- 1-L’écart extrêmement important entre la gauche et la droite est l’un des plus forts que nous ayons connu sous la 5eme République. Ce glissement politique est à mettre en lien avec la crise profonde du système, qui justifiait aux yeux des Français des changements majeurs. Xavier Bertrand parle de vote de crise pour « dédouaner » le gouvernement et le président de la claque qu’ils se sont pris. Mais c’est bel et bien l’absence de stratégie de sortie de crise et les choix inégalitaires opérés avant et pendant la crise qui sont sanctionnés aujourd’hui. La crise redonne à la gauche une actualité nouvelle. S’y ajoute la grande question écologique. En cela, le basculement de l’électorat vers la gauche n’est pas seulement un vote sanction, mais un vote d’exigence de changement. La gauche devra prendre la mesure de cette attente.
- 2-La dynamique du rassemblement Rouge, Rose, Vert a bien fonctionné et est aujourd’hui plébiscité à gauche.
Veillons à ce que tous tiennent le cap sans mollir, mais surtout que, dés lundi, soient prises des initiatives et une méthode de travail commun, et avec les Français pour préparer une alternative. C’est dans ce sens que nous demandons l’organisation d’Etat généraux de toute la gauche et des écologistes pour établir un manifeste commun en vue de 2012, qui servira de socle à un accord législatif.
Marie-George Buffet tenait hier soir des propos allant dans ce sens, Daniel Cohn- Bendit l’évoque depuis le premier tour, Martine Aubry parle gauche solidaire après avoir proposé la Maison commune.. Mais maintenant il faut passer aux actes. C’est vous demandons, dés ce jour, de signer l’adresse aux responsables de gauche sur le site http://www.gauche2012.org
- 3-Actons la déroute du MODEM, et ceux qui, hier, nous donnait de grandes leçons de stratégie, en expliquant l’indispensable alliance au centre !! Les mêmes nous parlent aujourd’hui d’alliance rouge rose vert… Alors mesurons que pour que ce choix essentiel, qui est le seul qui ait jamais amené la gauche au pouvoir, demeure, il faut ne pas passer l’éponge sur les fausses pistes qui nous avaient amené dans l’impasse, mais aussi mettre en place des structures unitaires durables. Aussi, non seulement des Etats généraux doivent pouvoir permettre très vite de fixer des convergences programmatiques, mais un comité de la gauche, ouvert aux différents partis mais aussi à des personnalités syndicales et associatives doit être constitué.
- 4-La lourde défaite électorale de la droite est aussi une forme de condamnation du « bonapartisme » de Nicolas Sarkozy qui passe son temps à faire croire qu’il est l’homme providentiel ! L’inefficacité de l’hyper présidentialisation et même son coté dangereux condamnent sans doute pour un bon bout de temps, l’illusion qu’un homme ou une femme va créer des « liens particuliers avec le peuple », pouvoir se dispenser du collectif pour être élu. Toutes celles et ceux qui voudraient bien reprendre le ballet des égos, jouer cavalier seul ou encore de se présenter en grand sauveur risquent de connaitre très vite, une grande déconvenue. Je leur conseille de changer de méthode et de se placer aujourd’hui davantage en rassembleur qu’en personnage singulier, dans une posture plébiscitaire. La victoire en 2012 passe par un accord pour gouverner, pour les législatives, puis par le choix d’un (ou plusieurs) candidat capables de le faire vivre et de rassembler. Mais seulement dans un second temps.
- 5-Les électeurs ont mal accueilli le refus de l’unité au second tour. On notera le bon score des listes maintenues au second tour, souvent par refus des socialistes ? Certes dans un contexte très positif au niveau national, les conséquences ne sont pas dramatiques, mais il ne faudrait pas oublier cette constatation pour l’avenir.
- 6-L’abstention est un signe alarmant. Elle manifeste un discrédit du politique. A toute élection, le camp qui gagne est celui qui est le plus uni et celui qui est capable de mobiliser son électorat. Il y a une forte abstention à droite, mais les faibles taux de participation dans les quartiers populaires manifestent un doute profond sur la capacité de la gauche à améliorer réellement la situation des plus modestes. Plus généralement l’idée selon laquelle la gauche ne ferait pas mieux que la droite face à la crise est dangereuse. Nous devons en tirer trois conclusions : la première est la nécessité de faire des propositions clairement différenciées de la droite et dans une cohérence qui reconstitue des éléments de confrontation idéologique avec la droite, la seconde est que nos propositions pour être crédibles- c'est-à-dire considérées comme réellement mises en œuvre si nous gagnons- doivent être solidement défendues par les différents partis de gauche, mais aussi par toutes ces forces militantes et citoyennes qu’ il faut associer à nos réflexions programmatiques et aux états généraux ; J’ai toujours défendu l’idée d’un Nouveau Front populaire. Troisième conclusion : la reconquête des couches populaires est essentielle. Cela justifie aussi que les alliances soient globales, mais que nous développions aussi des pratiques politiques plus proches de ces quartiers et du monde du travail, comme un contenu programmatique pour 2012 en phase avec leurs aspirations !
- 7-Les bons résultats du Front National sont pour une large part due à la volonté de Sarkozy, Besson de replacer la question de l’immigration et de la sécurité au cœur du débat, plutôt que la question économique et sociale. Mais le FN retrouve aussi ses bons scores dans des milieux touchés par la crise, les délocalisations et la mondialisation. La gauche doit tenir sur ce point un discours plus radical. Mais cela nous ramène au point précédent la reconquête des couches populaires et des ouvriers.
Ne dormons pas sur les lauriers de cette belle victoire ! Prenons l’avenir de la gauche en main !