela rappelle les prisons pour dettes ! Manifestement nous n’avons pas la même idée de l’Europe. L’Europe est un espace politique qui devrait être solidaire et c’est le politique qui doit décider, pas les moyens et circonstances économiques.
Il est hors de question de mettre au ban, l’un ou l’autre des pays. D’autant qu’aucune délibération collective ne fixe régulièrement un cadre macro économique adapté à la situation et prenant en compte l’intérêt général, ce qu’on pourrait attendre d’un gouvernement économique commun. Il est hors de question de céder à la loi du plus fort.
Hélas, cette dramatique situation était prévisible depuis le traité d’Amsterdam…
car si lors du traité de Maastricht, des critères de convergence sont fixés pour atteindre une monnaie unique, ils étaient conçus pour converger et non forcément pour durer éternellement. A l’époque, la gauche revendiquait la création d’un gouvernement économique et des avancées sociales, sans en faire un préalable. C’était déjà une erreur. Mais c’est à Dublin en 1996 que Jacques Chirac accepte le principe d’un pacte de Stabilité, c'est-à-dire d’inscrire dans la durée ces contraintes et de déposséder les politiques, les peuple, des arbitrages macro économiques et monétaires. Le comble est atteint avec le traité d’Amsterdam, voté en 1997, qui grave dans le marbre des traités, ces critères, ce pacte de stabilité ! Absurde, dangereux. Je suis une des rares députées européennes socialistes à voter contre le traité d’Amsterdam que Lionel Jospin, en pleine cohabitation, avait accepté. Lors du congrès de Brest du PS, la gauche socialiste en fait une de ses batailles politiques ! En vain, la chape de plomb du soutien à Jospin se referme comme un piège pour la gauche et tout cela ne sera pas sans conséquences en avril 2002 ! L‘enjeu aurait du être reposé lors du débat sur le projet de constitution : cela aurait du être l’occasion de remettre en cause ces dogmes. Et bien non et une partie des tenants du OUI sont lourdement responsables. En tout cas, en dépit du vote NON de nos concitoyens, Nicolas Sarkozy accepte un traité de Lisbonne, copie conforme de l’ex constitution. Il ne négocie ni des protections au frontières, ni des convergences sociales, fiscales, environnementales, harmonisée vers le haut pour éviter le dumping, rien sur le pilotage économique et les politiques industrielles. Bref, la voix et la résistance des français sont étouffées et la voie libérale, la domination allemande sont confortées ! Il a trouvé des complices, avec ceux qui n’ont pas voté contre les modifications de la constitution française, rendant du coup possible la ratification sans nouveau référendum. On en paie le prix aujourd’hui ! Puisse l’histoire, ces égarements servir de leçons ! reste que N Sarkozy représente aujourd’hui la France au sein des instances intergouvernementales de L’Union et qu’il sera jugé sur sa capacité à résister aux diktats allemands, à porter au nom de notre pays une autre conception que celle d’Angela Merkel, son aptitude à coaliser d’autres pays pour faire prévaloir une gestion politique de l’Union. Car les principes fondateurs de la République Française sont la souveraineté populaire, le primat de la démocratie et de la politique sur les lois prétendument intangibles qu’elles soient religieuses ou économiques. Nous devons faire pression sur les dirigeants de notre pays et des autres, sur les députés européens, créer une opinion publique européenne pour défendre une autre idée de l’Europe, une Europe européenne pas l’Europe allemande de sa chancelière !