Nicolas Sarkozy est le premier Président de la République qui s'est permis de mettre ostensiblement en cause la laïcité dans ces fondements. Chacun se souvient de ses propos privilégiants les hommes d'églises aux instituteurs, de son discours de Latran sur la laicité " ouverte" et tout le reste. Le débat , il l'a ouvert de la plus mauvaise façon et aujourd'hui encore il veut instrumentaliser cet acquis de notre République pour détourner cette belle idée émancipatrice de son sens. car non seulement Nicolas Sarkozy a failli par le verbe, mais plus encore par l'action en particulier par les reculs successifs qu'il impose à l'école publique et aux services publics. La triste façon dont l'UMP engage ce faux débat discrédite de surcroit une idée qui fait des émules dans les mouvements de libération , de liberté qui se développe dans le monde arabe. En effet, le peuple tunisien défend la laïcité dans son pays et nous devons lui apporter tout notre soutien dans ce combat. Le club Gauche Avenir je n'anime avec Paul Quiles et bon nombre de responsables des différents partis de gauche et écologistes a organisé en octobre 2009 un forum qui s'est conclu par un livre noir de la laïcité http://www.gaucheavenir.org/images/PDF/Laicite_LivreNoir.pdf
et par le lancement d'un manifeste qui attend des engagements concrets de nos responsables politiques. Il demeure d'actualité et rappelle l'essentiel de ce qu'il convient de faire. En voici le contenu.
Le 9 décembre 1905, les représentants du peuple inscrivaient dans la loi les principes indéfectibles de la laïcité, valeur universelle d'unité, de liberté, d'égalité, de concorde et pierre angulaire de la République
Par son article 1er, la loi proclamait la liberté de conscience, le droit de croire ou de ne pas croire, et le libre exercice des cultes. De ce fait, la laïcité n'est pas hostile aux religions, contrairement à une contre-vérité courante.
Par son article 2, elle proclamait l'indépendance réciproque de l'Etat et des cultes. De ce fait, elle s'opposait au cléricalisme, c’est-à-dire l'intrusion d'autorités religieuses dans la vie politique et les lois de l'Etat. En stipulant que «la République ne reconnaît ni ne salarie aucun culte», elle posait comme un principe l’universalité de son orientation, condition de l’égalité de traitement de tous les citoyens, qu’ils croient en Dieu ou non.
Aujourd'hui, la laïcité est bafouée par les agissements et les intentions déclarées des plus hautes autorités de l'Etat. La République est fragilisée par la progression du communautarisme social, ethnique, religieux, qui divise de plus en plus la société. Elle subit de plus en plus fortement les pressions d'un cléricalisme renaissant, qui s'installe dans l'Union Européenne et en particulier en France, comme en témoigne la récente violation du Code de l’éducation, qui confie la délivrance des diplômes universitaires au seul Enseignement Supérieur Public.
Gauche Avenir dénonce ce recul de plus d'un siècle et souhaite le réveil des consciences, pour que renaisse la République indivisible, laïque, démocratique et sociale.
Ce 10 octobre 2009, nous appelons à un réengagement de toutes les forces laïques et à leur conjonction dans une structure de coordination, à l’image de ce que représenta le CNAL dans l’enseignement, afin de redonner corps et vigueur à l'idéal laïque.
Nous appelons les partis politiques qui se réclament de cet idéal à s'opposer résolument à toute tentative de modifier la loi du 9 décembre 1905, à inscrire dans leur programme les mesures nécessaires à cette renaissance et à s'engager solennellement à les appliquer, le moment venu, notamment :
- réhabiliter dans ses applications l'article 2 de la loi de 1905 et, en conséquence, s'engager à légiférer dans le sens d'un retour à l'autofinancement des établissements privés d’enseignement ;
- s'opposer à l'intrusion à tous les niveaux (mondial, européen, national) des pouvoirs religieux dans l'élaboration des lois régissant la vie civile et œuvrer à la création d’une «organisation mondiale de la laïcité», à l’image de l’«Organisation internationale de la francophonie», appelée à intervenir
à l’ONU, dans les instances européennes ;
- stopper la désorganisation des services publics et leur mise en concurrence, notamment dans l'éducation, la santé, la recherche scientifique ;
- renforcer au contraire les services publics par l’élaboration d’une «charte des services publics», garantissant leur indépendance vis-à-vis des pouvoirs politiques, religieux, économiques, charte que devrait signer tout postulant à un emploi de la Fonction Publique ;
- développer l’enseignement à l’école de la laïcité et notamment de la loi de 1905.