Le 16 Mars va s'ouvrir le forum mondial de l'eau à Mexico. Une fois de plus l'alerte va être lancée et le constat redoutable d'une incapacité, au delà des grandes messes internationales et des déclarations lénifiantes, de sortir de cette incapacité collective à assurer l'accès de tous à l'eau, à une eau potable ainsi qu'à développer une gestion économe, solidaire et écologique de l'eau sur notre planète.
Il faut dire qu'une fois de plus une certaine euphorie libérale a fait
croire qu'on pouvait résoudre ce problème par des mécanisme " vertueux"
de marché avec cette thèse absurde," l'argent de l'eau doit aller à
l'eau" et cette confiance (distillée, il y a encore peu, dans les
instances internationales) dans le partenariat public-privé et dans
l'engagement " citoyen" des multinationales, soudain converties au
développement durable.
Tout cela a fait long feu et hélas, rien ne s'est réellement mis en
route pour améliorer une situation catastrophique. Il suffit de
constater que dans les favelas latino américaines, bon nombre
d'habitants ont un téléphone portable, mais que la quasi majorité n'a
toujours pas accès à l'eau potable. D'une part les portables sont
nécessaires pour trouver du travail, mais aussi parce que les
infrastructures nécessaires au téléphone mobile sont peu couteuses et
souvent identiques pour desservir les quartiers aisés et les autres,
tandis que celles pour l'eau exigent des investissements très
importants qui ne peuvent pas être rentabilisés à moyen terme, voir ne
sont jamais rentabilisés pour des usagers pauvres. Outre le fait que
l'eau est un bien public, cette réalité montre à quel point il est
essentiel que sa gestion se fasse dans la logique d'un service public.
C'est ce que beaucoup d'ONG et maintenant certains responsables de
l'ONU vont dire à ce forum de Mexico, exigeant des financements
publics, abondés par des dotations internationales.
Nous sommes des citoyens du monde et devons agir là où nous sommes pour faire progresser un véritable internationalisme, une solidarité planétaire contre la globalisation libérale. Nous devons soutenir les ONG, les forces politiques pour que ce forum mondial obtienne:
- La reconnaissance par les instances internationales que l'eau est un bien commun de l'humanité et que l'accès à l'eau est un droit fondamental de la personne humaine.
- un engagement financier important pour accroitre l'aide au développement, pour que ces fonds soient pour une part substantielle consacrée à l'eau. Un engagement chiffré devrait être pris pour 2015.
- que l'allègement de la dette des pays les plus pauvres soit accordé en contrepartie d'engagements concrets sur la gestion de l'eau et l'accès à cette ressource.
- La création d'une agence de coordination de l'eau auprès de l'ONU. Actuellement, il y a 21 agences internationales qui s'occupent de l'eau à divers titres!
- La rédaction d'un traité international sur l'eau, la gestion des ressources hydriques, reconnaissant le droit à l'accès à l'eau potable.
Nous devons aussi agir au niveau de l'union européenne, en particulier pour que soit renforcés les financements pour l'eau dans les coopérations avec les pays Afrique Caraïbe Pacifique (l'UE vient de débloquer 500 millions de facilités de paiement pour ces pays qui s'ajoutent aux 475 millions déjà votés). Il faudra être vigilants sur les sommes consacrées au 10eme programme d'aide au développement et cela nous ramène au débat important sur l'insuffisance des propositions actuelles de budget européen.
Il faudrait aussi que dans chacune de nos collectivités locales qui gèrent l'eau, nous exigions qu'une part de notre redevance soit consacrée à des opérations de co-développement entre collectivités locales Nord-Sud pour l'eau...
Alors suivons les débats du forum de l'eau, engageons nous avec les ONG et près de chez nous agissons pour la solidarité Nord Sud.... Et puis défendons le service public effectif de l'eau, refusons ces gestions déléguées souvent opaques et coûteuses. C'est avec les profits (illégitimes) réalisés sur l'eau que Suez est devenue une multinationale dans l'énergie (et autre), que Vivendi est devenue une major dans la communication... Et pendant ce temps là, l'eau demeure polluée chez nous et rare dans le tiers monde!