Lorsque nous présentons la motion C, il arrive que certains camarades nous taxent d’irréalistes. Pourtant lorsqu’on voit nos propositions depuis des années, elles sont particulièrement d’actualité, dans la rubrique, mémoire courte, un monde d’avance, je vous invite à relire les 8 vœux que j’adressais à mes amis et aux français au début de l’année.. Ils sont particulièrement d’actualité mais apparaissaient bien isolés en janvier.
Reste que devant les annonces de Nicolas Sarkozy qui comme de coutume occupe l’espace médiatique avec des propositions tout azimut, nous ne pouvons être entendus qu’avec une vision globale, cohérente et ne pouvons nous contenter de réagir à postériori sur un point isolé sans l’inscrire nous même dans une perspective alternative.
Ainsi si depuis des années, je plaide pour des fonds souverains français. J'avais publié une tribune dans le journal Le Monde du 4 février 2008 sur ce sujet, il ne faudrait pas se contenter d’approuver le principe sans exiger que cette mesure soit clairement inscrite dans une refondation de l’économie mixte où l’intervention de l’Etat est mise au service de l’emploi, d’un modèle social favorable aux travailleurs et à la redistribution des richesses.
D’une certaine façon, c’est la différence entre le colbertisme et le socialisme. Un second point mériterait d’être appuyé : qui décide et qui contrôle ces nouveaux fonds de capitaux publics ? On a vu par le passé, avec le crédit lyonnais en particulier, que l’on ne saurait confier à Bercy le pouvoir de décision. Il faut associer le Parlement et sans doute aussi les partenaires sociaux. Les grands tenants de la démocratie libérale, qui nous ont expliqué – sans d’ailleurs nous convaincre- qu’il y avait une sorte d’automaticité entre l’économie de marché et la démocratie sont bien silencieux sur cette exigence lorsqu’il s’agit de l’intervention publique. La gauche doit être intraitable sur ce point pour éviter tout discrédit de l’Etat, ultérieurement. Pour nous l’Etat est au service de l’intérêt général et du progrès social et non une entité administrative au service du pouvoir en place !
J’aimerais entendre cela des leaders dit historiques du PS.
J’aimerais aussi entendre que la redistribution sociale n’est pas
simplement une conséquence souhaitable du développement économique,
mais en est le moteur et que dans les annonces de Nicolas Sarkozy sur
l’emploi, rien n’est fait pour créer des emplois durables, stables et
assurer une redistribution en faveur du travail.. Il développe de
l’assistance – au demeurant nécessaire- mais rien qui consolide
l’emploi et le travail. Pire, il propose de favoriser les CDD… ça
recommence.. Toujours plus de précarité ! Comme si la crise, en
particulier celle qu’on appelle « crise des subprimes », ne venait pas
de la précarisation et des salaires insuffisants pour se loger, se
soigner... aux USA.
J’aimerais que le PS soit plus offensif pour condamner le recours à
cette vieille lune de la précarité et pour exiger une revalorisation
immédiate de 100 Euros mensuels pour tous les salaires en commençant
par le SMIC.. Cette hausse salariale doit aller de paire avec une
réforme du calcul des cotisations sociales, qui est d’autant plus
urgent que tant la sécurité sociale que le financement des retraites et
du chômage vont voir fondre une partie de leurs ressources. Je souhaite
plein succès à ceux qui vont essayer de convaincre du bien fondé d’une
part des fonds de pensions et autres assurances individuelles : Une
gauche digne de ce nom doit anticiper et exiger que cette réforme des
recettes de la protection sociale soit immédiate : remise en cause des
allégements de cotisations, la plupart du temps inutiles, pour la prise en
compte de la valeur ajoutée comme base des prélèvements sociaux. Il
faut accroitre les recettes, les prélever plus justement et favoriser
la hausse de salaires. C’est urgent pour une relance de notre économie.
