On peut être en désaccord avec l’idée d’octroyer le droit de vote aux étrangers aux élections municipales. Pour ma part j’y ai toujours été favorable et voterai demain des deux mains la proposition du groupe socialiste au Sénat. Mais lorsque l’on est ministre de l’intérieur on tient une argumentation sérieuse pour fonder son point de vue.
Tel n’est pas le cas de Claude Guéant, qui au passage doit être bien embarrassé des déclarations de Nicolas Sarkozy qui, candidat, s’y était montré favorable, ou encore de l’article d’Alain Juppé dans "Le Monde", il y a quelques années, qui allait aussi dans ce sens ! Il faut que Claude Guéant mette beaucoup de mauvaise foi pour affirmer sans coup férir que le gouvernement y était "résolument hostile".
Claude Guéant a réagi à la proposition de loi sur le droit de vote des étrangers non communautaires et leur éligibilité comme conseiller municipal que le Sénat va examiner ce jeudi 8 décembre. Notons au passage que ce texte ne permet pas l'élection au poste de maire, ni de participer comme grand électeur aux élections sénatoriales. Et le ministre de l’intérieur d’échafauder un scénario fort peu probable : « Cela signifie que dans un certain nombre de conseils municipaux, on peut avoir une majorité ou une proportion importante d'étrangers".
"Imaginons un débat sur les cantines scolaires: est-ce qu'on ne risque pas d'avoir des règles qui soient contraires aux principes de laïcité? Ne court-on pas le risque d'avoir des règles d'utilisation de la piscine qui soient contraires à l'égalité des droits entre les hommes et les femmes?" a-t-il demandé. Et de répondre: "Oui, nous courons ce risque. » ces spéculations sont des pures absurdités.
Primo, L’actuelle loi pourrait permettre déjà un tel scénario avec des ressortissants européens qui bénéficie de ce cadre juridique…ce scénario suppose aussi que nos concitoyens élisent de tels conseils municipaux !!!
Secundo, on voit l’assimilation immédiate entre étrangers et islamismes ou autre religion puisque la référence aux cantines et piscines n’est pas neutre… Or il y a des français qui peuvent pour les mêmes motifs être tentés par ce genre de dérives. Sauf que, dans tous les cas de figures, il y a en France des lois et qui s’imposent aux collectivités locales, que le préfet doit veiller à leur application par les élus et enfin que le tribunal peut être amené à sanctionner les défaillances. Une mesure discriminatoire ou le non- respect du cadre laïc sont opposables à toute délibération ou décision d’une collectivité publique, comme d’ailleurs celle de l’égalité de traitements.. C’est d’ailleurs ainsi que des mairies FN se sont vu condamnées et ont dû renoncer à l’octroi d’aides particulières selon la préférence nationale. Alors pourquoi ces peurs infondés et ces mensonges délibérés ?
On remarquera le même manque de cohérence dans les propos du ministre de l’intérieur qui déclare "la nationalité va avec la citoyenneté" en France. "On vote parce qu'on est citoyen et on est citoyen parce qu'on est Français". Alors pourquoi son parti, son président, la plupart des ministres ont-ils en leur temps réfuter cette thèse en octroyant le droit de vote aux ressortissants de l’Union Européenne.
Ce qui est bon pour les roumains, ne le serait pas pour les marocains ou les norvégiens, absurde !