Danielle Mitterrand était une très grande dame, une combattante infatigable, une conscience éclairée. Elle avait un regard avisé et ouvert sur le monde et qui plongeait au plus profond de chacun. Car, ce qui frappait, lorsqu'on rencontrait Danielle Mitterrand, c'était à la fois sa grande disponibilité, sa générosité mais aussi sa détermination sans faille. la gentillesse sans complaisance ni faiblesse c'est rare.
Danielle Mitterrand était une femme rare. la force de son caractère s'affirmait sans rudesse, sans sectarisme, sans ostentation et je crois qu'il fallait qu'elle fut cette femme d'exception pour avoir accompagné François Mitterrand dans son long parcours politique jusqu'à la présidence de la République, avoir assumé sa responsabilité d'épouse du chef de l'Etat et demeurer Danielle Mitterrand. Elle ne fut pas seulement l'épouse de François, elle fut plus que celà, elle même. Oui une femme d'exception.
Manifestement, si,jamais,elle ne montra la moindre distance politique avec son époux, elle ne lui cachait pas, en tête à tête, ses idées, son avis et ses opinions. Il savait qu'elle était plus à gauche que lui. Il m'est arrivé alors que je disais à François Mitterrand qu'il serait peut être opportun de durcir certaines positions, de l'entendre me répondre en guise de clôture du débat. "Je sais, ma femme me l'a déjà dit!" Visiblement tous les arguments avaient déjà été déployés!
Je dois dire que pour celles et ceux qui s'accomodaient mal de certaines dérives libérales de la gauche dans les années 90, elle était un soutien réconfortant. Toutes les françaises et les français connaissent ses engagements, la création de France Liberté, son combat pour que l'eau ne soit pas un bien marchand , mais un bien public qui devait être accessible à tous, géré par un service public. Liberté et justice sociale étaient, pour elle, indéfectiblement liés et elle n'était pas dupe des discours prompts à vanter la liberté pour assurer une oppression économique et sociale redoutable.
J'ai rencontré Danielle Mitterrand plusieurs fois, à Latché avec son époux et sa famille, à Athis-Mons lors de l'inauguration de l'avenue François Mitterrand, à Paris où nous avons parlé de la fondation, de la politique de l'eau, de la gauche, un peu plus fatiguée avec le temps qui passait, elle gardait toujours ce rayonnement si particulier où se mélait regret et optimisme. regret de ne pouvoir faire changer plus vite la société, l'ordre du monde, optimisme de ceux qui ne renoncent jamais.
Au moment où Danielle Mitterrand nous quitte, une grande tristesse accompagne les souvenirs qui reviennent à la mémoire et s'imprime, pour longtemps, en nous l'image de son sourire bienveillant et lumineux, comme la force de ses combats qu'il nous faut poursuivre.