Nous sommes tous marqués par l’histoire, la grande celle de la France et du Monde, la plus petite celle de sa famille, celle qui a marqué sa propre vie. Quand on est né à Belfort, souvent les deux se mêlent. Dés ma prime enfance, j’ai été bercée d’un amour immodéré pour la France et par une éducation où chacun devait s’impliquer pour défendre la mère patrie et l’idéal républicain.
Le 18 Juin n’était pas seulement une date apprise à l’école, elle résonnait dans la famille comme le rappel d’un engagement quasiment immédiat de ma grand-mère et de mon oncle dans la résistance, dés 1940, de leur départ en camp de concentration après la dénonciation d’une de leur voisine. Fort heureusement, tous deux étaient revenus de Ravensbrück et D’Auschwitz. Ils ont pu me transmettre leur histoire mais aussi leur idéal.
Leur engagement dans la résistance n’était pas le fruit du hasard. Dans leur vie, Ils ne s’étaient jamais résignés et n’avaient accepté la moindre injustice, la moindre inhumanité. Ils n’imaginaient jamais qu’il n’y avait plus rien à faire ! Bref, ils avaient chevillé au corps l’idée de résistance. Et comme le disais ma grand-mère, il fallait une bonne dose d’inconscience, pour ne pas faire un froid calcul entre l’appel de son devoir et l’examen des chances « objectives » de voir triompher sa cause.
L’amour de la France n’a jamais été pour eux un chauvinisme étroit. Ma grand-mère me disais souvent qu’elle n’avait pas fait la guerre aux allemands mais aux Nazis ! Elle haïssait le racisme, fut il contre les allemands. Elle se méfiait de toute domination et n’imaginait pas une paix durable avec un rapport de force, politique, économique déséquilibré entre les deux plus grands pays de l’Europe. Mon oncle, Emile Géhant, maire de Belfort a jumelé très tôt sa ville avec une ville allemande mais s’inquiétait des formes prises par la construction européenne.
Leurs combats et leurs engagements mettaient toujours sur le même plan, la liberté et l’égalité, l’indépendance nationale et le progrès social. Du coup, partisans des premiers jours du "de Gaulle de la Résistance et de la France Libre", ils ne seront pas gaullistes ensuite. Ils étaient de gauche. je me souviens ma grand –mère me disant en mai 68 : je peux crier « De Gaulle démission », mais pas « à bas De Gaulle ! ». Tu comprends. Je comprenais et partageais.
En ce jour anniversaire du 18 juin et en ces temps troublés de crise, je ne peux m’empêcher de voir s’amonceler des nuages épais et des relents inquiétants qui, toutes proportions gardées, rappellent les années 30.
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