L’effet de serre est crée par l’accumulation de gaz dits à effet de serre (GES) dans l’atmosphère, ce qui augmente la partie des rayons solaires qui sont réfléchis et sont renvoyés sur Terre. Cela crée un réchauffement de la planète. Les conséquences prévisibles de ce phénomène sont les cyclones et tempêtes, des instabilités climatiques, variables selon les régions du globe, une élévation du niveau des mers et océans avec la disparition de territoires, la fonte des banquises et espaces gelés.
Quelques dates clés:
21 mars 1994: entrée en vigueur de la Convention cadre des Nations Unies sur le changement climatique. Elle a été ratifiée à ce jour par 189 Etats.
Objectif : stabiliser les concentrations de gaz à effet de serre dans l’atmosphère à un niveau qui empêche toute perturbation majeure du climat.
Décembre 1997: adoption du protocole de Kyoto qui entre en vigueur en février 2007, date à laquelle 55 pays représentant 55% des émissions de CO2 ont ratifié le protocole. Il fixe l’échéance de 2012 pour le maintien des émissions par rapport à la date de référence 1990 et répartit les efforts entre pays.
Décembre 2005: Conférence des Nations unies sur les changements climatiques à Montréal pour préparer l’après Kyoto, l’après 2012.
Les principaux gaz à effet de serre sont la vapeur d’eau, le dioxyde de carbone (CO2), le méthane (CH4), l’oxyde nitreux (ou protoxyde d’azote, de formule N2O) et l’ozone (O3). La production massive de ces gaz par les activités humaines déséquilibre la composition de l’atmosphère et accroît ce réchauffement.
Réussir le protocole de Kyoto
Objectif:
Le maintien du niveau global d’émission de GES sur la planète au niveau de 1990 à l’horizon 2012.
Les Moyens :
– répartition des réductions de gaz à effet de serre (GES)
Les pays les plus développés doivent faire des efforts plus importants pour permettre au Tiers Monde de poursuivre son développement.
Les 38 pays signataires les plus industrialisés doivent réduire les gaz à effet de serre de 5,2%.
L’Union européenne, va plus loin et s’est s’engagée à les réduire de 8%.
Pour la France l’objectif est le maintien du niveau d’émission sur la base de 1990 car notre pays émet moins de GES, en particulier par la production électrique nucléaire.
- mise en œuvre d’un échange de droits d’émissions
Des entreprises très polluantes au lieu d’investir dans la dépollution peuvent acheter leurs droits d’émission à d’autres, qui, elles font des économies plus importantes que leur quota de GES.
Les Etats fixent le niveau d’émission que doivent atteindre les industries et les quantités de droits d’émissions qu’elles peuvent échanger. A l’échelle mondiale c’est une véritable bourse du CO2 qui est ainsi créée.
- les «pièges à carbone» :
Par la reforestation ou le reboisement. En effet les arbres consomment du CO2 pour croître.
0ù en sommes-nous ?
Les émissions de gaz à effet de serre sont en 1990 (tous les engagements partent de l’année de référence 1990)
-568 millions de tonnes pour la France
-5352,4 millions pour l’Europe des 25.
Les résultats ne sont pas les mêmes si l’on prend en compte l’UE 15 (les 15 Etats membres avant l’élargissement de 2004) et l’UE 25 (hors Bulgarie et Roumanie). Concernant l’UE 15 la baisse des émissions de GES est très faible, de l’ordre de 3%
Les chiffres de l’UE 25 sont meilleurs puisque la baisse des émissions de GES atteint 7,3%, essentiellement grâce à la modernisation de l’Europe de l’Est.
Mais depuis deux ans les émissions de GES en Europe ont à nouveau augmenté
En 2004 la France en a émis 562,6Mt soit une baisse de 0,8%, donc dans le cadre de Kyoto, cette baisse a pour origine la réduction des émissions de gaz N2O.
En revanche les émissions de CO2 dans le transport routier ont fortement augmenté depuis 1990.
- Ratification du protocole de Kyoto grâce à l’Union européenne et ce en dépit de l’opposition américaine. Sans l’appui de l’UE les conférences mondiales sur le climat n’auraient abouti à rien
- Des législations européennes sur l’efficacité énergétique des appareils, les appareils réfrigérants, les chaudières, l’éco conception, l’étiquetage des appareils électroménagers et sur la performance énergétique des bâtiments.