J’aimerais que la gauche ne rase pas les murs pour exiger un plan de créations d’emplois publics, en particulier dans quelques secteurs clefs comme les hôpitaux, l’éducation, la recherche, la justice. Ce sont des investissements porteurs d’avenir, de compétences de haute valeur qui peuvent concourir à la performance de notre économie et au mieux vivre. Pourquoi rasons-nous les murs sous le joug de la contrainte budgétaire dont la droite s’affranchit allègrement quand il s’agit de défendre ses thèses et intérêts. Et puis exigeons de nouvelles mesures fiscales immédiates. C’est le moment des taxer les mouvements de capitaux. Qui osera s’y opposer ? Il n’y en a plus, dirons certains. Il y en a moins, mais en tout cas lorsqu’ils reprendront la taxe sera là pour voir contrôler et renforcer les ressources publiques ! Idem pour les plus values immobilières… cette politique là soutiendra l’emploi et de vrais emplois.
J’aimerais voir le PS se mobiliser et proposer contre les délocalisations, car pendant que Sarkozy redécouvre les vertus du traitement social du chômage, il laisse se poursuivre une hémorragie de pans entiers de notre économie. Il faut des mesures exceptionnelles contre les délocalisations et les licenciements massifs. Pourquoi ne pas restaurer au moins temporairement, une forme d’autorisation administrative qui serait de nature à stopper le mouvement et à redéfinir les modes d’actions efficaces pour nous défendre contre la concurrence libre et non faussée, tant au niveau européen que Français et promouvoir de nouvelles règles dans les échanges mondiaux.
Un des sujet tabous aujourd’hui, que la droite se garde bien d’évoquer en Europe est la remise en cause du libre échange généralisé. Il suffit d’écouter Barak Obama pour mesurer que ce sujet est jugé essentiel aux USA. Quel désastre faudra t-il attendre pour remettre en cause ces dogmes dangereux ? Et pas de faux débats, nul ne prône l’autarcie, mais nous voulons des échanges équilibrés et négociés !
Enfin, devant l’incertitude des temps, les grands pays comme la France ont la chance de pouvoir regarder loin, de penser le long terme car nous connaissons les risques de nous laisser balloter par les événements surtout lorsqu’ils sont chaotiques. C’est le moment de faire preuve de volonté et de volontarisme en fédérant le pays sur des grands défis porteurs d’avenir quoiqu’il arrive. C’est l’idée d’un newdeal qui ne saura être mobilisateur qu’à condition qu’il lie le social, des progrès collectifs, un développement économique et l’écologie. Nous devons lancer des grands chantiers d’avenir. Je pense au logement, à la dépollution de l’eau, aux transports propres, aux énergies du futur, à la médecine, à la lutte contre le vieillissement, à l’espace etc.. Sur ces enjeux, il est temps de réinventer des formes nouvelles de planifications, où doivent converger des initiatives publiques, privées, l’action de l’Etat, des collectivités locales, des partenaires sociaux, les branches d’activité, des ONG autour d’objectifs précis, d’investissements immédiats, de mesures de soutien. Voilà longtemps que je propose que cette démarche soit engagée pour le logement et le bâtiment. Les besoins sont patents, les évolutions dans la construction durable sont considérables et prometteuses en terme d’exportation, l’emploi peu délocalisable doit être revalorisé et il est indispensable de généraliser une montée en compétence pour assurer la qualité et la maitrise des nouvelles technologies vertes. Il est urgent d’établir un tel plan avant que les faillites, licenciements se multiplient et affaiblissent durablement un secteur d’avenir. Ce plan doit s’appuyer sur une relance massive de construction de logements sociaux et la mobilisation des fonds du livret A.
Sur ce sujet, mais peut être plus encore sur des projets concernant la lutte contre la maladie, la dépendance ou les infrastructures de transport et d’énergie « sans pétrole et CO2 » il est possible d’appeler un grand emprunt public, car la France est un pays où l’endettement public est important mais pas l’emprunt des particuliers…
Bref, cessons d’être anesthésiés et timorés : une alternative est possible, elle n’est pas éthérée et il est possible et nécessaire, comme disait Jean Jaurès de promouvoir l’évolution révolutionnaire : des actions immédiates, des réformes radicales qui portent une alternative, un autre avenir !