Pour la seconde année consécutive, Total annonce des bénéfices record. Le bénéfice net est de 12,585 milliards d'Euros en 2006, soit une hausse de 5% par rapport à ceux de 2006 qui avaient déjà explosé.
Cette manne ne servira ni à revaloriser les salaires, à créer des emplois ni à investir pour l’avenir. Les investissements demeurent quasiment stables depuis 2005.
Alors ces profits vont permettre de mieux rémunérer les actionnaires. Les dividendes de ceux-ci ont augmenté de près de 70% depuis 2000 !
Une autre partie servira à racheter des actions, renforçant ipso facto la rémunération des autres actionnaires. Le groupe propose, aujourd'hui, de verser un dividende de1,87 euros par action (hausse de 15% par rapport à 2005) et promet de poursuivre cette politique dans l’avenir.
Alors une taxation exceptionnelle des surprofits serait légitime et urgente. « UFC que choisir » estime que cette taxation pourrait aller jusqu’à 40% sur ces bénéfices. Une telle ponction ne serait pas de nature à entraver l’entreprise puisque les bénéfices restant après impôts demeureraient au niveau de ceux des années 2003-2004 (5 à 6 Milliards d’Euros). L’argument donné par Total, par la droite est de permettre que l’entreprise puisse continuer à se développer et que si on la taxe trop, elle pourrait investir ailleurs ou délocaliser son siège.
Pour contrecarrer les risques à terme tant de délocalisation que d’OPA on peut imaginer une nouvelle méthode de taxation: un impôt versé en capital, en actions. L'idée serait de faire payer dans les secteurs où il apparaîtrait stratégique que la puissance publique conserve une certaine marge de manœuvre, de faire payer cet impôt exceptionnel tout où partie en actions (une autre partie pourrait être investie dans les transports en commun et les infrastructures de fret pour lutter contre l’effet de serre).
Cette méthode permettrait à l’entreprise d’investir, de se développer et à la puissance publique de reprendre pied peu à peu dans les grandes entreprises françaises afin qu’elles ne passent pas sous contrôle des financiers étrangers et qu’elles jouent la carte de l’intérêt national tout en réussissant économiquement.
Qu'on ne nous dise pas que ce retour d'une part publique ou socialisée (Etat, collectivités locales, fonds solidaires Etat/ partenaires économiques et sociaux) est à contre courant. Souvenez-vous du cas d'Arcelor où la région belge de Wallonie et l'Etat luxembourgeois présents au capital ont pu donner leur avis sur le rachat par Mittal!
Notre pays qui fut historiquement marqué par un capitalisme public fort doit rattraper l’erreur historique des privatisations généralisées des années 90-2000. Evidemment il ne faut pas laisser à Bercy le soin d’arbitrer et de gérer ces actions. Une structure associant le parlement, le ministère de l’industrie et les partenaires sociaux permettrait de démocratiser ces choix et éviterait sans doute les décisions aberrantes qu’on a connues par exemple avec le Crédit Lyonnais.
Reste que l’investissement public peut s’avérer rentable. Le dividende versé par les entreprises au budget de l’Etat devrait être de l’ordre de 3,6 milliards d’Euros en 2006, chiffre d’ailleurs en forte hausse par rapport à 2005. Le but dans les services publics n’est pas de faire du bénéfice pour le bénéfice car il faut investir pour l’avenir et agir en priorité pour la qualité du service et son accès à tous. Mais ces chiffres tournent le dos aux préjugés répandus sur les déficits chroniques du secteur public ! Et les dividendes de ces nouvelles actions pourraient abonder le fond de réserve des retraites qui en a bien besoin.
Au-delà de Total les profits exceptionnels concernent la plupart des entreprises du CAC 40. Cette stratégie de l’impôt-action serait une bonne protection et un choix d’avenir.
Quant au principe de taxer les pétroliers souvenons nous que les Anglais et Gordon Brown ont l’an dernier doublé la taxation des profits des entreprises qui exploitent en Mer du Nord.
Voici venu pour la gauche le temps du volontarisme industriel et d’une nouvelle conception de l’économie mixte.
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