- Une directive «énergie renouvelable» fixe des objectifs pour 2010: elles doivent représenter 12% de la production totale d’énergie et 22% de la production totale d’électricité. Les biocarburants devraient représenter 5,75% des carburants.
- Des programmes de recherche et d’innovation (encore trop limités) ont pour objet la lutte contre le changement climatique.
- L’Union européenne a mis en place un système d’échange de droits d’émissions («les droits à polluer») permettant à des entreprises devant réduire leurs émissions de GES d’acheter leurs droits à d’autres entreprises qui ont atteint leur objectif de réduction mais pourraient encore mieux faire.
Marie-Noëlle Lienemann s’est toujours opposée à cette marchandisation de la pollution très inégalitaire et peu efficace écologiquement.
Ce que n’a pas fait l’Europe
- Instaurer une taxe sur le carbone qui pénalise la production de CO2 et incite à la réduire. Les mesures fiscales ne peuvent être prises qu’à l’unanimité et de nombreux pays, comme la majorité conservatrice au parlement européen, s’y opposent au motif d’un risque de compétitivité pour l’Europe.
Ce qui se discute aujourd’hui, l’après 2012
Les négociations internationales sur l’après Kyoto s’engagent et l’Union européenne veut garder une position offensive.
La commission européenne a proposé une nouvelle initiative sous la forme d’un livre vert intitulé «vaincre le changement climatique».
Objectif: limiter la hausse des températures moyennes de la planète à 2°C par rapport au niveau de l’ère préindustrielle.
Moyens: proposer un accord international dans lequel les pays développés s’engagent à réduire de 30% (par rapport à 1990) leurs GES d’ici 2020.
L’UE doit être exemplaire
La commission propose qu’au cas où aucun accord international n’est trouvé, l’Union européenne s’engage à elle seule à réduire d’au moins 20% ses gaz à effet de serre. Elle envisage pour cela d’élargir le système communautaire d’échange de quotas d’émissions.
- Pour 2050 : La commission et le parlement sont plutôt favorables à ce que l’échéance soit anticipée. On parle même de réduire de 50% l’ensemble des émissions de la planète ce qui imposerait une réduction d’au moins 60 à 80% pour les pays développés.
La France s’est d’ailleurs fixée l’objectif de réduire par quatre ses émissions de GES à cette échéance (ce qu’on appelle le facteur 4). Là encore rien n’est tranché.
Si un premier accord a été trouvé sur les engagements de l’Union européenne pour 2020, la répartition des efforts entre pays est encore en suspens et les directives contraignantes et opérationnelles en attente.
La baisse de 20% (voire 30%), des GES pour 2020 exige des actions nouvelles et fortes:
- améliorer l’efficacité énergétique de 20%. Le parlement veut encore aller plus loin.
- 20% d’énergies renouvelables d’ici 2020. Le parlement propose 25%
- lancer des installations expérimentales de pièges ou stockages de carbone : prudence !!!
- des normes automobiles contraignantes
- durcissement de la législation concernant le transport des marchandises. Un projet de directive est actuellement en débat.
- appliquer l’obligation de réduction au transport aérien. Le texte législatif est actuellement débattu.
- étudier des biocarburants de 2è génération afin qu’ils soient plus écologiques.
- développer les bâtiments à très faible consommation d’énergie et durcir l’obligation d’économie d’énergie à 30% dans ce secteur
- repenser la PAC en fonction du changement climatique.
Si un premier accord a été trouvé sur les engagements de l’Union européenne pour 2020, la répartition des efforts entre pays est encore en suspens et les directives contraignantes et opérationnelles en attente.
Les Emissions de CO2 des automobiles
Introduction
Les constructeurs automobiles qui redoutaient des normes inadaptées ont proposé des accords volontaires de réduction des émissions de CO2 pour ramener les émissions de dioxyde de carbone des voitures neuves à 140 g/km pour 2008. Nous en sommes en 2004 à 163g/km.
Les accords n’ont pas rempli les objectifs, et la Commission passe à l’obligation par la loi. des voitures neuves à 120g/km d’ici 2012.
En dépit d’un lobbying intensif des constructeurs allemands, qui sont les leaders mondiaux dans la production de voitures à grosse cylindrée de luxe (très polluantes) le 7 février, la commission européenne a proposé de limiter les émissions de CO2 moyennes.
