La fin du mois de juillet a été « agitée » par diverses manœuvres préparatoires au congrès des Reims, qui ne brillaient pas par leur fond politique. Plus que jamais nos concitoyens seraient en droit d’attendre un PS et une gauche à la fois capable de s’opposer efficacement à Nicolas Sarkozy et d’éclairer l’avenir dans un monde en plein bouleversement où se mêlent des crises profondes de la mondialisation libérale et une nouvelle donne géostratégique. Plus que jamais s’expriment les besoins et les attentes de changements.
Alors avec les premiers signataires de notre contribution « changer » nous avons rédigé une tribune signée avec Paul Quiles, Jean Mallot, Emmanuel Maurel et Anne Ferreira qui vient d’être publiée par Libération sur son site Web
Voir aussi le site www.changerlavie.eu
POUR QUE DEMAIN NE SOIT PAS COMME AUJOURD’HUI !
Quel décalage ! Le chômage augmente. La croissance ne cesse de chuter. La moitié des Français ne partent pas en vacances. N. Sarkozy annonce qu’il va poursuivre à marche forcée ses « réformes ». Le moral de nos concitoyens est en berne et le mécontentement est profond. Pendant ce temps, les dirigeants socialistes s’engluent dans la préparation du congrès de Reims !
Premier parti d’opposition, le PS ne soulève guère l’enthousiasme, c’est le moins que l’on puisse dire. Les militants sont déboussolés, les sympathisants déçus, le peuple de gauche circonspect, voire quelquefois (et à juste raison) en colère. Plébiscité localement, le PS stagne nationalement. Il peine à incarner une opposition déterminée à Sarkozy…quand certains de ses dirigeants ne viennent pas carrément à sa rescousse. Il ne parvient pas à relayer efficacement les aspirations de sa base sociale et paraît peu crédible comme force de transformation sociale. Pire encore, au moment où le système craque de partout, certains d’entre eux semblent découvrir les vertus de l’économie libérale et du marché.
Le « feuilleton » de l’été
A cela s’ajoute l’exaspérant « feuilleton » socialiste de l’été, fait de petites intrigues, de mini rebondissements, de « téléphones qui chauffent », d’alliances de dernière minute. L’heure est, dit-on, à la recherche de « mini synthèses ». « Mini » : le terme est pertinent, tant les textes proposés ressemblent à un sympathique enfilage de perles. Les slogans creux masquent difficilement le seul objectif qui motive les signataires : redistribuer le pouvoir aux sortants. « Dorénavant, c’est comme avant » : telle est la ligne politique que nous proposent ceux qui dirigent le PS depuis plus de dix ans.
Créer un « parti socialiste cohérent et solidaire », susciter une « dynamique de changement », « préparer une véritable alternative », « proposer une stratégie de rassemblement », vouloir une « une mutation politique maîtrisée », « être à la hauteur des défis du socialisme moderne dans la mondialisation ». Qui au PS refuserait d’adhérer à cette sorte de minimum socialiste garanti ? Le problème –et il est de taille-, c’est qu’aucune réponse n’est apportée aux insuffisances qui sont la cause depuis des années de nos défaites successives aux élections nationales.
Ce rassemblement sur des bases minimales, simple redistribution des cartes entre les mêmes mains risque de devenir un scénario catastrophe. Nous considérons qu’il est indispensable de proposer pour le congrès de Reims une autre voie, fondée sur une nouvelle dynamique unitaire, tant entre socialistes qu’avec toute la gauche, sur un renouveau des analyses, des pratiques et des propositions, autour d’objectifs de transformation profonde d’un système en crise. Pour nos concitoyens, « changer la vie » n’est pas un slogan vide de sens, parce qu’ils n’en peuvent plus de subir des injustices criantes, des reculs sociaux mais aussi de ne pouvoir espérer !
La « vraie » question
Ceux qui n’ont eu de cesse, avec raison, de dénoncer la « présidentialisation du régime » sont les premiers à tout assujettir à …l’élection présidentielle. Sans pourtant voir que la victoire future passe par la reconquête idéologique, que le succès électoral se bâtit autour d’une stratégie claire.
• Reconquête idéologique d’abord, tant les promoteurs du libéralisme se sont échinés à disqualifier toute remise en cause, toute recherche d’une autre politique. Une partie de la gauche européenne a d’ailleurs obtempéré, laissant croire que la politique n’était désormais qu’un arbitrage entre deux pragmatismes au sein d’un système incontesté et incontestable.
Le PS doit renouer avec le combat pour la transformation sociale. Remettre en cause le libre échange généralisé, réorienter profondément la construction européenne, défendre un retour efficace de l’intervention publique, inventer un nouveau compromis social favorable au monde du travail : face à l’urgence sociale et écologique, les remèdes homéopathiques ne suffisent plus.
• Cap stratégique ensuite. L’alliance au centre est une impasse, le cartel électoral de la gauche de gouvernement est insuffisant. Ce qu’il faut, c’est une nouvelle étape de l’unité de la gauche. Tout plaide aujourd’hui pour la préparation d’un parti de toute la gauche qui fédère les partis existants (PS, PC, Verts, MRC, PRG....) et surtout qui crée un mouvement d’entraînement de celles et ceux qui, de plus en plus nombreux, ne se reconnaissent pas dans le paysage actuel de la gauche. La rénovation de la gauche ne peut s’opérer en vase clos !
La réalité est que le neuf ne peut venir que de la gauche et des forces contestatrices souvent portées par la jeunesse, que notre parti a trop souvent anesthésiées. Elles ne pourront peut-être pas relever seules le défi, mais, sans elles et sans le nouveau cap stratégique, celui de l’unité de la gauche, sans des propositions qui rompent avec l’accompagnement du libéralisme et du capitalisme financier, demain sera comme aujourd’hui.
La responsabilité de la « gauche du PS »
La gauche n’a pas disparu. Contrairement à une partie de ses dirigeants prompts à traquer « l’archaïsme » et tentés par le renoncement, des millions d’hommes et de femmes continuent de croire en l’actualité de ses valeurs, à la pertinence de sa grille de lecture de la société, à sa mission historique, à ses luttes. Plus que jamais, la France et l’Europe ont besoin d’une gauche de combat.
Les guerres picrocholines entre prétendants au poste de premier secrétaire ou au statut de présidentiable ne sauraient longtemps cacher le fait que ceux qui s’affrontent n’ont pas vraiment décidé d’incarner une vision d’avenir et qu’aucun leader ne s’impose de façon évidente. C’est probablement la raison pour laquelle ils tentent d’accréditer la thèse que la « gauche du PS » serait totalement hors jeu et que ses idées ne sauraient avoir de réelle influence. Cette affirmation est aussi peu fondée que celle concernant la prétendue disparition de la gauche dans le paysage politique français et elle risque de conduire aux mêmes impasses.
On le voit, celles et ceux qui ont déposé, en vue du congrès de Reims, des contributions souvent convergentes sur des choix clairement de gauche ont une responsabilité particulière. Ils ne doivent pas sous-estimer leur influence et montrer leur volonté de se rassembler, pour que le PS sorte de son enlisement et qu’il adopte une stratégie capable de remettre la gauche en mouvement.
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