Je m’en suis toujours méfiée, sans doute marquée par mes origines catholiques et par les mouvements d’émancipation de la Femme. Je n’aime pas les stéréotypes et j’aime l’égalité. Pour moi chaque personne est unique et se construit dans un savant dosage de ses références, appartenances. L’émancipation consiste à pouvoir justement librement, et le plus possible, décider de cette alchimie particulière qui vous fait singulier mais égaux.
L’obsédante quête de « l’identitaire » qui vise en fait à vous ranger
et vous enfermer dans un groupe, une appartenance principale et donc à
vous réduire souvent à une seule dimension de votre être m’a toujours
inquiété. Par ailleurs le corollaire de cette survalorisation des «
identités » religieuses, sexuelles, ethniques constitue un choix
politique qui sied parfaitement aux libéraux car elle veut faire croire
que la société est émiettée, que le collectif et l’intérêt général sont
dépassés et renvoie chacun à défendre sa situation, au mieux celui de
sa communauté mais ne prétend plus à participer à l’humanité. Ainsi les
pouvoirs dominants sont à l’abri de celui des peuples et des Etats
discrédités.
Le communautarisme met les groupes en opposition, en particulier dans
les catégories les plus basses de la population et les puissances
d’argent peuvent dormir en paix ! Vous remarquerez au passage que les
seules « identités » et groupes dont on ne parle plus sont les classes
sociales. On ne parle plus des ouvriers et des ouvrières, ils sont en
France plus de cinq millions, on ne parle plus des convergences
d’intérêts entre salariés.
Pour les libéraux tout se fractionne et divise la société est bon !
Pour les libéraux, tout ce qui évacue la question sociale est bon !
Pour autant les discriminations, existent et se surajoutent aux
inégalités. Elles sont insupportables, inacceptables et constituent un
véritable poison pour la République. Elles doivent être combattues avec
force et enfin, avec efficacité. La meilleure façon est de veiller à
défendre nos principes universalistes (toutes les voies qui s’en sont
écartées se sont avérée dangereuses et inefficaces) mais de s’obliger à
une obligation de résultats, donc de prendre des engagements tangibles.
S’agissant des femmes, nul besoin d’en appeler à la spécificité des
mères, à la générosité supposée « par nature » supérieure des femmes,
c’est un principe d’égalité qui s’impose. J’avais été consternée il y a
peu par cette déclaration béate d’Arnaud Montebourg, qu’on connaît
mieux inspiré, parlant de Ségolène Royal, en la gratifiant d’une
générosité, acquise selon lui par celles qui donnent la vie. J’ai
soudain été replongée dans mes cours de catéchisme (il y a un certain
temps) et j’ai senti plané sur mes épaules de mère l’ombre tutélaire de
la vierge Marie ! Je me suis souvenue aussi de l’air affligé d’un
copain psychanalyste me disant que le prénom Marie-Noëlle était lourd à
porter ! Eh oui me disait il tes deux prénoms font référence à la
maternité ! Mère et mère. A vrai dire j’ai été mère et maire, sans
confondre les genres. Trêve de plaisanterie.
Cessons cette obsession, la politique ne vise pas à chercher un père ou une mère, mais à nous faire participer comme adultes, comme adultes égaux, aux décisions qui nous concernent et qui créent aussi de l’intérêt général ! Quant aux femmes, elles attendent d’abord des engagements qui changeront leur condition et leur place, leur place à toutes dans la société. Qu’importe que celui ou celle qui les propose soit homme ou femme.