Enjeux de la directive
Les constructeurs automobiles devront porter la plus grande part de responsabilité et faire de grands progrès technologiques automobiles pour ramener leurs émissions à 130g/km à cette échéance.
Pour les 10 grammes restants, il faudra recourir à des mesures complémentaires, comme l’utilisation plus fréquente des biocarburants et des pneumatiques ou de l’air conditionné à faible consommation énergétique, la gestion de la circulation et de la sécurité routière et changer les comportements routiers.
Aller plus loin
• Investir davantage dans la recherche pour réduire les émissions à 95g de CO2/km d’ici 2020;
• Encourager l’achat de véhicules à faible énergie (via la labellisation et les taxes automobiles)
• Exiger des constructeurs automobiles qu’ils signent un code européen de bonnes pratiques sur le marketing et la publicité automobiles pour promouvoir des schémas de consommation plus durables;
Un des aspects essentiels, souvent négligé par la nouvelle stratégie de la Commission, est le comportement des conducteurs et la manière de l’influencer. Car, les Européens achètent toujours des grosses voitures et très rares sont les législations qui les dissuadent d’agir de la sorte.
Mon combat sur les droits à polluer
J’ai toujours pris position contre les droits à polluer, inefficaces du point de vue écologique et qui contribuent à cette financiarisation et marchandisation généralisée de nos sociétés.
Les récentes évaluations confirment mes craintes :
C’est la Chine qui, depuis 2005, a touché la moitié des marchés de ces émissions. Elle a par exemple, encaissé des entreprises européennes polluantes, pour seulement 2 contrats de renouvellement d’anciennes centrales au charbon, 930 millions de Dollars ! Pourtant la Chine a les moyens de moderniser et de dépolluer ses usines. Nos entreprises feraient mieux d’utiliser ces sommes pour améliorer leurs performances écologiques et réduire leurs émissions.
Si de l’argent doit être consacré à diminuer les gaz à effet de serre dans d’autres régions de la planète, mieux vaudrait aider les pays vraiment pauvres, à la reforestation, à l’utilisation du solaire ou à d’autres pratiques concourant à leur développement.
Ce système dispense les plus riches des efforts maximaux, ne contribue pas à l’accélération des innovations, ne soutient pas les politiques et comportements à long terme.
Même le journal anglais « The Economist» écrivait en 2006 «alors que les projets à court terme (comme la capture des « vilains» gaz chinois) s’avèrent extrêmement rentables financièrement, les projets à long terme comme l’investissement dans des sources d’énergie plus propres n’intéressent guère les spéculateurs.»
Il faut arrêter ces dérives !
Une proposition pour la France
Une loi de programmation, avec des obligations claires, précises et datées, pour atteindre les objectifs de Kyoto. Elle devra :
- fixer le niveau d’économie d’énergie et de réduction d’émission pour chaque secteur d’activité et chaque territoire. Ce pilotage public par objectif devra être décliné dans chaque collectivité locale et en particulier dans les régions.
- fixer les quotas d’émission pour les industries, édicter des normes rigoureuses mais progressives,
- obliger les collectivités et entreprises publiques à développer les meilleurs pratiques, imposer à tout producteur d’électricité 20% d’énergie renouvelable,
- conditionner toutes les aides et subventions à une meilleur efficacité énergétique, orienter toute commande publique vers les technologies propres,
- soutenir des recherches, des politiques industrielles innovantes dans le développement durable et l’énergie,
- lancer de grands investissements publics tant dans les transports que dans l’habitat et ainsi accélérer les profondes mutations qui s’imposent dans notre mode de production, l’organisation de nos services et dans nos pratiques.
Réinventons une forme nouvelle de planification, participative et décentralisée, Relançons les investissements d’intérêt général. Une voie de gauche et écologique !
Sommaire
- Editorial de Marie-Noëlle Lienemann
- Changement Climatique - Effet de Serre
- Un Air Pur en Europe
- L'Eau
- LIFE
- Protéger la diversité
- REACH - La Chimie
- Les Déchets - L'Ecoconception
- Changeons la Politique Agricole Commune
- Les Organismes génétiquement modifiés
- Marie-Noëlle Lienemann et l'Ecologie
- Trois années de questions écrites au service del’écologie
- Convention pour une Social-Ecologie